Edito ; Il faut libérer la parole au Mali !

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A l’issue du  Conseil des Ministres du mercredi 10 juillet 2024, le Gouvernement malien  a pris  un décret  abrogeant  l’interdiction des activités des partis politiques et organisations et associations à caractère politique. Le monde politique et les citoyens maliens épris de liberté  ont unanimement salué cette décision qui survient  opportunément, après quatre  longs mois de frustration. Dans la foulée de la levée de l’interdiction, l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE),   l’instance de régulation des élections,  a  aussi décidé  de rencontrer  les partis politiques, afin qu’ils puissent convenir  d’une stratégie  consensuelle pour certainement  pouvoir communiquer  un chronogramme électoral et des modalités d’organisation  des futures élections générales.

 

Cette dynamique avait  fait espérer   beaucoup  d’observateurs  politiques.  Qui avaient  estimé  que les onze  acteurs  politiques (apparemment des prisonniers d’opinion) déjà sous mandat de dépôts seraient   élargis.  Mais, au lieu de cela,   voilà que l’on continue  d’assister aux   arrestations  d’acteurs politiques.   Le  vendredi 12  juillet,  Youssouf Daba Diawara, le coordinateur des Mouvements,  associations et sympathisants  (ex- CMAS) de l’imam Mahmoud Dicko, est   interpellé  à Bamako   par les éléments de la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ).  Il est désormais  inculpé  par un juge d’instruction du tribunal de première instance de la Commune V  qui l’a  placé sous mandat de dépôt au  motif qu’ils ont   attenté à l’autorité de l’Etat.

 

Mais comment le pouvoir transitionnel  peut-il vouloir réconcilier  les maliens,   alors qu’il ne cesse  d’œuvrer   pour  empêcher   les acteurs politiques à s’exprimer  librement  sur les questions de la nation? Qu’on n’oublie pas que, en dépit du pouvoir d’exception en vigueur, le Mali a voté une nouvelle Constitution.  Et  celle-ci  a été  bien promulguée  par le président de la Transition. Cette nouvelle Loi Fondamentale reconnait  les Libertés Fondamentales  des  citoyens maliens. Notamment, la liberté d’expression,  d’opinion  et de réunion. A Cet effet, le pouvoir transitionnel est contraint de  respecter  toutes les dispositions  de la Loi Fondamentale du pays !

La démocratie   doit  se construire  sur les libertés d’expression et d’opinion, s’ancrer  dans le respect de l’Etat de droit.  C’est  dans l’échange d’idées et le débat  pacifique qu’elle  peut se promouvoir. Ainsi, dans le système  démocratique,  les opposants politiques ne doivent  pas  être considérés  comme des ennemis du pouvoir en place.  Mais les uns et les autres doivent   se combattre  par les idées antagonistes. Le pouvoir  transitionnel malien  doit  nécessairement comprendre cela pour   mettre  un bémol à sa pratique infructueuse  de  vouloir COMBATTRE  TOUTE VOIX DISCORDANTE. Il lui faut donc   savoir raison garder  en acceptant   de   libérer la parole : celle qui  respecte  les  principes et  les règles  de notre  jeune démocratie. Dont les maliennes et les maliens ont arraché, il y a seulement trente-trois  ans, de haute lutte et au prix du sang des martyrs.

C’est  aussi une évidence !  L’embastillement  des opposants  politiques  à cause de leurs voix discordantes  sur la manière  dont le   pouvoir  gère  leur  pays,  ne contribue nullement ni à l’apaisement,  encore  moins à la réconciliation des maliens. Mais au contraire,  cela peut conduire à leur radicalisation.  Ce dont le pays  n’a aucun intérêt. Car,  à l’heure actuelle, la nation  malienne a un  besoin pressant  de la contribution d’idées de toutes ses filles et fils. Que la sagesse nous guide !

Gaoussou Madani Traoré

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