Les inondations qui ont récemment frappé le Mali ont provoqué la mort de plus d’une trentaine de personnes et laissé des milliers de familles dans le désarroi. Alors que certains blâment l’incivisme des citoyens pour l’aggravation de la situation, il est indispensable d’évoquer aussi la responsabilité des autorités locales et nationales, dont la gestion des infrastructures s’est révélée insuffisante.
L’accusation portée contre les citoyens, principalement pour le jet de déchets dans les caniveaux et l’occupation anarchique des espaces publics, est un argument souvent avancé pour expliquer le blocage des systèmes de drainage. Certes, ces comportements aggravent la situation, mais ils ne sauraient être considérés comme la cause principale des inondations.
Il convient de rappeler que le curage des caniveaux, l’aménagement et la réhabilitation des infrastructures relèvent des responsabilités des collectivités locales et de l’État. Malgré les moyens disponibles, ces autorités ont négligé de prendre les mesures préventives nécessaires pour éviter de telles catastrophes. Plutôt que d’anticiper, les actions entreprises n’interviennent qu’après coup, lorsque les inondations ont déjà causé des ravages.
Les maires de certaines localités sont également critiqués pour avoir vendu des terrains, y compris des espaces réservés à l’évacuation des eaux, à des promoteurs immobiliers. Cette pratique, motivée par des intérêts financiers, a réduit la capacité des villes à drainer efficacement les eaux pluviales. Des constructions ont même été autorisées sur les lits des fleuves, en violation des normes qui exigent une distance minimale de 25 mètres entre les berges et les bâtiments.
Bien que le changement climatique soit un facteur aggravant, il n’est pas le seul responsable. L’exploitation minière illégale, les déversements de produits chimiques dans les cours d’eau par les agriculteurs, ainsi que l’extraction incontrôlée de sable ont gravement perturbé les écosystèmes. Ces actions, tolérées voire encouragées par des autorités complaisantes, ont accru la fréquence et la sévérité des inondations.
Nécessaire prise de conscience
Les récentes inondations au Mali appellent à la nécessité d’une gestion plus rigoureuse des infrastructures et de l’environnement. Les citoyens doivent être sensibilisés aux conséquences de leurs actions, mais les autorités doivent avant tout assumer leurs responsabilités en matière de prévention. Il faut mettre en place des politiques adaptées pour protéger les populations et éviter que de tels drames ne se reproduisent. Le temps des excuses est révolu, celui de l’action doit commencer.
Cheick B. CISSE
Tant que nous ne punirons pas les punissables ce phénomène restera toujours d’actualité, surtout il faut bien punir afin de dissuader les futurs cas éventuels.