L’AES, un espoir confronté à des graves crises économiques

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Niamey, la capitale du Niger, a accueilli, samedi dernier, le premier sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES). Fondée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, l’AES vise à renforcer la sécurité régionale et à promouvoir le développement socio-économique.

 La création de l’AES marque une rupture avec les politiques antérieures influencées par la France et un rapprochement avec la Russie, dans un contexte de tensions avec la CEDEAO et de menaces économiques et sécuritaires accrues.

L’Alliance des États du Sahel (AES) a été officiellement fondée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de crises politiques et de menaces sécuritaires croissantes, marquées par des coups d’État dans chacun des trois pays et une intensification des activités terroristes dans la région.

Les trois pays avaient auparavant quitté le G5Sahel (le Mali en 2022, suivi par le Burkina Faso et le Niger en 2023), une organisation régionale soutenue par la France, marquant ainsi leur volonté de prendre une nouvelle direction dans la gestion de leurs défis sécuritaires.

La création de l’AES survient également dans un contexte de tensions accrues avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Après le renversement du président nigérien Mohamed Bazoum en juillet 2023, la CEDEAO avait menacé d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Ce qui avait poussé le Mali et le Burkina Faso à déclarer qu’une telle intervention serait perçue comme une déclaration de guerre contre eux. Ce climat de solidarité face aux menaces extérieures a renforcé la détermination des trois pays à créer une alliance défensive et à se retirer collectivement de la CEDEAO en janvier 2024.

L’AES a pour but de renforcer la sécurité régionale en mutualisant les efforts militaires et en partageant les renseignements pour lutter contre les groupes terroristes et les réseaux criminels. Elle vise également à promouvoir le développement socio-économique par la coopération sur des projets d’infrastructure, d’éducation et de santé, afin d’améliorer les conditions de vie des populations locales.

L’alliance cherche enfin à faciliter l’intégration politique en harmonisant les politiques et en promouvant des valeurs démocratiques communes pour renforcer la stabilité politique dans la région.

C’est dans ce contexte que Niamey a accueilli le premier sommet des chefs d’État de l’AES. Les discussions ont porté sur les défis communs et les solutions régionales concertées avec des attentes élevées de la part des populations locales pour des décisions majeures dans la lutte contre le terrorisme et la pauvreté.

Le retrait des trois pays de la CEDEAO et la création de l’AES marquent une rupture significative avec leurs politiques antérieures, souvent perçues comme influencées par la France. Les relations entre ces pays et la France se sont considérablement détériorées, notamment après les demandes de retrait des troupes françaises et la fin de la MINUSMA au Mali.

Parallèlement, les trois pays se sont rapprochés de la Russie, cherchant un soutien militaire et stratégique alternatif. En janvier 2024, la Russie a convenu d’établir une coopération militaire avec le Niger et des personnels militaires russes ont récemment été déployés au Burkina Faso.

En mai 2024, les ministres des Affaires étrangères de l’AES ont finalisé à Niamey un texte régissant l’institutionnalisation et l’opérationnalisation de la Confédération de l’AES, un pas important vers la formalisation de cette alliance stratégique. Cette nouvelle alliance devrait incarner une vision ambitieuse pour le Sahel, basée sur la coopération et la solidarité régionales.

Trois pays à revenu faible 

Bien que l’AES représente un espoir pour une meilleure sécurité et une coopération accrue, plusieurs défis économiques et sociaux pourraient entraver sa réussite. Les trois pays font face à de graves problèmes économiques.

Le Mali, un pays à faible revenu avec une économie peu diversifiée, a été durement touché par les crises sécuritaires et les fluctuations des prix des matières premières. Le taux de pauvreté extrême a atteint 19,1% en 2022, en grande partie en raison de la baisse du pouvoir d’achat des plus vulnérables et de la faible croissance économique.

Le pays reste fortement dépendant de l’agriculture et des exportations d’or, secteurs vulnérables aux aléas climatiques et à l’instabilité sécuritaire. L’économie malienne a montré des signes de résilience avec une croissance estimée à 3,5% en 2022, malgré les sanctions de la CEDEAO et les chocs climatiques.

S’agissant du Burkina Faso, des rapports récents indiquent que plus de 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le pays est d’ailleurs classé 184e sur 191 dans l’Indice de développement humain de 2021-2022.

De plus, il est confronté à une insécurité alimentaire sévère avec environ 2,3 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë fin 2023. La croissance économique a été modérée par les défis sécuritaires qui ont limité l’accès aux zones rurales et impacté la production agricole.

Concernant le Niger, malgré une projection de croissance économique de 11,2% pour 2024, le pays doit surmonter les conséquences du coup d’État d’il y a un an et la gestion des ressources naturelles telles que l’uranium et le pétrole.

La sécurité reste une préoccupation majeure puisque les dépenses militaires élevées sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme. Toutefois, celles-ci pèsent lourdement sur les budgets nationaux et limitent les investissements dans le développement économique et social.

Certes, beaucoup d’espoirs sont fondés sur l’AES pour transformer le Sahel, mais son succès dépendra de la capacité des membres à surmonter les défis économiques, sécuritaires et politiques qui persistent.

La coopération internationale et une stratégie claire seront essentielles pour garantir un avenir stable et prospère pour la région. Même si nombreux sont les partenaires encore réticents à accompagner l’initiative.

 

Cheick B. CISSE

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8 COMMENTAIRES

  1. Les Maliens doivent changer de comportement.C’est tout.
    La notion de pauvrété est trop relative pour être utiliser dans ce contexte.
    Le Gabon devait être plus riche que la Suisse et le Qatar.Seul le tourisme pouvait faire vivre ce pays.Sans parler de ses ressourses immenses.
    Les grandes entreprises étrangères et l’élite volent tout là-bas.
    La Guinée, la RDC…
    Quelles ressources Cuba possede? Cigar, sucre….Ils gerent bien le peu qu’ils ont sans ingérence extérieure.Son PIB vaut 2 fois celui de la RCI.Pour une population qui ne vaut meme pas la moitié de celle de la rci.
    Le capitaine IB l’a bien dit ‘si on était les pays les plus pauvres de la planète pourquoi ils sont venus chez nous et ne voulaient pas quitter, malgré notre insistance’.
    Nous, nous avons eu notre indépendance trop facilement.Des accords avec le colonisateur dans les salons, champagne.Ailleurs ,ceux qui ont eu leur indépendance dans le sang ne s’amusent point avec le colonisateur.L’Ethiopie, l’Algerie, l’Angola….
    Pour AES c’est maintenant que commence la vraie lutte pour l’indépendance.

  2. Cisseke, écervelé, i MALANKOLON DEN ani FASOMANDJUGU DEN, nègre de maison, tu fais honte au nom de ton journal car le Wagadu-Ghana n’était pas un empire de traîtres et des ennemis de l’Afrique comme toi!

  3. Les sales trolls de la tres maudite France sont la en train de raconter leur misère. Le deficit budgétaire de la tres maudite France est insurmontable, en effet l’AES est une zone pleine de richesses permanentes et aujourd’hui notre Uranium, notre or, notre pétrole, notre lithium, notre gas, nos diamants, notre fer, etc… nous appartiennent. Adieu la tres maudite France!

    • Mon “cher” Kinguiranke, tu parles ” notre Uranium, notre or, notre pétrole, notre lithium, notre gas, nos diamants, notre fer” et tu cites la France. Pourrais tu me dire quelles sont les compagnies français qui exploitent ces ressources ? Moi je peux te donner des noms russes, chinois, canadiens, australiens, sud africains, … Mais je ne trouve pas une seule entreprise française.

  4. Ces trois États, qui comptent par.i les plus démunis de la planète, ne font guère que mutualiser leurs pauvretés respectives. Ils se coupent de surcroît de leurs alliés traditionnels pour se rapprocher d’une des puissances les moins fiables d’un marché surencombré : la Russie. Le Mali a pourtant, dans les années 60 du siècle dernier, fait l’expérience de ce genre d’alliance. La mémoire courte…

  5. Mais non tout va bien …… Encore un article commandé et pays par les forces impérialistes alors que l’AES et dans l’abondance et la richesse permanente

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