L’emploi des jeunes au Mali : Des défis exacerbés par l’inéquation entre la formation et les besoins du marché

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Ces dernières décennies, les jeunes Malien sont confrontés à de multiples défis liés à l’emploi, notamment un taux de chômage élevé et persistant, particulièrement chez les jeunes hommes et les diplômés du supérieur ; une inadéquation entre l’offre de formation et la demande d’emploi et une prédominance du secteur informel. Il existe également des inégalités régionales marquées, avec une situation particulièrement difficile dans les régions du Nord… C’est ce qui ressort de la dernière édition de «Mali-mètre» de la Fondation Friedrich Ebert (FES). Une enquête (utilisant les données de 2019 à 2024) intitulée «Analyse thématique de l’emploi pour la tranche d’âge de 18-35 ans au Mali»

Analyser les dynamiques d’emploi chez les jeunes au Mali en examinant les variables comme l’âge, le genre, la région, la tranche d’âge, le niveau de formation, la situation matrimoniale et le statut économique ou d’emploi ! Tel est était l’objet de la dernière édition de «Mali-Mètre» de la Fondation Friedrich Ebert (FES). Une enquête intitulée «Analyse thématique de l’emploi pour la tranche d’âge de 18-35 ans au Mali». Cette analyse se concentre sur les répondants âgés de 18 à 35 ans, en utilisant les données de l’enquête Mali-Mètre pour la période de 2019 à 2024.  Elle s’efforce de mettre surtout en évidence les défis auxquels sont confrontés les jeunes sur le marché du travail.

A commencer par le taux de chômage élevé. Il y ressort que les jeunes représentent 75 % des sans-emplois dans la population totale. Ce qui démontre un taux de chômage élevé par rapport aux autres tranches d’âge. On  constate par exemple que 29 % des jeunes de 18 à 35 sont inactifs et 6 % sont à la recherche d’un emploi. Un une analyse «genrée» démontre que le taux de chômage est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Cependant, la sous-population féminine représente 75 % des inactifs pour cette tranche d’âge. Cette forte inactivité (féminine) peut s’expliquer par des raisons socioculturelles. En effet, souligne le rapport de Mme Nana Aly, «72 % des intéressées sont des femmes au foyer».

Après avoir établi un test de «khi-deux» (ou test de chi-deux) entre la variable statut économique et la variable genre, précise-t-elle, il est obtenu que «l’hypothèse d’indépendance est rejetée». Et cela d’autant plus que «le genre d’un jeune de la tranche d’âge 18-35 ans influe sur son statut économique ; donc la probabilité d’avoir un emploi». Quant à l’analyse croisée entre le niveau de formation et le statut économique, elle met également en évidence une relation de dépendance entre les deux variables. Ainsi, les jeunes diplômés du niveau de formation supérieur constituent une part significative des chômeurs. Les jeunes n’ayant aucun de niveau de formation et ceux ayant juste un niveau de formation primaire représentent la majorité des répondants actifs

«Ce constat met en lumière une tendance préoccupante où l’obtention d’un diplôme ne garantit pas nécessairement l’accès à un emploi. En revanche, les jeunes ayant un niveau d’éducation secondaire sont les plus représentés parmi les inactifs, soulignant une dynamique différente en fonction du niveau de formation», analyse la rapporteure de la FES. Son analyse  montre que «le système éducatif ne parvient toujours pas à préparer les jeunes aux réalités et aux besoins du marché, exacerbant ainsi les défis liés à l’emploi pour cette population».

En s’intéressant aux 65 % d’actifs parmi la population des 18-35 ans, il est mis en évidence que le secteur informel domine avec plus de 70 % des jeunes qui travaillent. Ce chiffre atteint 77 % chez les jeunes femmes actives. De ce fait, les jeunes actifs sont souvent contraints à des emplois peu qualifiés et mal rémunérés prenant en considération que le SMIC au Mali tourne autour de 40 000 F CFA. Cette enquête «Mali-mètre» met aussi en évidence le fait qu’environ 5 % des jeunes actifs résident dans les régions du nord du Mali. Cela suppose un accès limité aux opportunités d’emploi dans ces zones. Tout comme les régions du sud sont particulièrement touchées par le chômage en concentrant une proportion significative de jeunes sans emploi et inactifs. Cette disparité régionale met en évidence les inégalités en matière d’accès à l’emploi avec le nord défavorisé en termes d’opportunités économiques et le sud plus fortement impacté par le chômage.

