Maintien provisoire de la subvention à l’enseignement catholique : Le camouflet du président de la Transition au PM Choguel Kokalla Maïga

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Le 21 août 2024, le gouvernement a annoncé avoir renoncé à suspendre sa subvention à l’enseignement catholique au Mali pour cette année scolaire 2024-2025. Un sursis qui prendra fin à la rentrée suivante. D’ici là, les deux parties vont poursuivre le dialogue afin de trouver le meilleur schéma possible. Une décision du Président de la Transition qui est un camouflet au Premier ministre dont certaines déclarations sur la question constituent une véritable fuite en avant.

La suspension des subventions accordées par l’Etat aux écoles privées catholiques a été reportée pendant l’année scolaire 2024-2025. Après cette annonce, le chef du gouvernement a invité les responsables de cette branche de l’éducation nationale à travailler avec les ministères techniques (Economie et Finances, Education nationale, Enseignement supérieur et Recherche scientifique,  et Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes) pour définitivement trouver un terrain d’entente.

Il faut rappeler que l’Etat avait décidé de suspendre, dès janvier 2025, la subvention accordée aux écoles catholiques (à hauteur de 80 % des salaires des enseignants) sur la base d’une convention signée avec l’Eglise catholique depuis 1972 et révisée en 1978. Le report de la suspension est un ouf de soulagement pour les écoles catholiques. Même si c’est juste un sursis accordé. Cette décision est néanmoins à saluer d’autant plus, comme l’a souligné l’ancien PM Moussa Mara, «il était inapproprié de revenir brusquement sur une initiative qui dure depuis 50 ans à seulement 5 semaines de la rentrée scolaire».

En fait, cette décision est celle que les responsables catholiques avaient préconisée et qu’on leur avait refusée sans concession aucune. «Nous comprenons parfaitement le fait qu’il supprime mais c’est la brutalité avec laquelle la décision a été prise qui a fait que nous n’avions plus d’autre choix. Nous, on avait souhaité un accompagnement pour un ou deux ans au moins pour nous permettre de nous préparer. Ceux qui étaient à la table de négociations nous ont fait comprendre que ce n’était pas possible et n’ont pas retenu cette option», a déploré Koundia Joseph Guindo, ancien directeur national de l’enseignement catholique («La Nouvelle Alliance», N°038 du vendredi 23 Août 2024)

Le gouvernement (suite aux instructions du Président Assimi Goïta), semble enfin adopter une attitude responsable. Sinon les propos tenus par le PM à l’issue  d’une première rencontre (19 août 2024) constituent une fuite en avant frisant l’irresponsabilité. «La nouvelle Constitution exige une application stricte de la laïcité. Il est difficile de subventionner certaines écoles au détriment d’autres», avait déclaré le chef du gouvernement pour justifier la décision de suspension.

Mais, nous savons tous que la laïcité ne saurait être un prétexte pour abattre une institution aussi solide et sérieuse comme l’enseignement privé catholique. Voudrait-il créer un problème entre les confessions religieuses qu’il n’aurait pas agi autrement. Sans compter qu’il est du devoir de l’Etat d’assurer à tous les enfants du pays une éducation de base de qualité, quel que soit le type d’enseignement. Ainsi, un Etat responsable ne chercherait jamais à détruire ce qui est plus positif dans son système éducatif sous prétexte de laïcité. Pour se conformer à la constitution, l’Etat doit faire plus pour mettre tout le monde sur le même pied d’égalité au lieu de détruire un système centenaire qui n’a jamais cessé de faire ses preuves.

«Dans le contexte de crise actuel, où les ressources de l’Etat s’amenuisent, il est nécessaire de savoir où vont les subventions», avait aussi déclaré le PM pour justifier la mesure comme une volonté politique de moraliser les dépenses publiques. En fait, dans son intervention, le Premier ministre tente de noyer le poisson. Il aurait dû avoir l’honnêteté de dire que l’enseignement catholique privé n’est pas cité dans les malversations et les mauvaises pratiques épinglées ces dernières années dans les rapports du Bureau du vérificateur général (BVG) et de l’OCLEI.  Quand le PM met également en avant le fait que cette subvention soit passée de 53 millions de F CFA à 2 milliards de F CFA, il fait sciemment de ne pas entrer dans les détails. Conformément à la convention qui lie les deux parties, l’Etat s’est engagé à payer 80 % de la masse salariale notamment.

Dans la convention, il est dit que les enseignants des écoles privées catholiques doivent être alignés sur le salaire de leurs homologues du public. Ce n’est un secret pour personne que les grilles salariales des enseignants ont été modifiées plusieurs fois. De 2012 jusqu’à 2022, la grille salariale a changé au moins 3 fois. Quant à la valeur indiciaire, elle a changé au moins deux fois. Sans compter l’augmentation des primes, des indemnités…

Et depuis 2018, le gouvernement ne s’acquitte plus des 80 % en plafonnant sa subvention à 2,5 milliards de F CFA. Ce qui est très loin du compte. Cette année (2024) par exemple, la masse salariale a été évaluée à au moins 4 milliards de francs CFA. Ce qui fait un manque à gagner de 1,5 milliards de F CFA. Comment résoudre l’équation sans augmenter les frais de scolarité alors que les enseignants ne veulent pas non plus entendre d’une réduction de salaire ?

Comme préconisé par Moussa Mara, il est souhaitable que «l’arrêt des subventions soit inscrit dans un processus de réduction progressive pluriannuelle». Et nous osons espérer que la suspension des subventions (à partir de l’année scolaire 2025-2026) va aussi concerner toutes les écoles privées, surtout celles qui sont épinglées par presque tous les rapports du BVG et de l’OCLEI.

Moussa Bolly

 

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1 commentaire

  1. Encore une preuve s’il en fallait de l’incompétence du PM !
    Démagogie, incapacité à trouver des solutions, création de problèmes inutiles, mauvaise connaissance du pays ….
    En plus de ces défauts il travaille toujours davantage à opposer les maliens entre eux.
    Choguel Maïga est une calamité pour le Mali.
    Nous avons besoin de changer de PM… d’urgence !

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