Synthèse débat du jour lundi 7 octobre 2024 : le gouvernement a reporté la rentrée au 4 novembre 2024 pour raison de l’état de catastrophe national. Ces raisons sont-elles les seules ? Quid des écoles fermées depuis plus de 3 ans ?

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L’école étant l’avenir d’une nation, celui de la jeunesse malienne n’est il pas hypothèquée ? quelles solutions pour sauver ce qui peut l’être ?

1/ LE CONTEXTE :

A la suite des imprévisibles et exceptionnelles inondations aux conséquences catastrophiques sur plusieurs localités du Pays, le gouvernement a décrété le 23 août 2024, l’état de catastrophe national au Mali.

Le 24 août 2024 le ministre de l’éducation envoie aux académies la leçon modèle à dispenser dans les écoles le jour de la rentrée.

Le 3 septembre 2024, le gouvernement du Mali fait appel à l’aide internationale pour un montant de 3 milliards de francs afin de faire face à la catastrophe.

Le 24 septembre 2024 le ministère de l’éducation face aux rumeurs de report de la rentrée confirme dans un communiqué le maintien de la date du 1er octobre 2024 pour la rentrée scolaire 2024 2025.Le 30 septembre 2024, le ministère de l’éducation nationale annonce le  report de la rentrée scolaire au 1er novembre 2024 pour cause d’état de catastrophe national.

2/CES RAISONS SONT ELLES LES SEULES

CAUSES DU REPORT ?

Pour  les intervenants au débat, en reportant  la  rentrée scolaire au 1er novembre 2024, à quelques heures de la date prévue, le ministère de l’éducation a fait preuve d’improvisation, d’amateurisme , de bricolage et de pilotage à vue . C’est l’une des surprises les plus désagréables de la part des responsables actuels du secteur de l’éducation !

La crise sécuritaire, les inondations, les familles déplacées et temporairement logées dans les écoles, les centaines d’écoles fermées au centre et au nord du Pays, sont autant de facteurs qui auraient pu amener le gouvernement à anticiper cette situation. Mais hélas une fois encore  il a attendu la toute dernière minute après que les promoteurs d’écoles privées, les parents et même  certains enseignants aient engagé des dépenses pour finalement leur signifier le report .C’est cela l’amateurisme dans un secteur aussi important pour la Nation que celui de L’éducation.

Il a été souligné que la transition vient de prouver son incompétence à gérer le Pays, ce report met en relief une gouvernance de tâtonnements et de pilotage à vue. Des autorités ” sapeurs-pompiers “,  ” médecins après la mort ” spécialisées dans les prises de décisions hâtives et contre productives qui n’ont rien fait pour reloger les sinistrés qui occupent les salles de classe. C’est de  l’amateurisme total que de reporter la rentrée quelques heures avant le jour J. Cela aurait pu être fait  bien  avant puisque les raisons invoquées à cet effet étaient connues. L’amateurisme c’est aussi  de vouloir gérer le secteur depuis son bureau, s’y ajoute l’exclusion des partenaires de l’école dans les préparatifs de la rentrée scolaire. Sans oublier non plus que les élèves admis au DEF ne sont pas encore orientés. Les problèmes d’inondation ne touchent pas toutes les régions encore que l’Etat doit pouvoir libérer toutes les classes qu’il pleuve ou qu’il neige. C’est une priorité, il ne l’a pas fait et  il multiplie ainsi les problèmes.

La transition actuelle recule dans le domaine éducatif : rares sont les lycées ou les salles de classe construits, on préfère rénover des stades.

On peut même penser  que ce report peut se résumer en deux mots à savoir , amateurisme et mépris du Peuple Malien : amateurisme car gouverner c’est prévoir,  or ce gouvernement n’a pas de plan et pilote à vue , mépris pour le  Peuple Malien car on ne peut pas reporter un événement aussi  important que la rentrée des classes à moins de 24 heures. Ce gouvernement confond résilience du Peuple à son incapacité de  réaction, mais attention car l’injustice persistante emmène la révolte. Le département a eu le temps de gérer les entraves, il ne l’a pas fait par incompétence déclinée en amateurisme.

Le timing de la décision aura porté de graves atteintes aux économies des ménages  et freiné les ardeurs studieuses des enfants.

Sur un plan plus général, il est aussi indéniable que la fermeture des milliers d’écoles affecte d’année en année les  capacités de l’école malienne avec son corollaire de déscolarisation inestimable. Il en résulte logiquement des indicateurs tirés vers le bas dans des proportions dont on ignore l’ampleur dans certains domaines où des avancées enviables ont été engrangées ces dernières décennies : taux d’alphabétisation, fréquentation, scolarisation des filles etc….

