Au Mali, le niveau des eaux des fleuves ont atteint, cette année, un record historique entraînant des débordements généralisés. Cette situation a déjà obligé des populations riveraines des fleuves à abandonner leurs localités pour se sauver. A Banankoro, Kénioroba, Bamako, Ké-Macina, Beleny Keny (San), Sofara, Mopti et Diré, les seuils d’alerte ont été dépassés. Le gouvernement conseille aux populations d’éviter de s’arrêter sur un pont, que ce soit à pied ou en véhicule.
Dans son communiqué en date du 04 octobre 2024, le comité interministériel de gestion des crises et catastrophes décrit la situation hydrologique. Elle est marquée par la poursuite de la montée des niveaux d’eau tout au long des fleuves Niger et Bani. Cependant, la tendance actuelle est caractérisée par une hausse exceptionnelle due à d’importants apports des pays voisins dans les hauts bassins. Les seuils d’alerte ont été dépassés dans certaines localités. Il s’agit de Banankoro, Kénioroba, Bamako, Ké-Macina, Beleny Keny(san), sofara, Mopti et Diré. Le communiqué officiel mentionne aussi que les lâchers d’eau se poursuivent au niveau du Barrage de Sélingué et ceux du barrage de Manantali ont commencé ce jeudi, 03 octobre 2024. A cet effet, toutes les zones riveraines demeurent en vigilance rouge et les populations sont invitées à l’évacuation. Ainsi, le comité prodigue un certain nombre de consignes à respecter pour la réduction des risques d’inondations. Il s’agit, entre autres, de : libérer les emprises et les voies d’écoulement des eaux ainsi que les zones à risque déboulement, éviter de s’engager sur une route ou une ruelle inondée, à pied comme en véhicule, s’éloigner des berges d’un cours d’eau en crue, ou d’un canal d’évacuation d’eau comme les caniveaux, éviter de s’arrêter sur un pont, que ce soit à pied ou en véhicule, ne pas s’arrêter sous un arbre, pour éviter les risques de foudre.
Un sinistre, source de déplacements
Selon les confrères de Studio Tamani, au centre du pays, les eaux débordent malgré les initiatives des populations. Au même moment, l’inondation a causé le déplacement des populations au sud du pays notamment à Koutiala. La même source mentionne que le niveau d’eau augmente et plusieurs localités sont inondées. Par exemple, dans le cercle de Djenné, certains villages n’ont plus d’issue, suite à la montée des eaux. « L’eau a détruit les digues et causé d’énormes dégâts dans le village », regrette Baba Diarra, habitant à Kobassa, un des villages touchés par les inondations. Et d’expliquer : « Toutes les maisons sont inondées. Le fleuve aussi entoure le village. Nous essayons de minimiser les dégâts avec des sacs remplis de sable ». A Konina, un village est situé dans la commune de Konséguéla dans la région de Koutiala, c’est un affluent du fleuve Niger appelé Banifing qui a débordé de son lit et poussé les populations riveraines au déplacement. Interrogé par Studio Tamani, ce sinistré, ayant gardé l’anonymat, donne un aperçu de la situation. « Sur la route qui mène à la pompe, l’eau atteint les genoux et s’étend sur plus d’un kilomètre. Des champs jusqu’au village, tout est inondé », commente-t-il. Dans la nuit du lundi au mardi 8 octobre, Koutiala a enregistré des fortes pluies. Un déluge qui a fait plusieurs sinistrés au quartier Walawala. Selon des sources locales, les riverains du marigot Farako se sont réveillé les pieds dans l’eau.
La nécessité d’avoir un schéma d’aménagement du territoire
À Bamako, des urbanistes s’inquiètent face à cette montée des eaux. Dans l’émission Grand-Dialogue de Studio Tamani, le vice-président de l’Ordre des urbanistes du Mali, Ibrahim Abderhamane Kounta, a déploré l’absence du schéma d’aménagement validé pour Bamako. L’urbaniste annonce par ailleurs le processus de recrutement d’un consultant pour l’élaboration d’un nouveau document.
Fabrice Abdoul
Source : Plume Libre