Le Mali dispose désormais son organisation interprofessionnelle de la filière karité. Cette organisation a été mise en place au cours d’une Assemblée générale constitutive tenue le 28 et 29 novembre 2023 au CICB. A l’issue de deux jours de travaux, l’organisation interprofessionnelle de la filière karité a mis en place un bureau présidé par Coumba Samoura (voir composition). La cérémonie de clôture était présidée par Moussa Alassane Diallo, ministre de l’Industrie et du Commerce, qui avait à ses côtés Mme Coulibaly Mariam Maïga et Issa Togo de l’Apcam.
Après la présentation du bureau de l’Interprofessionnelle de la filière karité, sa nouvelle présidente s’est réjouie de sa mise en place. Elle a avoué que le chemin a été très long avec des combats, des sacrifices consentis. “Et plusieurs tentatives de mise en place de l’Interprofessionnelle ont échoué”, a-t-elle ajouté.
Au nom des acteurs de la filière karité, elle a remercié les départements ministériels, les projets et programmes, les partenaires de développement qui ont œuvré pour la réussite du processus de mise en place de la nouvelle organisation interprofessionnelle de la filière karité.
Elle a conseillé aux acteurs qui lui ont fait confiance à créer un climat d’entente et de solidarité en vue de l’atteinte des objectifs de promotion et de développement de la filière karité. Car, a-t-elle a rappelé, le Mali dispose d’un potentiel important de karité et détient le rang de 2e producteur mondial après le Nigeria avec 74 millions de pieds. La filière karité fait travailler plus de 3 millions e femmes au Mali. Le beurre de karité est fortement demandé par les industries alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques.
“A l’heure actuelle, les défis du développement de la filière karité sont immenses mais ne sont pas insurmontables parmi lesquels je cite particulièrement la faible industrialisation des produits de karité due à la faiblesse de l’investissement. C’est pourquoi, les acteurs de la filière souhaitent attirer l’attention des autorités sur la nécessité, entre autres, de promouvoir l’investissement dans l’industrie de la karité au Mali en vue de créer de la valeur ajoutée, des emplois pour la réduction de la pauvreté ; réviser la loi relative aux taux de redevances sur les produits forestiers non ligneux qui impacte négativement la compétitivité des produits de karité ; de préserver la ressource karité et promouvoir la plantation des vergers industriels de karité ; d’élaborer un contrat plan avec le gouvernement pour le développement de la filière karité”, a-t-elle plaidé. Elle a rendu un hommage aux FAMa qui ont honoré le Mali à travers la libération de Kidal de la domination des terroristes. Ce qui a permis au Mali de marquer un tournant décisif dans son Histoire tout comme le secteur du karité vient de marquer un tournant décisif dans le développement.
Avant de procéder à la clôture de l’assemblée constitutive, le ministre de l’Industrie et du Commerce a salué le professionnalisme des acteurs de la filière karité qui ont opté pour l’inclusivité dans la mise en place de cette Interprofession. Il a fait remarquer que le karité est l’une des filières prioritaires du gouvernement, compte tenu du potentiel de production et la forte demande du beurre de karité sur les marchés internationaux, à cause de son utilisation dans les industries alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques. Il a rappelé que le Mali est le 2e producteur mondial de karité après le Nigeria avec 22 % de la production mondiale.
“Le Mali détient l’un des plus grands peuplements de l’Afrique, soit environ les 2/3 de l’ensemble. La superficie totale de la zone de karité au Mali est estimée à 229 125 km2 pour un peuplement exploité estimé à 74 millions de pieds. Les peuplements les plus denses se trouvent dans les zones de Ségou, San, Tominian, Koulikoro, Dioïla, Kangaba, Kolokani, Sikasso, Bougouni, Yanfolila, Koutiala, Yorosso, Kayes, Kita, Kéniéba et Bafoulabé. Sur le plan économique, la filière karité constitue une source de revenus très importante pour les populations dont plus de 3 millions de femmes rurales vivent directement des produits de la filière. Elle contribue également à l’amélioration de la balance commerciale, avec 119 186 tonnes d’amandes de karité exportées pour une valeur de plus de 29 milliards de F CFA de 2019 à 2022. Pour la même période, 7491 tonnes de beurre de karité exportées pour une valeur de plus de 4 milliards de F CFA. Sur le plan stratégique, la filière karité est retenue dans le document du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD 2019-2023) dont l’une des actions majeures est de promouvoir le développement des filières de diversification dont la filière karité. Elle est également prise en compte dans les politiques et stratégies de développement de mon département, en l’occurrence la Stratégie nationale de développement des exportations (SNDEX), la matrice d’actions de l’Etude diagnostique sur l’Intégration du commerce (Edic) et la Stratégie de développement de la filière karité”, a-t-il développé.
