Après deux ans de crise énergétique, les Maliens voient dans l’installation de panneaux solaires la seule solution durable. Ces derniers mois, l’engouement pour les équipements solaires s’est intensifié, marquant une véritable transition vers les énergies renouvelables.
La crise énergétique persistante au Mali continue de bouleverser la population. Malgré les promesses du gouvernement de Transition de réduire les délestages, ni la société Energie du Mali (EDM) ni l’exécutif ne parvient à fournir des informations fiables sur un retour à la normale.
Pour de nombreux Maliens, cette crise est une double peine : vivre sans électricité et manquer de perspectives crédibles à court et moyen termes.
Face à cette situation, le basculement vers les énergies renouvelables, notamment les panneaux solaires, apparaît comme la seule échappatoire. Des entreprises comme Ko Solar, un acteur clé du secteur depuis plus de dix ans, sont prises d’assaut par des clients cherchant à équiper leurs foyers.
“Ce que nous vivons dépasse l’engouement. C’est devenu une nécessité vitale. L’urgence pousse les Maliens à se tourner massivement vers les solutions solaires. Avec des partenaires étrangers, nous avons travaillé pour introduire des technologies adaptées et aider le pays à surmonter cette crise énergétique”, explique Souleymane Sylla, gérant de Ko Solar.
Depuis près d’une décennie, Ko Solar joue un rôle de premier plan en démocratisant l’accès à l’énergie solaire, notamment grâce à des marques spécialisées dans les batteries au gel et au lithium, proposant des solutions abordables.
M. Sylla met toutefois en garde contre des produits de qualité douteuse proposés à bas prix. “Certains cherchent simplement à profiter de la situation. Leurs équipements, bien qu’économiques, ne répondent pas aux besoins des Maliens et ne durent pas. Cela finit par aggraver le problème plutôt que de le résoudre”.
Les Maliens espèrent qu’avec des efforts conjoints, à la fois des entreprises comme Ko Solar et des autorités, les énergies renouvelables deviendront une réponse durable à la crise énergétique qui sévit depuis trop longtemps.
Coût des installations solaires : entre nécessité et accessibilité
De manière générale, le coût des installations solaires varie en fonction des moyens du client et de la durée d’utilisation souhaitée.
“Avec 250 000 F CFA, tu peux faire une petite installation chez Ko Solar. Mais certaines installations peuvent atteindre jusqu’à 30 millions de F CFA, selon les besoins du client, la charge et la durée d’utilisation souhaitée”, précise le gérant de Ko Solar.
Au Grand marché de Bamako, chez Haïdara Solar, vendeur de panneaux solaires, accessoires et batteries au lithium et au plomb, l’atmosphère est animée. Malgré la cherté des équipements solaires, les clients se les arrachent.
Les panneaux solaires, autrefois vendus entre 29 000 et 30 000 F CFA, coûtent désormais entre 35 000 et 40 000 F CFA. Quant aux batteries au lithium ou au plomb, devenues rares sur le marché, elles se vendent entre 760 000 et 2 300 000 F CFA. M. Haïdara attribue cette hausse aux tracasseries douanières et à l’augmentation des coûts du fret maritime à l’échelle mondiale.
Amadou Dougnon, chef de famille à Magnambougou, a investi une somme importante pour pallier les délestages. “J’ai misé sur le long terme, en investissant plus de 25 millions de F CFA dans l’achat et l’installation d’équipements solaires. Certes, le coût est élevé, mais aujourd’hui, je suis à l’aise. J’ai de l’électricité 24 h/24, et tous mes appareils (frigo, climatiseur, micro-ondes) fonctionnent sur le solaire. Je me suis complètement affranchi de l’EDM”, témoigne-t-il.
Cependant, en raison des coûts élevés, certains, comme Samba Diallo, optent pour des équipements d’occasion. “Les panneaux solaires et les batteries au lithium sont trop chers pour moi. En plus, il y a beaucoup de contrefaçons sur le marché. Je préfère donc acheter des appareils d’occasion, plus abordables et adaptés à mes besoins”, confie-t-il.
En janvier 2025, le président de la Transition a décidé de subventionner les panneaux solaires et les batteries au lithium pour les rendre plus accessibles aux foyers maliens.
Komakan Sanogo, directeur général de Ko Solar, salue cette initiative. “L’Etat malien a pris une excellente décision en subventionnant les équipements solaires. Cette mesure a permis un meilleur approvisionnement du Mali en matériel solaire. Grâce à la facilitation des taxes douanières, le Mali est désormais le deuxième pays en Afrique de l’Ouest, après le Nigeria, à être bien approvisionné en matériel solaire”, précise-t-il.
Cependant, malgré ces subventions, l’accès à ces équipements reste un véritable parcours du combattant pour de nombreuses familles à faibles revenus.
Ousmane Mahamane