Après plus de 40 ans au service de la nation dont six ans à la tête de la direction générale des impôts couronnant une carrière exemplaire au sein de l’administration fiscale, Mathias Konaté a fait valoir ses droits à la retraite le 1er janvier 2025. Inspecteur des impôts de classe exceptionnelle, ce cadre émérite a su relever le défi de la mobilisation des recettes budgétaires à un niveau sans précédent dans un contexte politique, économique et social très difficile ces quatre dernières années. Une retraite bien méritée donc et qui fonde ce dernier hommage à l’homme.
Lorsque celui qui était auparavant directeur des grandes entreprises a été nommé directeur général des impôts par le conseil des ministres du vendredi 5 octobre 2018, la nouvelle a été appréciée à sa juste valeur par les connaisseurs et les spécialistes du domaine, au-delà par l’opinion publique nationale. Car, l’inspecteur des impôts de classe exceptionnelle, Mathias Konaté jouissait d’une bonne réputation au sein de l’administration des services d’assiette et de recouvrement et de sa hiérarchie.
Bon cursus scolaire, riche carrière professionnelle
Mathias Konaté est titulaire d’une maîtrise en sciences économiques de l’Ecole nationale d’administration (ENA-Bamako) et d’une maîtrise en administration publique “Option management public” de l’Ecole nationale d’administration publique (Enap) du Canada.
Il est également titulaire de deux diplômes d’études supérieurs spécialisés respectivement en administration publique, “Option gestion” (Université de Sherbrooke Canada) et en administration fiscale (Université de Paris IX Dauphine-France).
Il a suivi plusieurs cours de perfectionnement professionnel pertinents et a participé à différents groupes de travail aux niveaux national, sous-régional et mondial dans le domaine de la fiscalité. Il est le point focal du Centre de rencontres et d’études des dirigeants des administrations fiscales (Credaf) depuis 2004.
Au plan professionnel, Mathias a une expérience solide. Il a successivement occupé les postes d’inspecteur des domaines, de l’enregistrement et des timbres de Bamako, de chef de la section “Enregistrement et timbres”, de chargé de mission puis de conseiller technique du ministre de l’Economie et des Finances en charge de la fiscalité intérieure, de sous-directeur de la législation fiscale et du contentieux.
Mathias Konaté fut membre du conseil d’administration des sociétés minières de Syama (Somisy-SA), de Sadiola (Semos-SA), de Loulo (Somilo-SA) et de l’Office malien de l’habitat (OMH). Il fut également chargé d’enseigner la fiscalité au Cours Jeanne d’Arc de Bamako.
Homme d’écoute très sociable, et jouissant de la réputation de gros travailleur, sérieux, disponible, il a laissé un excellent souvenir à tous ses collègues partout où il est passé. C’est dire que sa nomination en 2018 en qualité de directeur général des impôts couronnait une riche carrière professionnelle d’un cadre dévoué.
Des reformes et recettes fiscales à l’heure !
Dans l’administration fiscale, la valeur et la compétence d’un cadre se mesurent à l’aune des recettes qu’il mobilise par rapport aux objectifs budgétaires fixés par la hiérarchie, mais aussi aux réformes et innovations qu’il introduit pour la bonne marche du service. Et sut ces deux plans, Mathias Konaté n’a pas failli étant à la tête de la DGI.
Les réformes majeures menées dans le cadre de la digitalisation ont été entreprises ou tout au moins finalisées et rendues fonctionnelles sous son magistère. En outre, il peut revendiquer légitimement la mise en œuvre du Plan stratégique 2019-2021 de la direction générale des impôts qui a permis de donner une nouvelle impulsion à la réalisation des recettes fiscales.
Ayant pris le train de 2018 en marche, Mathias a bouclé l’année en beauté, avant de s’illustrer à partir de 2019. A la date du 31 décembre 2019, la DGI a mobilisé 919,455 milliards de F CFA sur un objectif de 910,7 milliards (contre 845,602 milliards pour l’exercice budgétaire de 2018), soit un taux de réalisation de 100,96 %.
L’année suivante, en 2020, malgré les difficultés liées à la Covid-19, la DGI a réalisé 921 milliards 148 millions de F CFA sur une prévision de 914,125 milliards, soit un taux de réalisation de plus de 101 %.
En 2021, sur un objectif de 987,122 milliards de F CFA assigné par le département de l’Economie et des Finances, la DGI a récolté au compte du Trésor public un montant de 989,072 milliards, soit un taux de réalisation de 100,2 %.
