Initié en décembre 2023 par le président de la Transition, afin que l’ensemble des filles et des fils du pays puissent notamment donner un nouveau contour au processus de paix et de réconciliation, après la dénonciation des accords dits du processus d’Alger, le Dialogue Intermaliens, dans ses phases communale et régionale, a quasiment dérivé à sens unique et essentiellement sur les questions de limitation des partis politiques et de la durée de la Transition. Etaient-ce alors les vraies raisons de la tenue de cet énième dialogue entre les maliens, du moins entre les soutiens inconditionnels de la Transition ?
De toute façon, les phases communale et régionale ont pris fin ce lundi 22 avril 2024. Mais le hic est que, jusque-là, cet énième dialogue inter maliens est en train de se tenir sans la réelle participation des vrais et principaux acteurs de la vie publique de notre pays: les formations politiques et les associations à caractère politique ; les mouvements syndicaux ; mais aussi et surtout sans les mouvements armés qui sont indéniablement des principaux protagonistes de la guerre au Mali (même s’ils sont actuellement défaits par les FAMAs).
Des absences qui font que nous assistons quasiment à un dialogue à sens unique, d’autant qu’il n’y a aucune voix discordante réelle au régime de la Transition qui y participe. Alors qu’il vrai que tout processus de dialogue entre les fils d’un pays n’est jamais de trop, mais faudrait-il qu’il soit réellement inclusif et traite des questions nationales. Mais sommes-nous vraiment dans l’inclusivité ? Le Gouvernement ne devrait-il pas d’abord attendre que le Dialogue Intermaliens se tienne avant de procéder à la dissolution ou la suspension des partis politiques, mouvements à caractère politique ou armés ? Cela n’aurait-il pas favorisé cette inclusivité des participants plus que nécessaire dans les travaux ?
Une chose est, en tout cas, on ne peut plus claire, le Gouvernement malien a délibérément choisi de diligenter cet énième dialogue sans la participation des voix discordantes. Ainsi, en lieu et place de propositions concrètes pour la réalisation d’une nouvelle architecture (ou paradigme) que des partis politiques, mouvements à caractère politique ou armés auraient pu proposer, pour pouvoir faciliter la paix et la réconciliation définitive au Mali. Ce qui aurait pu servir à la recherche d’une véritable alternative aux accords de paix et de réconciliation dits du processus d’Alger. Mais, faute d’interlocuteurs ayant une voix discordante, de nombreux représentants au dialogue (visiblement des soutiens inconditionnels au régime de la Transition) ne pouvaient que traiter les questions liées à une éventuelle prorogation de la Transition, la question du retour à l’ordre constitutionnel remis aux calendes grecques.
Ça n’est dons surprenant que les recommandations phares retenues à l’issue de ces deux premières phases se sont révélées être, entre autres, la prolongation de la durée de la Transition de 10 ans à une durée indéterminée, respectivement proposées par les représentants des régions du Nord et ceux de Ségou. Pendant que d’autres n’ont réclamé ni plus ni moins que la candidature de Col Assimi à la présidentielle à venir. Après les « Assises Nationales » et le « Dialogue National Inclusif, voilà que le « Dialogue Intermaliens » se déroule aussi sans une vraie inclusivité. N’est-il pas vraiment temps que les autorités de notre pays, pour l’intérêt général, fassent un peu d’efforts afin que les divers fora qu’elles organisent, ne soient plus à sens unique ?
Gaoussou Madani Traoré