Poissonneries : Une autre victime de l’électricité

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Situé à Sogoniko, le marché de poisson des Halles Félix Houphouët Boigny de Bamako n’est pas épargné par les délestages chroniques que connaît la capitale depuis un certain temps. Les poissonneries et leurs occupants souffrent le martyre.

Alors que le soleil est au zénith, une odeur pestilentielle vicie l’atmosphère sur le flanc gauche des Halles de Bamako. Ce marché qui faisait le bonheur des amateurs de poissons frais est aujourd’hui un désastre environnemental.

En temps normal, ce marché est plongé dans un tohu-bohu assourdissant. L’endroit est pris d’assaut par les chariots et tricycles, chargés de cartons de poissons de divers types, des clientes discutant des prix de ces poissons avec les vendeurs qui ne cherchent qu’à écouler leurs stocks.

Assis devant un conteneur, un sexagénaire compte des liasses de billets tout en demandant à ses employés de servir les clients qui se plaignent du mauvais état de certains poissons.

”Avec les délestages, la vente des poissons est un supplice. Sans les groupes électrogènes, beaucoup de poissons sortent avariés des conteneurs. Près de 60 % de nos revenus partent en fumée”, se plaint Amadou Cissé.

Tout juste derrière Amadou, la même antienne est servie par Ata Magassa, une vendeuse. ”Nous vendons ce carton à 20 000 F CFA. Mais compte tenu de l’état actuel de la marchandise, je ne vais même pas gagner la moitié de mes revenus”, dit-elle.

Si certains vendeurs attendent les acheteurs pour liquider leurs marchandises, d’autres vont à leur rencontre comme Fousseyni Keïta. ”Après ma vente ici aux Halles, je rentre avec le reste de mes cartons de poissons pour faire du porte-à-porte dans mon quartier. Souvent on est obligé de donner à crédit pour ne pas subir plus de pertes.”

Awa aussi est une revendeuse de poissons. Cette dernière redouble d’efforts pour éviter des pertes. ”Je prends le même nombre de cartons chaque jour pour aller les vendre au marché de Niamakôrô. Je mets des glaces sur le reste de mes poissons pour les revendre avec l’attiéké le soir et c’est sollicité. C’est ce qui me permet de tenir ».

Cependant, beaucoup de clients achètent les poissons non frais, car selon eux ce n’est pas la faute aux vendeurs. Telle n’est pas le cas de Mariam, ménagère qui se préoccupe de sa santé et celle de sa famille. « Pourquoi gâcher mon argent en payant un poisson pourri qui peut avoir des conséquences sur ma santé si je peux en avoir de bonne qualité ?”, s’interroge-t-elle.

Pour le nutritionniste Dr. Seydou Bah, la consommation de poissons blets a une répercussion sur la santé. ”Quand vous sentez l’odeur de putréfaction dans vos poissons, il faut savoir qu’il y a une prolifération bactérienne qui est engagée. Il y a aussi un changement d’odeur et de couleur généralement. En tâtant le poisson, vous verrez que c’est mou, ce qui montre une destruction de tissus et cela est caractérisé par une fragilité du corpus même du poisson. La consommation du poisson en état de décomposition provoque la listériose qui est une infection bactérienne très dangereuse ».

Aux dires du médecin, cette infection peut causer des effets très néfastes voire la mort chez certaines personnes. ”C’est une infection qui va impacter tout l’organisme, voilà pourquoi il est important de garder les poissons dans une température de fraicheur optimale et il faut faire prudemment attention au fait de congeler et décongeler le poisson car cela multiplie les bactéries”, a-t-il expliqué.

 

Aïssata Niambélé

(Stagiaire)

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2 COMMENTAIRES

  1. Avec cette situation d’énergie électrique, il faut que certains acteurs se rendent à l’évidence et suspendre leurs activités tout de suite pour le bonheur de toutes les parties impliquées dans cette transaction; l’activité est trop sensible aux multiples délestages.

  2. Aissata Niambele,
    Poisson fumé, poisson séché.
    Non à poisson frigorifié. QUELLE BÊTISE SOUS UN SOLEIL DE PLOMB.

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