En 2022, ce sont 992,436 milliards de F CFA qui ont été mobilisés sur votre objectif assigné de 986,940 milliards de F CFA, soit un taux de réalisation de plus de 101 % et un excédent de 5,496 milliards de F CFA. En atteste le contenu de cette lettre de félicitation adressée à l’époque au directeur général et à l’ensemble du personnel de l’administration fiscale par le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou :
“L’examen du tableau définitif produit le 31 décembre 2022 par la direction nationale du trésor et de la comptabilité publique, relativement aux encaissements et recouvrements de recettes budgétaires effectués au titre de l’exercice 2022, m’a permis de constater, avec une réelle satisfaction, que la direction générale des impôts a réalisé, sous votre leadership, un montant de 992,436 milliards de F CFA sur votre objectif assigné de 986,940 milliards de F CFA. Il en résulte un taux de réalisation de plus de 101 % et un excédent de 5,496 milliards de F CFA”.
Mathias Konaté jouit de la réputation de gros travailleur qui fait preuve de sérieux, de rigueur et de disponibilité dans la gestion des affaires publiques. Homme d’écoute et très sociable, celui qui s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite a laissé de bons souvenirs partout où il a servi la nation.
A fin décembre 2023, il a été réalisé 1 170,985 milliards de F CFA sur un objectif de 1 166,775 milliards de F CFA, soit un taux de réalisation de 100,36 % et un écart absolu positif de 4,21 milliards de FCFA.
Comparées aux réalisations de 2022 sur la même période, on enregistre une augmentation des recettes en 2023 de 181,123 milliards de F CFA.
Au titre de l’exercice 2024, la DGI a dépassé ses objectifs de recettes inscrits dans la Loi de finances 2024. Sur une prévision annuelle de 1260 milliards de F CFA, elle a réalisé 1287, 107 milliards de F CFA, soit un taux de recouvrement de 102 % et un surplus de 27,107 milliards F CFA.
“L’occasion qui nous réunit est de celle qui reste longtemps gravées dans nos mémoires. Elle marque la fin d’un cycle, qui aura été riche en événements et les débuts d’un autre, qui devrait être encore plus exaltant et porter la direction générale des impôts à une plus grande consécration tant au Mali que dans la sous-région. Le temps est en effet venu pour moi de passer la main, d’ouvrir un nouveau chapitre de ma vie et de vous dire au revoir après 40 années de collaboration, de joies et de peines partagées mais aussi de franche sympathie et d’estime.
Alors que je me prépare à vous quitter administrativement et à affronter les aléas d’une nouvelle vie, des sentiments divers m’animent. En remettant le témoin à mon frère, Hamadou Fall Dianka, j’éprouve une réelle fierté et un grand soulagement. Fierté toute personnelle d’abord, parce que je quitte mes fonctions au terme d’une longue carrière d’Inspecteur des Impôts dont je n’ai pas à rougir ni de compte à rendre.
Avec certains d’entre vous, nous avons eu une longue collaboration fructueuse, saluée par des résultats élogieux, qui nous ont valu d’être là où nous sommes.
Tout au long des six années passées à la tête de la DGI, nous avons mérité d’être, vous et moi, les piliers de cette administration et d’en conduire les destinées avec discernement, sagesse et efficacité, j’ai eu plus de raisons de me féliciter que de me plaindre de votre accompagnement”. Parole de Mathias Konaté lors de la cérémonie de passage de témoin à son successeur Hamadou Fall Dianka à la tête de la direction générale des impôts, le vendredi 10 janvier dernier. Avant de préciser en ces termes : “Je rends donc grâce à Dieu de m’avoir accordé la chance et la force d’avoir rendu à la nation et plus particulièrement à la direction générale des Impôts ce qu’elle m’a donné. Et, encore, je ne suis pas sûr d’être allé jusqu’au bout…
Le soulagement qui m’anime est à la fois relatif à la manière dont nous avons achevé l’année et à la qualité de celui en qui nos autorités ont placé leur confiance. En ces moments où notre service va de nouveau faire appel à tout son savoir-faire, son sens de l’engagement et de la solidarité professionnelle pour relever un nouveau challenge encore plus éprouvant, je voudrais m’acquitter d’un devoir, qui me tient particulièrement à cœur, celui de vous remercier chaleureusement de me permettre de partir la tête haute avec un dernier défi remporté de haute lutte”.
En guise de reconnaissance à l’ensemble de ces performances, Mathias Konaté a été élevé en 2021 au grade de chevalier de l’Ordre national du Mali.
Nous souhaitons bonne chance et la même réussite que lui, voire plus à son successeur Hamadou Fall Dianka à qui il a passé les pouvoirs.
El Hadj A.B. HAIDARA
