Lancement des travaux de construction de trois centrales solaires : Une anticipation pour éviter un éventuel soulèvement populaire contre la très grave crise énergétique

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Le Vendredi, 24 mai à Nienguékoro (commune rurale de Sanankoroba), le 28 mai à Safo (commune de Dialakorodji), 1er juin à Tiakadougou-Dialakoro vers Selingué (région de Bougouni). Telles sont les différentes localités dans lesquelles s’est rendu le Colonel Assimi Goïta pour poser les premiers panneaux de centrales solaires dont la construction finirait en 12 mois pour une et 15 mois pour deux. Cette série d’événements en marathon pourra-t-il soulager les populations  et les encourager davantage à la résilience ?

En tout cas, ces événements se font à quelques jours de l’appel à manifester contre les délestages  lancé par une coalition dite ” Synergie d’actions pour le Mali“.

Fruit de la coopération maliano-russe à travers un accord entre le gouvernement malien et la société russe Rosatom, la future centrale va permettre de produire 200 Mégawatts. Sa construction coûtera 120 milliards de FCFA sur le budget national.

Située précisément à Nienguékoro  la future centrale de Sanankoroba est, selon la ministre en charge de l’énergie, un champ solaire avec une superficie de 314 hectares et que la durée de sa construction est de 12 mois. Pourtant, il faut rappeler qu’en octobre 2023, suite à la visite d’une délégation ministérielle en Russie, le ministre de l’Economie et des Finances annonçait que le Mali et cette société russe avaient conclu un accord pour la construction d’une centrale solaire dont la mise en service se situerait entre le 31 décembre 2023 et le 30 juin 2024.  Finalement, qui croire ? Le temps jugera. En attendant les populations souffrent du manque criard d’électricité avec des conséquences désastreuses sur leur vie quotidienne.

Quant à la centrale de Safo (Commune rurale de Dialakorodji située à côté de la commune I du district de Bamako), la pose de sa première eut lieu le 28 mai 2024. Elle sera dotée d’une capacité de production de 100 MW et sa construction coûtera 100 milliards de FCFA dont 50% sur le budget national et 50% pris en charge par le partenaire chinois.  Sa construction va durer 15 mois. Le 1er juin, ce fut le tour de Tchiakadougou-Dialakoro, localité située vers Selingué dans la région de Bougouni. Sa construction coûtera 50 milliards FCFA pour sa première phase et va durer 15 mois. Elle produira en tout 100 MW et est le fruit de la coopération Mali-Emirats arabes unis.

Une crise énergétique aux conséquences désastreuses

En effet, depuis le mois de février 2023, le Mali est plongé dans cette crise énergétique qui ne fait que s’amplifier. L’impact de cette crise énergétique sur les Maliens va au-delà des seuls besoins des ménages. Elle se fait de plus en plus ressentir dans le fonctionnement du tissu économique à travers des entreprises qui ne résistent plus à la paralysie. On en dénombre, selon des sources, pas moins d’un millier ayant officiellement déclaré faillite, suite aux arrêts provoqués par le manque d’électricité. Les marchés, lorsqu’ils existent encore, sont impossibles à exécuter pour certaines, tandis que d’autres n’arrivent tout simplement pas à produire. La disette de revenus inspire ainsi à nombre d’entreprises la déclaration de faillite en vue de se soustraire aux obligations de contribution dictées par leur existence formelle : patente, déclaration de TVA, etc.

Autant de manques à gagner pour l’Etat estimé à au moins 60 milliards de FCFA, d’après Moussa Mara, ancien Premier ministre dans une publication récente sur sa page facebook.

En plus de ce manque à gagner pour l’État, il faut souligner les nombreuses pertes d’emplois inhérentes à l’arrêt des activités entrepreneuriales ainsi que de leur conséquence sur la subsistance de nombreux ménages. Ainsi, la construction de cette centrale pourrait-il atténuer la crise énergétique surtout qu’il y a une confusion par rapport à l’annonce faite en juillet 2021 d’une centrale en cours de réalisation dans la même localité.

Confusion autour d’une centrale dont la réalisation en cours avait été annoncée en juillet 2021

Le 08 juillet 2021, on pouvait lire une publication titrée ” Promouvoir l’énergie solaire dans nos zones rurales” sur la page Facebook du Ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau. Cette publication faisait le compte rendu de l’atelier national sur l’augmentation de l’énergie propre dans les zones rurales présidé par Lamine Seydou Traoré, le ministre en charge de l’énergie de l’époque. Dans le dernier paragraphe de la publication, il est mentionné ce qui suit : ” Aujourd’hui après la centrale solaire de Kita, d’autres centrales sont en cours de réalisation notamment à Ségou, Fana, Sanankoroba, ou encore à Sikasso“. Comment comprendre, 4 ans après cette publication, que c’est le vendredi, 24 mai 2024 que le Président de la transition procède à la pose de la première pierre de la centrale solaire de Sanankoroba. Pourtant, il n’y a pas d’autres centrales solaires dans cette bourgade située aux environs de la capitale, Bamako. Ou bien y a-t-il une autre localité située aux environs de Bamako qui s’appelle Sanankoroba?

En tout cas, le peuple reste dubitatif. Et beaucoup d’observateurs pensent que l’événement de pose de première pierre n’est qu’une autre opération de charme voire de populisme du pouvoir pour endormir les populations souffrant du manque criard d’électricité. Ils ajoutent aussi que les gouvernants veulent anticiper sur un éventuel soulèvement populaire dont les prémisses sont lancées par une coalition d’organisations dite ” Synergie d’actions pour le Mali” qui appelle à  travers les réseaux sociaux, les populations à une gigantesque manifestation pour le vendredi, 07 juin 2024 après la prière de 14 heures. Avant cet appel, la coalition avait lancé “L’opération Bougie”  pour attirer l’attention des autorités sur les désastres causés par la crise énergétique. Rappelons que la coalition « Synergie d’action pour le Mali » mise en place mi-février 2024 a été interdite d’activités par le gouverneur du district de Bamako pour des raisons de sécurité  et des risques de menaces de troubles à l’ordre public. La synergie d’actions pour le Mali regroupe plus  de 30 partis et mouvements politiques.

Mariam Konaré

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