Consécutivement aux inondations, les seuils d’alerte rouge sont déjà dépassés pour Banankoro, Kénioroba, Bamako, Ké-Macina, Beleny Keny à San, Sofara, Mopti et Diré. C’est du moins ce que signale un communiqué en date du 27 septembre du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Par ailleurs, un reportage effectué par les confrères de Studio Tamani fait état de ruelles déjà envahies par les eaux du fleuve et des boutiques et gargotes fermées.
Selon le communiqué officiel, la situation hydraulique le long des fleuves Niger et Bani est marquée par la poursuite de la montée des niveaux d’eau. Cependant, la tendance actuelle est caractérisée par une hausse exceptionnelle. Les seuils d’alerte ont été atteints, voire dépassés, dans certaines localités, à cause des débordements des eaux de leur cours normal par endroit. Les dépassements des seuils d’alerte concernent ainsi Banankoro, Kénioroba, Bamako, Ké-Macina, Beleny Keny à San, Sofara, Mopti et Diré Quant aux localités qui sont dans la vigilance rouge, ce sont Bamako (Kalaban Coro sur toute la partie de la station de pompage de la SOMAGEP), Djikoroni-Para, Badalabougou sur toute la zone située entre le Palais de la culture et l’ancienne ambassade du Sénégal, la Cité du Niger (surtout la zone de l’hôtel Mandé), Sotuba( zone industrielle), la Corniche du cinquantenaire, les alentours de la brigade fluviale), Koulikoro (partie avale de la brigade fluviale), le village de Diarrabougou…; Ségou (village de Sekoro et quartier Somono); San (Bélény Kegni. Goukoro); Djénné (Sy, Touara, Soala) ; Mopti ville (zone périphérique de la confluence Ban/Niger) ; Diré, Tombouctou (koryoumé) ; Banankoro ; Ké-macina, et enfin Diafarabé. Le ministre de la Sécurité et de la Protection invite les populations à l’évacuation des zones riveraines car la montée des eaux continue et les apports d’eaux sont très importants.
Bamako a déjà dans les eaux
Dans un reportage effectué par Studio Tamani, les débordements ont déjà atteint la ville de Bamako. « Les ruelles sont envahies par les eaux du fleuve. Les boutiques et gargotes fermées. Quelques hôtels et services dans la zone tentent tant bien que mal d’assurer le service minimum. Certains se déplacent à l’aide de pirogue. Nous sommes bien ici à la cité du Niger. Un quartier huppé de Bamako ». Constat manifeste : « C’est l’eau du fleuve qui est montée jusqu’à ce niveau depuis trois jours. J’ai une boutique et une gargote. Je n’arrive pas à travailler. Je ne sais pas quoi faire ». C’est en ces termes que s’est exprimé Amadou Maiga, boutiquier. « Actuellement je ne peux pas vendre car mes clients ne peuvent plus venir acheter. L’eau est montée petit à petit jusqu’à atteindre nos pieds maintenant », dit d’un ton triste Ténin Kamaté, restauratrice.
Le personnel réduit à Radio Klédu
A quelques encablures de là, se trouve la station radio Kledu. Là, les agents travaillent les pieds dans l’eau. Selon les responsables de la boîte, ils s’en sortent avec les moyens de bord. « Cela fait presqu’un mois qu’on est dans cette situation. Souvent, l’eau monte, puis ça redescend. Franchement, on fait avec, en prenant nos dispositions pour que l’eau ne rentre dans le studio », explique Sory Ibrahim Touré, responsable informatique de la radio Kledu. La radio a pris certaines dispositions pour que le personnel nécessaire puisse accéder à ses locaux « On a doté nos personnels de chaussures bottes. On a fait le minimum pour que les uns et les autres restent à la maison. Les agents indispensables sont là, mais ce n’est pas facile », ajoute M. Touré.
Des ménages délogés
A Kalaban-Coro Fala Kono, des habitants ont été obligés de quitter leurs maisons. Ils se sont retrouvés impuissants face à la crue du fleuve qui n’épargne pas le moindre coin des concessions. «L’eau a débordé de tous les côtés du fleuve. Beaucoup de personnes ont été délogées », nous confie Souleymane Sangho, un habitant. «J’ai déménagé dans une maison à étage, mais la cour est remplie d’eau », renchérit M. Sangho. La situation reste préoccupante pour les habitants de ces quartiers. Dans un récent communiqué, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile invite les populations à l’évacuation des zones riveraines car la montée continue et les apports d’eaux sont très importants.
Mopti dans la hantise
Les responsables de la Direction régionale du développement social et de l’économie solidaire de Mopti ont donné l’alerte le 25 septembre 2024. Selon ce service, les risques d’inondations demeurent élevés en raison de la montée des eaux du fleuve. Les eaux de pluies ont provoqué des inondations à Mopti. Mais, au-delà de ces dégâts causés, la région fait face à la montée des eaux du fleuve. Or, de nombreuses localités sont riveraines du fleuve. Les familles qui habitent ces zones lancent un cri de cœur aux autorités et aux bonnes volontés. « Les niveaux augmentent chaque jour. Cette situation nous inquiète, mais nous n’avons pas le choix », se lamente un riverain. « On craint vraiment des dégâts », rétorque une jeune dame. « L’eau rentre jusque dans la cour des maisons. Que les autorités nous viennent en aide », soutient une habitante de la même localité.
Les autorités locales rassurent
La Direction régionale du développement social affirme avoir mené des actions de prévention et de gestion des cas d’inondations. Selon Moussa Alassane Samaké, les collectivités, les services de l’État et les bonnes volontés contribuent à la gestion des inondations. « On a dépassé 25 000 sinistrés des inondations. Quand il y a des cas d’inondations, nous participons à l’installation de ces personnes-là dans des abris temporaires », explique-t-il. Et Monsieur Samaké de rajouter : « Il y a aussi des activités de prévention, le renforcement des digues, la construction des berges de façon temporaire ». En outre, c’est une crue exceptionnelle à laquelle Mopti fait face, selon la Direction nationale de l’hydraulique. Il ajoute que le fleuve n’a jamais atteint un tel niveau depuis plusieurs décennies.
Sécuriser les sources d’eau potable pour la santé
Les eaux de pluies peuvent être source de plusieurs maladies, indique la sous-direction de l’hygiène publique. Ces maladies sont généralement la diarrhée, le choléra, la dengue, entre autres. Dr Amadou Adama Koné, santé-environnementaliste à la structure, invite la pollution à bien sécuriser les sources d’eau potable pour se mettre à l’abri des inondations.
Rassemblés par Fabrice Abdoul
Source : Plume Libre