Depuis mercredi le, 05 mars 2025, le brave peuple malien martyrisé et résilient est assujetti, sans distinction dans son ensemble au prélèvement des taxes dites «Fonds de soutien aux projets d’infrastructure de base et de développement social».
Certes, nous n’allons pas nous attardés sur la question de justice ou d’injustice de ces taxes, sommes toute relative. Simplement nous estimons que les opérateurs peuvent supportés ces charges sans que leurs chiffres d’affaire en souffrent.
En effet, les opérateurs télécom du Mali sont moins taxés au monde seulement 7% peut- être 8% si l’on ajoute la taxe du Fonds d’Accès Universel qui est de 1% contre 2 à 3,5% dans les autres pays de la sous-région.
Cette taxe, perçue au plus tard au mois de mars chaque année, n’est pas souvent payée et l’AMRTP ne daigne pas prendre la moindre sanction.
Ce manquement grave est à mettre au compte du régulateur; Autorité de régulation des télécommunications, des technologie de l’information et des postes (AMRTP), qui est longue temps soupçonnée, souvent accusée d’être de connivence avec les opérateurs.
Connivence et conflit d’intérêt
La “connivence” dans le contexte des régulateurs de télécommunications fait référence à une collaboration excessive ou inappropriée entre les organismes de régulation et les entreprises qu’ils sont censés superviser. Cette situation peut entraîner plusieurs conséquences négatives, entre autres manque d’indépendance: Lorsque les régulateurs sont trop proches des entreprises, ils peuvent avoir du mal à prendre des décisions objectives et impartiales. Cela peut conduire à des réglementations qui favorisent les intérêts des entreprises au détriment de l’intérêt public.
Nous savons que certains agents de l’AMRTP viennent de la Société des télécommunications du Mali (SOTELMA) ou d’Orange. Les proches parents de beaucoup travaillent chez Moov Afica Malitel et Orange-Mali.
Cette connivence permet aux entreprises de télécom du Mali de bénéficier d’avantages injustes, ce qui nuit à la concurrence et à l’innovation.
Cela entraîne des prix plus élevés et une qualité de service inférieure pour les consommateurs.
Selon l’Union Internationale des Télécommunications, les Maliens consacrent 16% de leur revenu annuel aux appels de téléphone mobile et jusqu’à 44% pour les forfaits de l’Internet mobile. Les tarifs de communications au Mali sont les plus élevés de la sous-région.
Manque de transparence
Les relations étroites entre les régulateurs et les entreprises peuvent se dérouler en coulisses, ce qui rend difficile pour le public de contrôler les décisions prises. Cela peut miner la confiance du public dans le système de régulation. Dans les cas extrêmes, la connivence peut conduire à des actes de corruption, tels que des pots-de-vin ou des faveurs.
Portes tournantes
Les régulateurs peuvent quitter leur poste pour travailler pour les entreprises qu’ils régulaient, ou vice versa. Cela peut créer des conflits d’intérêts et des liens trop étroits.
AMRTP (Autorité de régulation des télécommunications, des technologies de l’information et des postes), AGFAU (‘Agence de gestion du Fonds d’accès universel), SMTD (Société malienne de transmission et de diffusion) tous ces services envahis par les experts ou agents venants des sociétés de télécoms privées.
La connivence entre les régulateurs de télécommunications et les entreprises qu’ils supervisent est un problème grave qui peut nuire à l’intérêt public. Il est essentiel de mettre en place des mesures pour prévenir cette situation et garantir que les régulateurs agissent de manière indépendante et impartiale.
Manque de concurrence
La régulation de connivence peut étouffer la concurrence, ce qui entraîne une hausse des prix et une diminution de la qualité des services pour les consommateurs.
Les entreprises en place sont protégées par la régulation de connivence, ont moins d’incitations à innover. Pour preuve, la qualité exécrable du réseau Moov-Malitel et l’absence totale de développement de Telecel.
Cela se traduit par la perte de confiance du public. La perception d’une régulation biaisée érode la confiance du public malien dans les institutions. Ce qui explique les contestations des consommateurs de la justesse à payer les taxes.
Aujourd’hui, les Maliens ont le sentiment d’être extorqués par les prélèvements des charges, alors qu’ils payent déjà trop cher le téléphone et l’Internet sous le regard complice du régulateur et du gouvernement. Au lieu de faire un ajustement fiscal des opérateurs, AMRTP préfère taxer les pauvres consommateurs.
AMRTP abuse ses pouvoirs
AMRTP, bien qu’essentiel, peut parfois est sujet à des abus. Ces abus prennent diverses formes, et il est important de les comprendre pour garantir un secteur des télécommunications équilibré et juste. Notamment son incapacité à imposer de tarifs justes et abordables pour les consommateurs.
L’AMRTP outrepasse ses prérogatives, en imposant des réglementations excessives ou arbitraires.
Nous pouvons par exemple sa tentative d’interdiction de Starlink au Mali, l’interdiction de la vente de la fibre noire par la SMTD, le refus de voix aux opérateurs alternatifs…
En France, les premiers opérateurs «alternatifs», bien que ce terme s’applique à des acteurs majeurs plus récemment installés, ne sont autres que les premiers concurrents de France Télécom, c’est-à-dire SFR (alors Cegetel), et Bouygues Telecom (alors Bouygues) et Free mobile. Ils ont bénéficié de l’ouverture totale de la concurrence pour proposer de nouveaux services que France-Télécom n’avait dans son catalogue; voix, téléphone fixe et télévision (Triple Play ou quadri Play avec le téléphone mobile).
De nos jours, près de 1 800 opérateurs se partagent le marché des télécoms en France.
Manque de transparence
Des décisions prises en coulisses, sans consultation publique adéquate, peuvent favoriser certains acteurs au détriment des autres. Cela peut créer un environnement de méfiance et d’injustice.
Les Maliens ont le sentiment aujourd’hui, d’être victimes des abus de l’AMRTP, du gouvernement et des opérateurs.
Les nouvelles taxes constituent des fardeaux qui augmentent les prix pour les consommateurs.
Un peuple martyrisé et résilient
L’expression “un peuple martyrisé et résilient” évoque une communauté qui a enduré des souffrances extrêmes, des injustices et des épreuves, tout en faisant preuve d’une capacité remarquable à se relever et à persévérer. Cette résilience se manifeste de diverses manières; survie et adaptation.
Malgré les traumatismes et les pertes, le peuple malien parvient à maintenir son identité culturelle, ses traditions et son sens de la communauté. Il n’est pas d’accord dans sa grande majorité, mais il se résigne et constate, impuissant, les extorsions excessives et abusives dont il aujourd’hui victime par le manque de discernent d’un gouvernement ignorant et les connivences d’un régulateur insouciant.
Sa force morale et spirituelle, mais surtout la foi, l’espoir et la solidarité jouent un rôle essentiel dans la capacité du peuple malien à surmonter les difficultés.
A.K. DRAMÉ, Journaliste, promoteur d’entreprise de Télécoms, spécialiste de l’économie et régulation des télécoms