«L’aide la plus noble et la plus utile est celle qui proviendra de nous-mêmes» ! Telle était la conviction du regretté président Général Moussa Traoré (Président de la République du Mali du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991 et arraché à l’affection de la nation le 15 septembre 2020). Après quelques années de pouvoir, il avait compris qu’autant nous ne devons pas tout attendre de nos PTF (rien de concret d’ailleurs), autant les citoyens ne doivent pas tout attendre de l’Etat, surtout en matière de développement à la base. Il en est de même pour l’individu qui ne peut tout recevoir de sa famille ou des autres. «Aide-toi, le ciel t’aidera» ! Dans le village de Dogoni (commune rurale de Sirakorola, région de Koulikoro) on partage cet adage et cette ferme conviction de feu GMT.
Cette communauté a inauguré son premier pont en pierre le 9 juin 2024. Un ouvrage entièrement financé par les habitants à travers l’association «An Ka Ben» (Entendons-nous). Le pont a coûté 15 millions de F Cfa avec un grand apport des populations côté main d’œuvre. Et sa durée de vie est estimée à 2000 ans environ. Cette population a compris qu’elle est la première à souffrir de l’absence d’une telle infrastructure. C’est elle qui souffrirait d’une éventuelle inondation et ses conséquences sociales et économiques.
Tout comme ce sont les habitants qui sont les premiers à bénéficier des avantages de la réalisation de ce pont. Convaincus et conscients de cela, ils se sont donnés les moyens (physique et financier) de réaliser ce rêve qui aurait encore mis des décennies à se concrétiser si c’est l’Etat qui devait le faire. Cela, pas seulement à cause d’un manque de volonté politique, mais parce des centaines d’autres localités sont dans le même besoin. Dogoni a montré la voie à suivre sans aucune intention de dédouaner l’État de sa responsabilité dans le développement local.
Certes que, à la place du pont, nous aurions préféré un pont-petit barrage de retenue d’eau pour démultiplier les avantages de la réalisation. En effet, un tel ouvrage peut se prêter à la pisciculture et au maraîchage en toute saison en assurant ainsi aux populations des revenus non négligeables. Mais, cela est sans doute un autre niveau de compétence car exigeant plus de moyens.
Aux responsables de la Collectivité territoriale, de la région et de l’Etat de réaliser cette phase en guise de prime à l’excellence et à l’auto-développement. En tout cas, par la réalisation de ce pont, les populations de Dogoni ont prouvé qu’elles comptaient sur elles-mêmes d’abord pour mériter le soutien de nous !
Moussa Bolly