Dans «et si… vous me disiez toute la vérité» : Mariama Sonko défend l’agro-écologie pour faire face aux effets du changement climatique

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Nous avons eu le coup de cœur pour brave dame qui était l’invitée de Denise Époté dans l’émission «Et si… vous me disiez toute la vérité» (TV5 Monde) du 2 juin 2024. Elle aborde avec simplicité, décontraction, mais avec clarté et une forte conviction des questions aujourd’hui cruciales que l’agro-écologie, la souveraineté alimentaire, le droit des femmes à la propriété foncière. Sans doute que Mme Mariama Sonko est l’une de ses femmes leaders dont l’Afrique a réellement besoin pour s’affirmer sans complexe par une exploitation judicieuse de ses richesses grâce à un savoir et un savoir-faire dont nos femmes rurales ont toujours le secret. Un clin d’œil aux femmes rurales à l’occasion de la célébration de la Journée Panafricaine de la Femme le 31 juillet.

Face aux défis du changement climatique, les communautés rurales auront-elles les moyens et la force de résister pour survivre ? C’est la question que Denise Epoté a abordé avec Mme Mariama Sonko, présidente de l’Ong «Nous sommes la solution» (NSS) dans l’émission «Et si… vous me disiez toute la vérité» (TV5 Monde) du 4 juin 2024. Autonomiser les femmes rurales en leur dispensant une formation agricole ! Telle est l’ambition qui a présidé la création de l’Ong «Nous sommes la solution» (NSS). Et cela par la promotion des pratiques agricoles durables telles que l’agroforesterie et le micro-jardinage. «Nous nous sommes rendus compte que, par rapport au bien-être familial, ce sont les femmes qui sont au cœur de la production agricole pour nourrir leurs familles sainement et dans la durabilité. Ce sont elles qui étaient dans l’agriculture vivrière dont le contenu se retrouve aujourd’hui dans la pratique agro-écologique», explique Mariama Sonko à Denise Epoté.

Mme Mariama Sonko, présidente de l’Ong Nous sommes la solution

Malheureusement dans cette pratique, déplore-t-elle, «les femmes ne sont pas propriétaires de terres, même si elles sont les actrices incontournables de cette autoconsommation. C’est pourquoi notre mouvement œuvre aujourd’hui à faire valoir le rôle et la place dans l’agriculture familiale africaine afin de résoudre l’équation de la propriété foncière des femmes». Pour la présidente de l’Ong, on ne parle plus d’accès qui est un acquis, mais de propriété. «L’accès ne permet pas aux femmes d’être autonomes. La propriété foncière demeure ainsi le principal défi à relever», précise-t-elle pour relever la nuance.

Un combat qui commence à porter ses fruits. «Nous commençons à nous faire entendre des décideurs parce que nous sommes en train de lier l’acte à la parole. Les gens ont fait tellement de discours autour de cette problématique, sans réellement agir. Lier l’acte à parole, pour nous, c’est aller vers les actions pratiques pour démontrer tout ce que nous disons autour de cette problématique», reconnaît la présidente de «NSS».

«De nos jours, les femmes sont dans la production, la transformation et dans la conservation. Pour toutes ces connaissances, nous devons les valoriser montre que si une telle actrice parvient à avoir sa propriété, elle fera plus que ce qu’elle est en train de faire», plaide Mariama Sonko. Et selon elle, les communautés, les décideurs politiques et les PTF (partenaires techniques et financiers) ne manquent pas de raisons objectives pour aider les femmes à acquérir des terres.

«Quand tu aides une femme, tu aides une communauté. Si on soutient réellement les femmes, on peut accéder à cette souveraineté alimentaire dont on parle. Et cela d’autant plus que les femmes n’ont aucune réserve pour travailler au bien-être de leurs familles, de leurs communautés, de leurs pays et de leur continent…», plaide la présidente de «NSS». De nos jours, l’agriculture est confrontée à de nombreux défis comme le changement climatique, les sécheresses et les inondations à répétition. Pour la femme leader, l’agro-écologie peut être une solution  durable à toutes ces équations.

«L’agro-écologie apporte une solution durable à ces défis, notamment au niveau de la fertilisation des terres. L’appauvrissement des sols entraîne la pollution de l’environnement, la déforestation et une crise alimentaire. C’est pourquoi la fertilité des terres est une question primordiale. Il faut avoir une terre saine pour produire des aliments saints», explique Mariama. Nous savons que l’agro-écologie n’utilise pas des intrants chimiques qui ont  un impact sur tout ce qui est vie (personne, animal, couvert végétal…).

