Baisse du niveau dans l’éducation et la formation professionnelle : Une responsabilité partagée entre parents, enseignants, enfants…

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Au Mali, le niveau des apprenants serait de nos jours médiocre dans presque tous les centres d’études ou d’apprentissage privés ou publics. En conséquence, il n’est pas rare de tomber aujourd’hui sur des diplômés passables voire médiocres qui veulent rivaliser avec des compétences avérées dans les services de l’administration et de plus en plus dans le privé. Malheureusement, dans un pays comme le Mali qui a besoin de redevenir indépendant dans tous les domaines, on ne recrute pas le plus souvent selon les qualités professionnelles, mais les relations.

Ce lundi 25 septembre 2023 ; il est presque 11h20 minutes avec un soleil un peu mordant et le ciel tout clair.  Nous avons emprunté une SOTRAMA (minibus de la Société des Transports Maliens) pour nous rendre à Nafadji où nous attendait Bamoye Traoré, un tailleur quinquagénaire. Dans son atelier, il nous a reçu dans la fraîcheur de son humidificateur. Au cœur de nos échanges, le niveau de ses apprenants, des apprentis qui lui sont confiés souvent pour  apprendre le métier, la pratique après la théorie.

«Les enfants en général de ce 21e siècle, surtout les apprenants, n’obéissent plus à leurs parents ou à leurs encadreurs croyants qu’ils sont mieux éveillés qu’eux» déplore Bamoye. Du temps du père de l’indépendance (feu Modibo Kéita), à celui du Général Moussa Traoré, les enfants apprenaient beaucoup sous la pression de leurs parents, des maîtres et des professeurs. Ils n’avaient pas de moyens ou intérêt à se rebeller parce qu’ils ne pouvaient se plaindre nulle part. A cette époque, selon notre interlocuteur, il y avait encore des parents qui suivaient rigoureusement leurs enfants, des professeurs intègres et rigoureux qui ne tergiversaient quant à la discipline.

Il faut aussi reconnaître qu’il y avait des enfants éducables. «Une prise de conscience s’impose à tous les niveaux. Les enseignant, les professeurs et les autres encadreurs doivent prendre conscience de leur responsabilité dans la réussite ou l’échec dans la vie des enfants qui leur sont confiés. Ils ont en partie leur avenir entre les mains. Et l’Etat doit rigoureusement veiller à ce que ces enseignants, professeurs… dispensent leur enseignement avec la conscience professionnelle et avec la plus grande probité morale», répond Bamoye à la question : Que doit-on faire pour sortir de ce pétrin, améliorer le niveau de nos apprenants ?

«Pour ce qui est de la part des parents, ils ne doivent pas oublier que qui aime bien châtie bien. On ne rend pas service aux enfants en les chouchoutant sur faux, en les ménageant ou en les encourageants à la paresse, à la médiocrité. On a beau aimer un enfant, il faut savoir lui mettre la pression quand il le faut et le pousser à s’assumer», a-t-il suggéré. Suite à cette rencontre, nous avons croisé trois professeurs en vacances et causant à l’ombre d’un gigantesque arbre. Nous nous sommes approchés d’eux pour engager la conversation.

Vieux Diarra, l’un des professeurs de lycées privés, reconnaît «l’agissement incongru de certains professeurs» et finit par mettre en exergue  l’honnêteté chez d’autres. Là, a-t-il souligné, enseigner les enfants n’a plus de sens encore d’autant plus qu’ils donnent toujours l’impression d’avoir d’autres chats à fouetter qu’apprendre.  Ainsi, déplore-t-il, «les filles passent plus de temps à vouloir impressionner et séduire les professeurs de se concentrer sur leurs leçons».

L’éducation familiale sacrifiée ?

«Les professeurs sont fautifs d’une part,  mais il faut aussi reconnaître que les parents ne sont pas exempts de reproches. On passe de plus en plus à côté de l’éducation familiale… C’est pourquoi il n’est pas rare de rencontrer dans nos écoles et centres filles mineures, immatures habillées de façon provocante pour séduire tous les hommes dont elles ont besoin du service», reconnaît notre interlocuteur. «Sachez que les professeurs ne sont pas des anges. Il est vraiment difficile pour certains professeurs de résister à ce genre de tentation», conclut Vieux Diarra en lançant un appel à l’endroit des autorités pour réglementer le style vestimentaire au sein des écoles maliennes afin que l’on puisse se concentrer sur l’enseignement et la formation des enfants.

