Après son adresse à la nation du 31 Décembre 2024 qui a laissé sur sa faim une large frange de l’opinion et rendu sceptiques jusqu’à certains thuriféraires du régime, c’est devant les leaders de la société civile que le Général Président s’est livré à son exercice favori traditionnel, qui est celui de s’entretenir directement avec des représentants du peuple sans intermédiaire et en langue Bamanakan. Pour cette fois l’entretien n’a pas été à la hauteur des enjeux et des attentes. Le propos a souvent manqué de cohérence, de logique et de persuasion. Reconnaissant à demi-mot l’incapacité de l’Etat à donner une suite favorable aux préoccupations urgentes et essentielles des maliens, comme entre autre le problème d’électricité, d’emplois et la relance de l’économie à travers un appui conséquent au secteur privé, le Président de la transition a dans ses propos suscité au contraire un sentiment de désespoir, une panique générale, voire une psychose au sein de l’opinion, qui a fini par arriver à la conclusion qu’elle ne pourra compter que sur elle-même. Le Président de la transition a levé toute équivoque sur la résolution de la crise énergétique. Selon le Général Président la solution à la crise énergétique ne sera pas trouvée dans l’immédiat, en dépit de la volonté du gouvernement et d’un début de solution avec les différentes centrales solaires de Sanankoroba à Tiagadougou en passant par Safo. Reconnaissant un grand retard accusé dans l’exécution de ces projets, il fait désormais la promotion des kits solaires individuels pour satisfaire la demande d’électricité des populations. Il a affirmé que l’Etat subventionnera les plaques solaires et surtout les batteries lithium en les exonérant de certaines taxes et impôts pour permettre à un grand nombre des maliens d’avoir accès à ces précieux sésames que sont les plaques solaires et les batteries, indispensables aujourd’hui dans la vie.
Là où le bât blesse c’est quand il a voulu justifier le retard des travaux de construction des centrales solaires par la vente, par les maires, des parcelles qui sont réservées à la réalisation de ces projets d’utilité publique. Ces propos qui ne sont pas passés inaperçus, ont suscité des vives réactions, au point qu’un leader politique non des moindres, très étonné par ces propos, a solennellement demandé au Président de la transition de rendre public les noms des maires véreux qui se sont livrés à cette besogne et propose qu’ils soient sanctionnés. Autres dérapages du Président Assimi ce sont les propos à l’encontre de certains pays et particulièrement de la CEDEAO qui ne sont pas de nature à apaiser les relations historiques, fraternelles et commerciales entre le Mali et ces Etats. Pour le Président Assimi Goita, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le Mali s’est retiré définitivement de la CEDEAO. Comme si cela ne suffisait pas il a qualifié la communauté des Etats de l »Afrique de l’Ouest CEDEAO, d’organisation terroriste. En homme d’Etat il doit avoir le sens de la mesure, de la retenue, de l’humilité. Il y a des choses qu’il ne faut dire sur la place publique et les discours doivent être poinçonnés du langage diplomatique surtout quand on est le Président d’un pays qui traverse une profonde crise à la fois sécuritaire, politico-institutionnelle, et même socioéconomique. Les conseillers diplomatiques du Président ont-ils failli à leur mission ou n’ont-ils pas écouté ? Dans l’un comme dans l’autre cas la sortie du chef de l’Etat n’a pas été à la hauteur de l’espoir et de l’espérance auxquels le peuple aspirait, et surtout de l’histoire du Mali Pays pionnier de l’intégration africaine.
En somme, certaines fonctions, comme celle de chef de l’État, au-delà de leur sacralité, exigent de la hauteur, de la retenue, du sens de la responsabilité, du courage, de la discrétion, de la vision en toute circonstance.
Youssouf Sissoko