C’est à quelques encablures de la rentrée des classes qu’un communiqué laconique lu par le ministre de l’éducation au Journal Télévisé de la chaine nationale, faisait état d’un report sine die de la rentrée des classes qui était prévue le 1er Octobre 2024. La raison officielle annoncée est le souci de permettre aux sinistrés des inondations occupants les salles de classe de pouvoir trouver des endroits en libérant les salles de classe. Donc pour état de catastrophe nationale la rentrée des classes a été reportée au 4 novembre 2024 au grand dam des parents d’élèves, des enseignants et même des élèves. Le hic est que la décision n’a fait l’objet d’aucune concertation entre le ministère et les partenaires de l’école d’où la colère de certains acteurs. Le Ministre de l’éducation a-t-il mesuré les conséquences du report sur l’année académique ? D’autres raisons pourraient-elles être à la base du report ? Quid des revendications des enseignants du Privé comme du public qui sont en train de fourbir les armes pour agir dès la reprise ?
L’école malienne, loin de retrouver sa sérénité d’antan, s’embourbe chaque jour un peu plus dans une crise sans précédent menaçant l’année scolaire 2024- 2025. En effet, malgré la crise financière les parents d’élèves avaient remué terre et ciel pour faire face aux dépenses scolaires des enfants afin qu’ils débutent l’année scolaire en beauté et quiétude, mais à la surprise générale à quelques douze heures de la rentrée des classes un communiqué laconique est tombé dru comme un cheveu dans la soupe des acteurs de l’école malienne faisant état du report de la rentrée des classes. Cette décision à la fois unilatérale et inopportune loin d’apaiser la tension déjà perceptible entre les autorités et certains partenaires, voire acteurs de l’école, ne fera qu’exacerber la contradiction. Le Ministre Amadou Sy Savané est le responsable tout trouvé de la situation en tant que premier garant de la bonne gestion du département. Il fait l’objet de beaucoup de plaintes et de récriminations de la part des syndicats des enseignants, qui lui reprochent un certain amateurisme et un mépris souverain de sa part. Difficile d’accès, prise de décisions unilatérales et surtout méconnaissance des réalités socioculturelles, toutes choses qui font irriter les acteurs de premier plan de l’école.
Le Ministre de l’éducation a-t-il mesuré les conséquences du report sur l’année académique ?
A coup sûr ce report va jouer sur le déroulement normal de l’année scolaire, d’où l’impérieuse nécessité pour le ministre de consulter les partenaires de l’école avant une quelconque décision de sa part. Les écoles privées déjà très sérieusement affectées par la crise avec des arriérés de subvention non payées, sont celles qui vont payer un prix fort avec ce report. Que dire du programme d’enseignement étalé sur neuf mois et qui verra un réaménagement subséquent pour atteindre les objectifs pédagogiques indispensables pour l’apprenant avant de passer en classe supérieure. C’est pourquoi une collaboration sans faille était nécessaire entre tous les acteurs de l’école avant de prendre une quelconque décision concernant l’école à fortiori le report d’un mois.
D’autres raisons pourraient-elles être à la base du report ?
Selon nos informations l’état de catastrophe nationale serait juste un argument officiel pour masquer la réalité et que les vraies raisons sont à rechercher ailleurs. Elles seraient non seulement dues au manque de ressources financières pour faire face aux charges liées à la reprise des classes, à savoir les kits des élèves, mais aussi à la posture guerrière des écoles privées qui menacent de boycotter la rentrée si elles ne sont pas mises dans leurs droits. Pour rappel elles accusent plusieurs mois d’arriérés de subvention donc du coup de retard de salaire pour leurs enseignants. Il n y a pas que les syndicats des écoles privées qui sont vent debout contre l’Etat, il y a également les syndicats des écoles publiques qui disent ne pas comprendre le mépris du ministre à leur égard. Les correspondances d’audience comme celles de règlement pacifique des contentieux ou autres manquements aux principes et lois sont restées sans suite d’où leur irritation. Ils menacent eux aussi d’agir. Une conférence de presse serait même prévue le 8 octobre 2024 pour faire l’état des lieux et donner une suite à leurs activités.
En somme, la balle est dans le camp du Président de la transition qui doit personnellement s’impliquer pour mettre de l’ordre au sein de ce département important et pour éviter toute situation infecte aux conséquences incommensurables pour la paix et la stabilité sociale. Gouverner étant prévoir ou même prévenir, il est attendu pour anticiper.
Youssouf Sissoko