
La Direction nationale de l’urbanisme et de l’habitat du Mali a récemment annoncé une mesure drastique visant à démolir environ 700 constructions illégales situées dans les lits des marigots de Bamako. Cette décision fait suite aux inondations catastrophiques de l’année dernière, qui ont causé d’importants dégâts dans plusieurs quartiers de la capitale, en particulier à Missabougou, Yirimadio, Banconi et Niamakoro. Ces inondations, en grande partie dues à l’occupation des passages d’eau par des constructions non autorisées, ont non seulement perturbé la circulation de l’eau, mais ont également causé des pertes humaines et matérielles importantes.
Les raisons de cette décision
Les autorités maliennes soulignent que la prolifération des constructions illicites dans ces zones sensibles, précisément dans les lits des sept marigots de Bamako, a considérablement aggravé les risques d’inondations. L’année dernière, plusieurs familles ont été durement touchées par les inondations, et certaines ont même perdu la vie. En dépit des alertes lancées par les experts en urbanisme, ces constructions ont continué de se multiplier, occupant des zones vitales pour l’écoulement des eaux de pluie. Cette situation a poussé la Direction nationale de l’urbanisme et de l’habitat à agir fermement pour éviter de nouvelles tragédies.
Un accompagnement pour les familles concernées
Bien que les propriétaires de ces maisons soient considérés comme responsables de ce qui leur arrive, les autorités maliennes ont annoncé un plan d’accompagnement pour les familles concernées. En effet, selon le directeur de l’urbanisme, les propriétaires ne seront pas dédommagés, car ils ont agi en violation des normes et règlements de construction en vigueur. Cependant, des compensations financières, sous forme de sommes forfaitaires, seront allouées aux familles afin de les aider à se reloger ailleurs. Cette aide vise à minimiser les impacts sociaux de cette décision et à permettre aux habitants de retrouver des conditions de vie décentes.
Une décision largement salué par les Bamakois
La décision de démolir ces constructions est largement saluée par les habitants de Bamako, qui estiment qu’elle constitue une mesure salutaire pour la sécurité de la population. “Cela fait des années qu’on subit ces inondations, et c’est devenu intolérable”, a déclaré un habitant de Missabougou. “Il est temps que les autorités prennent des mesures concrètes pour protéger les citoyens…”, ajoute-t-il.
Les habitants de plusieurs quartiers de Bamako appellent également à des solutions pérennes pour éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir, en insistant sur la nécessité d’un contrôle plus strict des nouvelles constructions et d’un aménagement urbain respectueux des normes environnementales.
Des défis à relever pour l’urbanisme à Bamako
Cette décision de démolition marque un tournant dans la gestion de l’urbanisme à Bamako. Elle soulève néanmoins des interrogations sur la manière dont la ville peut concilier croissance démographique et aménagement durable. Les autorités devront faire face à un double défi : garantir la sécurité des habitants tout en respectant les exigences du développement urbain.
Dans les mois à venir, il sera crucial de suivre les résultats de cette mesure et de vérifier si les familles déplacées reçoivent effectivement l’aide nécessaire pour se reloger. Il sera également important de mettre en place des stratégies durables pour prévenir la réapparition de nouvelles constructions illégales et gérer efficacement l’urbanisation rapide de la capitale malienne.
En somme, cette décision représente un pas en avant dans la gestion des risques liés aux inondations à Bamako, mais elle appelle aussi à une réflexion approfondie sur l’avenir de l’urbanisme dans la ville, face à la croissance démographique et aux défis environnementaux croissants.
Daouda Dolo
Source : La Différence