Pour encore mieux alimenter notre recherche d’informations et équilibrer le débat, nous avons donné la parole aux apprenants. «L’éducation familiale est la base de toutes les autres… Certes, la démission des parents peut en partie expliquer le mauvais comportement des enfants, notamment l’habillement indécent des filles, mais si le professeur trouve l’audace de draguer une élève ou une étudiante parce qu’elle est mal habillée, c’est qu’il n’est pas conscient qu’il est aussi un éducateur qui doit contraindre l’enfant à la sagesse et à la responsabilité au lieu de l’encourager dans la perversion, dans la débauche», réplique Mlle Aïcha Yalcouyé,  une étudiante qui ne se fait pas prier pour blanchir les apprenants en faisant porter le chapeau aux parents et aux enseignants.

«Celui qui s’érige en maître pour éduquer les autres doit commencer par son auto-éducation. De même, si la fille accepte la demande de son professeur pour d’avoir en retour une bonne note, cela revient au même manque d’éducation. Toute fille représente l’image de sa famille partout où elle s’en va», a-t-elle déploré. Pour appuyer ses allégations, elle nous affirme avoir été victime du harcèlement d’un de ses professeurs à plusieurs reprises. Ce dernier avait mis tout un système approprié pour l’influencer voire l’intimider. Heureusement, affirme-t-elle, elle a toujours su poliment rejeter ses avances «grâce aux multiples contrôles et conseils incessants de ses parents».

A écouter les uns et les autres, les raisons de la baisse du niveau des apprenants sont nombreuses. Et chacun (enfants, parents, enseignants, administration scolaire, Etat…) y a une part de responsabilité. Donc relever le niveau, nécessite que chacun assume sa part de responsabilité et travaille à se corriger. Les enfants doivent faire preuve de courage, de persévérance et de respect à l’égard non seulement des parents, mais aussi des enseignants. Quant à la famille, elle doit être rigoureuse dans le suivi des enfants à tous les niveaux, aussi bien en famille et que dehors. Elle doit nouer un contact avec l’école ou le centre pour être tenue informée du comportement de l’enfant, de ses performances, de ses lacunes.

Pour ce qui est des enseignants et de l’administration scolaire, ils doivent savoir qu’ils sont des artisans chargés de forger un avenir promoteur aux enfants qui sont sous leur responsabilité. Ils sont aussi des éducateurs qui ont une double casquette de parents et d’enseignants. Et ils doivent se comporter comme tels !

Karim Mallé

Stagiaire

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1 commentaire

  1. L INTRODUCTION DE CET ARTICLE BACLE TOUT.
    QUELS SONT NOS BESOINS? LES FORMATIONS S ACCORDENT À NOS BESOINS!
    POURQUOI FORMONS NOUS DES GENS, QUELS BUTS?
    CES BUTS DOIVENT ÊTRE PRÉCIS, ET LES RÉSULTATS APPOSÉS AUX BUTS.!
    LES MOYENS UTILISÉS POUR ATTEINDRE LES BUTS, SURTOUT LE MOYEN HUMAIN SA QUALITÉ. COMMENT UN MAÎTRE PEUT IL DIRE QUE SES ÉLÈVES SONT MÉDIOCRES? N EST CE PAS LÀ UNE AUTOCRITIQUE?

    L ÉTAT DOIT RECENSER LES PRIORITÉS NATIONALES EN SPECIALISTES, FORMER DES FORMATEURS QUI SONT DANS UN PROCESSUS CONTINU DE FORMATION ET D ATTESTATION. CES FORMATEURS CERTIFIÉS ET RÉGULIÈREMENT ATTESTÉS FORMENT DES SPECIALISTES POUR LES BESOINS NATIONAUX ET PRIVÉS.

    IL FAUT CESSER DE PRODUIRE DU COTON DU CACAO DU CAFÉ ET AUTRES PRODUITS POUR LA CONSOMMATION EXTÉRIEURE, DE MÊME CESSER DE FORMER DES GENS DONT NOUS N AVONS PAS BESOINS PRESSANTS ET STRATÉGIQUES.

    😊POUR QUE LA SPÉCIALISATION SOIT AMÉLIORÉE IL FAUT UNE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE MALIENNE, ET UNE PRODUCTION MALIENNE DES SYSTÈMES DE BREVETS ET LEURS DURÉES. IL FAUT AUSSI QUE NOUS ADOPTIONS UNE LANGUE NATIONALE COMMUNE PARLÉE PAR LA MAJORITÉ, UNE SEULE LANGUE NATIONALE D ENSEIGNEMENT. 😊

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