Le ministre a fait remarquer que l”une des contraintes majeures de la filière karité est la faible organisation de la filière, par l’absence d’une organisation interprofessionnelle. “Pour contribuer à la levée de cette contrainte, l’appui à la mise en place de l’interprofession de la filière karité est l’un des objectifs du Projet de développement de la filière karité (Prodefika) initié par mon département, à travers le Cadre intégré renforcé au Mali (Cir-Mali) dont l’un des objectifs est le renforcement des capacités d’offre des produits nationaux en vue d’accroître les exportations et réduire la pauvreté.
C’est pourquoi, depuis 2020, le CIR Mali contribue à l’organisation et à la structuration de la filière karité, en collaboration avec le PAEFFK financé par le ministère en charge de la Promotion de la femme et la BAD et le Pacao financé par l’Union européenne. Dans le cadre de la mise en œuvre du Prodefika, mon département, à travers le CIR Mali, a appuyé la mise en place de 1669 Sociétés coopératives (SCOOPs) dans les zones à fort potentiel de production de karité ; 105 Unions des sociétés coopératives (SCOOPs) dans plus de 90 communes ciblées ; 20 Fédérations régionales dans 8 régions et le district de Bamako et 3 Confédérations nationales des acteurs de la filière karité. Compte tenu de la position pyramidale de l’Interprofession, toutes ces structures sont interdépendantes et doivent contracter des partenariats pour le développement de la filière karité”, a-t-il dit.
Le ministre a salué la synergie d’actions entre les projets/programmes intervenant dans la filière karité. Grâce à cette synergie, a-t-il reconnu, la filière karité est l’une des filières la mieux structurée au Mali. Il a indiqué que la promotion de la filière karité avec son industrialisation s’inscrit en lettres d’or dans les projets prioritaires de son département. Il a félicité et exhorté les membres du Bureau de l’Interprofession de la filière karité à plus de solidarité pour le développement de la filière karité. Il a encouragé le à rendre opérationnelle l’Interprofession de la filière en vue de procéder à l’enregistrement de son structure, après 2 ans d’activités. Il a promis que les structures techniques de son département seront à la disposition du bureau pour appuyer la mise en œuvre du plan de renforcement des capacités de l’Interprofession. Il a encouragé les autres partenaires, à accompagner l’Interprofession de la filière karité qui est à l’état embryonnaire.
Composition du bureau de l’organisation
interprofessionnelle de la filière karité du Mali
– Présidente : Coumba Samoura
– Vice-président : Yacouba Kaba
– Secrétaire général : Félicité Koné
– Trésorier : Daouda Camara
– Secrétaire à l’organisation : Djénéba Sidibé
– Secrétaire chargée de la commercialisation et logistiques : Fatoumata Sacko
– Secrétaire à la collecte et à l’organisation : Diahara Dembélé
– Secrétaire chargée à la transformation : Korotoumou Koné
– Secrétaire à la communication et l’information : Mariam Tangara
– Secrétaire à la formation et à l’éducation : Sitan Coulibaly
– Secrétaire chargé à la relation de partenariat : Oumou K. Dembélé
– Secrétaire chargée du contrôle de qualité : Bintou Koné
– Secrétaire chargé du conflit : Thierry Marco
– Membres : Mazour Coulibaly, N’Golo Fomba
Siaka Doumbia