Le test de chi deux a permis de confirmer qu’il existe bien une dépendance statistique entre le lieu de résidence et le statut économique. D’une manière générale, les jeunes Maliens sont confrontés à de multiples défis concernant l’emploi. Il s’agit, entre autres, d’un taux de chômage élevé et persistant, particulièrement chez les jeunes hommes et les diplômés du supérieur ; une inadéquation entre l’offre de formation et la demande d’emploi ; une prédominance du secteur informel ; des inégalités régionales marquées, avec une situation particulièrement difficile dans les régions du nord.

Moussa Bolly

 Les contrastes des défis liés au genre

En matière de chômage, le genre est un facteur important. «L’Analyse thématique de l’emploi pour la tranche d’âge de 18-35 ans au Mali» de FES (Mali-mètre) démontre que les hommes sont plus susceptibles d’être actifs et moins susceptibles d’être inactifs par rapport aux femmes. Cependant, paradoxalement, ils ont également une probabilité plus élevée d’être sans emploi. Et la situation matrimoniale influence l’employabilité. Ainsi, les jeunes mariés (monogames ou polygames) sont moins susceptibles d’être sans emploi que les célibataires.

Aussi, le niveau de formation présente-t-il une relation complexe avec l’emploi. Contrairement aux attentes, un niveau de formation plus élevé n’est pas systématiquement corrélé avec une meilleure employabilité. En fait, les jeunes ayant atteint un niveau de formation secondaire ou supérieur sont plus susceptibles d’être inactifs ou sans emploi par rapport à ceux sans formation.

M.B

 De la constance pour permettre aux Maliens d’exprimer leurs opinions sur des enjeux cruciaux

Depuis l’émergence de la crise multidimensionnelle de 2012, le Mali a traversé des périodes de turbulence qui ont profondément marqué le tissu social du pays. C’est dans ce cadre que la Friedrich Ebert Stiftung-Mali (Fondation Friedrich Ebert/FES) a initié Mali-Mètre. Il s’agit d’une enquête d’opinion visant à refléter les opinions des Maliens sur des enjeux d’actualité cruciaux. Menée régulièrement dans les capitales régionales, y compris dans des zones sensibles comme Kidal, Ménaka et Taoudéni, cette enquête s’efforce de refléter fidèlement l’opinion publique à travers un échantillonnage rigoureusement fondé sur des critères démographiques essentiels tels que l’âge, le genre, le niveau de formation et le lieu de résidence.

L’objectif de la présente analyse est de combler le manque d’information sur le chômage en examinant de manière exhaustive les données recueillies entre 2019 et 2024 en mettant particulièrement l’accent sur les jeunes Maliens âgés de 18 à 35 ans. En mettant l’accent sur les défis, les priorités et les attentes de cette tranche de la population en matière d’emploi, cette analyse vise à offrir un aperçu détaillé des réalités auxquelles ces jeunes sont confrontés (en matière d’accès à l’emploi) tout en évaluant l’efficacité des politiques publiques déployées pour répondre à leurs besoins.

Elle vise non seulement à dégager des enseignements clés sur la situation de l’emploi des jeunes au Mali, mais aussi à formuler des recommandations concrètes pour renforcer leur intégration sur le marché du travail. Les résultats obtenus doivent contribuer à enrichir les débats publics et à influencer de manière constructive la prise de décision politique, en veillant à ce que les priorités des jeunes soient davantage prises en compte. Mais, des ajustements ont été effectués pour garantir la qualité des données…

M.B

 

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