Les différentes administrations douanières de l’espace AES se hissent en peloton de tête de son intégration. Après s’être illustrés comme boucliers efficaces contre la batterie de sanctions sous-régionales, les gabelous des trois pays sahéliens sont déterminés à remettre ça et viennent de le prouver en confortant la Confédération naissante par une mutualisation de leurs moyens et stratégies. Un conclave des douaniers, pour ce faire, s’est conclu la semaine dernière au Niger où les douanes maliennes ont apparu en chef d’orchestre, à travers l’inspecteur – général Amadou Konaté. Avec sa nouvelle casquette de vice-président de l’OMD-OAC, c’est au DG malien qu’il est revenu de restituer les travaux de cette première réunion de haut niveau aux plus hautes autorités du pays hôte. Et le duo nigérien Tiani – Zeini n’a pas manqué d’en être preneur en jugeant les conclusions assez proactives pour mériter d’être actées et accompagnées. Les initiatives ainsi magnifiées par les hautes autorités nigériennes ont trait notamment à l’interconnexion des systèmes informatiques douaniers sur le transit, domaine dans lequel l’espace AES vient de se doter d’un instrument de coopération efficace dans l’harmonisation des procédures douanières. Il s’agit du Protocole d’Accord relatif à l’interconnexion des systèmes informatiques douaniers des pays membres de la Confédération des Etats du Sahel (AES) et de la République Togolaise, puis l’Instruction-Cadre en matière de transit informatisé entre les Administrations douanières de l’AES et l’OTR de la République Togolaise. Les deux instruments réglementaires sont par ailleurs extensibles aux douanes des pays voisins tiers avec lesquels le partage de données est nécessaire pour disposer d’un contrôle sur les cargaisons depuis le port de débarquement jusqu’aux bureaux de dédouanement. En tous les cas, le dispositif informatique vise à réduire au maximum les risques liés au trafic illicite et falsifications de documents commerciaux en abrégeant le temps pour toute la chaîne logistique.
Inspirée des orientations du récent sommet inaugural de Niamey, l’interconnexion des systèmes douaniers, aux yeux de l’Inspecteur-général Konaté, participe à la sécurisation des recettes douanières et d’approvisionnement des États du Sahel et implique, en toile de fond, la simplification les procédures avec la réduction du temps d’attente aux frontières et recèle par ailleurs des atouts sécuritaires évidents liés au terrorisme.
Somme toute, la démarche procède de l’anticipation et préfigure l’avènement d’un paravent viable contre les effets de la rupture avec la CEDEAO ainsi que d’une nouvelle communauté douanière mieux intégrée.
La première réunion aura ainsi posé les jalons d’une Confédération plus stable et inclusive, au regard de la qualité des outils de coopération et réformes qui l’ont sanctionné. Et dont le ton avait été donné paf le DG des douanes du Mali à l’entame des travaux en ces termes : «Il est indispensable pour les Administrations douanières de convenir d’un Accord d’Assistance Administrative Mutuelle entre les trois Etats dans le cadre de la lutte contre la fraude et les trafics illicites ainsi qu’un Accord-type de Coopération Economique et Commerciale avec tout Etat ami non-membre de l’AES». Les préconisations de l’Inspecteur-général Amadou Konaté portaient en outre sur des mesures de valorisation douanière des avantages comparatifs des Etats membres de l’AES, l’instauration d’un nouveau document de voyage confédéral comme alternative au passeport CEDEAO ainsi que sur une souveraineté monétaire dans lesquelles aucun décollage économique du nouvel espace n’est envisageable.
A KEÏTA