De l’avis unanime, l’état de catastrophe national n’est pas la seule raison du report de la rentrée : l’état désastreux des finances publiques y est pour beaucoup.

Lors de la rentrée scolaire les problèmes financiers seront sur la table qu’il s’agisse des primes et indemnités dues aux enseignants, des subventions aux écoles privées ou des kits scolaires à fournir aux élèves et sans sous dans les caisses toute rentrée scolaire devient aléatoire. Ce problème tire son origine de la déclinaison de la vision stratégique qui consiste à chasser tous les partenaires ONG et PTF qui fournissent au secteur de l’éducation une grande part de ses besoins en financement. Selon les informations, les établissements publics secondaires n’ont pas reçu le moindre kit scolaire pour les élèves comme il est d’usage chaque année. Que dire des écoles privées qui n’ont pas reçu leurs subventions depuis 2022 pour certaines ? Elles sont vent debout et ne savent plus à quel saint se vouer. En réalité on a juste déplacé le problème sans pouvoir le résoudre et il n’y a aucune signal qui prouve que les autorités sont prêtes et que les conditions seront réunies pour une bonne rentrée avant le 4 novembre 2024.

La crise de l’école est la face visible de l’iceberg de l’immense crise générale, aucun secteur ne se porte mieux aujourd’hui au Mali en ce moment. De ceci découle une appréhension quant à une rentrée même le 4 novembre prochain si les raisons objectives restent les mêmes, la réalité de la météo qui annonce des précipitations jusqu’à novembre combinée à l’insuffisance voire l’absence de ressources financières nécessaires d’une part pour la prise en charge des populations sinistrées et d’autre part pour la réhabilitation des écoles et salles de classe , il est à craindre qu’une rentrée à cette date ne soit réalisable .

Si on y ajoute l’insalubrité des écoles due aux inondations, même sans le gros problème des syndicats, le tableau n’incite  en aucune manière à  l’optimisme.

Le ministre a du souci à se faire et les parents des inquiétudes à nourrir pour leurs enfants !

Il n’est pas exclu non plus que le ministre ait reçu un ordre de sa hiérarchie pour  ce report car toutes les grandes décisions sont prises au sommet de la République comme chacun le sait. Avec les errements de la transition, en définitive les prouesses quantitatives risquent de ne plus nuancer le sempiternel goulot d’étranglement qu’à toujours été le défi d’une éducation qualitative. Cette tendance rétrograde risque de perdurer aussi longtemps que l’action publique va obéir à des visions factices et se résumera au trafic d’émotions et à la vente d’illusions avec la confiscation du pouvoir pour unique dessein.

3/ L’AVENIR DE LA JEUNESSE EST ELLE HYPOTHÈQUÉE ET QUELLES SOLUTIONS ?

Il ressort du débat des inquiétudes légitimes quant à l’avenir de la jeunesse malienne  soumis aux aléas des années scolaires et des promotions qui se chevauchent surtout dans le supérieur , par  le chamboulement des calendriers académiques qui sont  monnaie courante dans certains ordre d’enseignement où l’écheveau est entremêlé à un point tel qu’il devient de plus en plus difficile de distinguer les promotions d’étudiants.

Quant aux solutions , deux thèses se dégagent : celle d’une rentrée scolaire à la même date pour tous , et celle d’une rentrée en escalier c’est à dire à la carte selon les réalités du terrain .Pour les tenants de la rentrée uniforme à la même date pour tous qui pensent que c’est probablement les soucis du ministère de l’éducation, il faut éviter une année scolaire à plusieurs vitesses chacun y allant de son calendrier au gré de sa capacité à créer les conditions idoines d’une bonne année scolaire.

Il faut éviter surtout de généraliser le ” bazar ” de l’enseignement supérieur où certains ont deux années de retour d’autres, il faut aussi respecter le principe d’égalité qui impose que tous doivent y aller en même temps.

Pour les tenants de la rentrée à la carte,

Il va falloir s’éloigner de l’uniformisation du calendrier scolaire, on en a d’ailleurs toujours connu dans les lycées et les facultés.

Ils estiment que dans l’urgence il faut rentrer le 4 novembre impérativement au moins les classes d’examen les candidats au baccalauréat et au DEF sans oublier l’enseignement supérieur public et privé.

La rentrée doit être maintenue, les écoles dont les problèmes demeurent chercheront au fil du temps à les résoudre avec le soutien du département et des particuliers si possible parce que nombreuses sont celles qui relèvent des collectivités territoriales.

Tout le monde ne doit pas être pénalisé par l’incompétence des autorités de l’éducation et malheureusement se sont les plus démunis qui en seront une fois de plus les victimes.

Rassemblés par Malick Touré

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