«L’agro-écologie est une pratique ne nuit pas à l’environnement et à la terre, elle la revalorise plutôt. C’est pourquoi elle doit être promue…», poursuit l’invitée de «Et si… vous me disiez toute la vérité» (TV5 Monde). Les femmes rurales se battent pour cette promotion car conscientes que c’est une condition sine qua non pour nourrir sainement leurs familles. «Quand une famille est malade, c’est la Femme qui est malade. C’est donc cette femme qui doit se le lever pour promouvoir le développement saint de sa localité…», rappelle Mariama Sonko.

Bien manger en protégeant l’environnement ! C’est l’un des défis que «Nous sommes la solution» tente de relever aujourd’hui. «Aujourd’hui, nous travaillons sur comment produire des biofertilisants et des bio-protecteurs à la place des pesticides qui sont des produits nuisibles à la santé humaine et à l’environnement», assure la présidente/fondatrice de l’Ong. «La production des bio-intrants  est à un niveau supra à cause des recherches effectuées pour avoir un bon rendement permettant de vivre dans la durabilité. Il ne sert à rien de produire beaucoup si cela doit nuire à notre santé. C’est le cas des intrants chimiques qui nous permettent d’avoir un grand rendement au début mais qui, par la suite, baisse progressivement pour ne plus atteindre le résultat escompté. Ce qui va pousser les paysans à doubler la dose d’engrais chimiques utilisés», explique la brave paysanne.

Et de rappeler, «avec les engrais organiques, on dépense moins et le rendement croît progressivement parce qu’on entretient la terre au lieu de la détruire. C’est donc la garantie d’une agriculture durable. L’agro-écologie contribue ainsi au bien-être de la population, préserve l’environnement…».

Comment garantir la sécurité alimentaire d’un continent qui possède des milliers d’hectares de terres arables sous-utilisées ? «La propreté foncière est cruciale pour relever ce défi. Pour y parvenir, nous avons mis en place une stratégie consistant à réaliser des fermes intégrées agro-écologiques au niveau des associations faîtières de notre mouvement», répond Mariama Sonko. Au niveau de ces fermes, elles essayent de développer toutes les activités liées à l’agro-écologie comme l’agroforesterie, l’élevage, la pêche, l’agriculture, l’horticulture (la culture des plantes d’ornement, des jardins ; culture maraîchère, potagère), l’apiculture…

Pour Mariama, «ces fermes sont des sites de renforcement de capacité, des acteurs sur les bonnes pratiques agro-écologiques. Nous y avons aussi des unités de transformation parce que, aujourd’hui, on peut produire sainement, mais au finish on peut rencontrer des problèmes liés essentiellement à l’utilisation des produits comme les bouillons industriels d’assaisonnement. Ces produits sont aujourd’hui à la base  de la multiplication des cas de maladies que l’on ne connaissait pas dans nos pays. Nous avons ainsi fait une recherche jusqu’à la production de bouillons naturels pour assurer la bonne alimentation des populations africaines».

«Au niveau de nos fermes intégrées, nous sommes en train de former des pools de formateurs sur les différentes activités de l’agro-écologie», assure la présidente. Le centre pilote du mouvement se trouve à Ziguinchor, en Casamance. Mariama et son équipe y organisent chaque année un camp avec la présence des leaders, des animateurs et techniciens des organisations membres afin de renforcer leurs capacités sur une thématique donnée. Les bénéficiaires, à leur retour, vont démultiplier la formation reçue au niveau de leurs bases pour asseoir les bases de cette agro-écologie au niveau des zones d’intervention.

Naturellement que tout cela interpelle les décideurs politiques africains dont l’appui institutionnel et financier est indispensable pour perpétuer toutes ses bonnes pratiques à une grande échelle. C’est la voie du salut pour le continent. «A nos dirigeants, je dirais que le seul moyen de lutter contre les effets des changements climatiques, c’est la promotion de la pratique agro-écologique en prenant en compte l’aspect genre et en revalorisant la Femme qui est l’actrice incontournable de cette pratique. C’est elle qui détient le savoir et le savoir-faire paysans autour de la pratique de l’agro-écologique», défend Mariam Sonko.

«Si nous voulons vivre dans la durabilité et permettre aux générations futures d’œuvrer dans l’agriculture, nous devons opter pour la pratique agro-écologique avec un accent particulier sur le rôle de la femme rurale», souligne-t-elle. En tout cas, les femmes rurales assument leur devoir. «Par nos mains et par nos valeurs, nous femmes, nous nourrissons le monde», assure la président du mouvement «NSS».

Et Mariama est convaincue que «pour parvenir à la souveraineté alimentaire, nous devons produire ce que nous mangeons et manger ce que nous produisons» ! Qui ose dire le contraire ?

Moussa Bolly

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