Suite à l’occupation de certaines écoles par des sinistrés des inondations, le gouvernement à travers le Ministre de l’Education Nationale a annoncé le 30 septembre dernier le report de la rentrée scolaire qui était prévue pour le 1er octobre dernier. Certains parents d’élèves et enseignant des écoles privées ont montré leurs mécontentements face à ce report.
Mme Guindo Mariam Dansoko : Secrétaire général du syndicat libre des enseignants des écoles privées du Mali en Commune I (B.E.N _SYLEEPMa)
« Reporter la rentrée sans au moins prendre des mesures d’accompagnement pour les enseignants des écoles privées est plus catastrophique »
« Nous avons été surpris du report de la rentrée scolaire 2024-2025 par le ministère de l’Education nationale à quelques heures de l’ouverture des classes pour cause de catastrophe naturelle. Ce communiqué a coupé le souffle aux enseignants des écoles privées.
Le motif de catastrophe naturelle énoncé par le ministre de l’éducation nationale est vécu depuis octobre 2023 par les enseignants du privé qui n’ont pas perçu de salaire compte tenu des subventions qui ne sont pas encore payées jusqu’à présent. Nous savons aussi que certains promoteurs ne payent pas les enseignants 12 /12. Nous comptons sur la rentrée pour soulager ces chefs de famille qui souffrent dans leur chair. Passer des mois sans salaire est la plus grande injustice. Nous interpellons le gouvernement de la transition de songer aux sorts des enseignants des écoles privées dans la prise de cette décision. Reporter la rentrée sans au moins prendre des mesures d’accompagnement pour les enseignants des écoles privées est plus catastrophique.
Nous demandons aux autorités de règlementer le secteur privé de l’éducation, et de fixer un salaire de base convenable pour les enseignants du primaire. Ensuite, d’immatriculer les enseignants afin d’avoir la couverture sociale (INPS et AMO) et d’exiger que les enseignants soient payés 12/12. D’uniformiser les taux d’horaire tout en donnant aussi la chance aux enseignants des écoles privées qui sont à plus de 10 ans de service d’intégrer la fonction publique. Pour finir, le ministre doit fournir l’effort de rencontrer les partenaires clés de l’éducation (les syndicats) pour qu’on puisse faire une année scolaire apaisée ».
Kamaté Habib : parent d’élèves
« ce report va nous coûter deux fois plus cher »
« En tant que parents nous sommes désolés de constater que ce report va nous coûter deux fois plus cher. Et le moment a été mal indiqué pour faire le communiqué. Non seulement l’école va certainement commencer tard et la fermeture risquerait de coïncider avec l’hivernage. Une chose qui est beaucoup à craindre. Nous exhortons le gouvernement à prendre toutes les dispositions idoines pour remédier à ce problème pour que l’année prochaine nous ne soyons plus confrontés au même problème »
Ibrahim Traoré : parent d’élèves
«nous avons été de nouveau pris de court par une annonce de report»
« J’ai été surpris, le 30 septembre dernier, par le report de la rentrée scolaire. Bien que des rumeurs circulaient déjà à ce sujet, indiquant un possible report, le ministre avait pourtant confirmé, via un communiqué, la date initiale prévue pour le 1er octobre 2024. Des pays membres de l’AES, comme le Niger, avaient déjà repoussé leur rentrée scolaire en raison de catastrophes naturelles, notamment des inondations. Alors que tout le monde s’activait pour préparer la rentrée, nous avons été de nouveau pris de court par une annonce de report, à seulement 24 heures de l’échéance.
Pourquoi ce report à la dernière minute ? Le ministre aurait dû prendre cette décision plus tôt, dès que les rumeurs avaient commencé à circuler, d’autant plus que les risques d’inondations persistent. Les gens n’étaient pas vraiment prêts, malgré leurs efforts pour se préparer après la confirmation officielle du ministre. Les services déconcentrés de l’éducation, les académies, les CAP étaient déjà mobilisés, malgré des ressources limitées, et nous, les parents d’élèves, nous étions également prêts.
En tant que parent d’élève, je ressens la douleur de ceux qui sont hébergés dans les écoles. La montée des eaux continue et les établissements scolaires accueillent de plus en plus de sinistrés. Le pays traverse une crise financière, et dans les familles, nous organisons nos dépenses en fonction des priorités, avec la rentrée scolaire en tête. Malgré la situation économique difficile, nous, les parents, avons acheté les fournitures scolaires et payé les frais d’inscription. Ce report nous perturbe, et ce n’est pas facile à gérer».
Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly