Forum sur la coopération Sino-Africaine 2024 : Les interrogations et les réserves de Yéah Samaké

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Dans son document intitulé : “Focac 2024 : Le Mali face à une leçon de coopération”, le président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP), Yeah Samaké s’interroge si, au-delà des effets d’annonce qui caractérisent souvent ces sommets, ces promesses se concrétiseront-elles en actions bénéfiques pour les populations africaines, notamment celles du Mali ?

A l’entame, il dit que le Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) 2024 s’est clôturé avec des annonces prometteuses pour le développement économique et infrastructurel du continent africain. Cependant, ajoute-t-il, au-delà des effets d’annonce qui caractérisent souvent ces sommets, la question essentielle demeure : ces promesses se concrétiseront-elles en actions bénéfiques pour les populations africaines, notamment celles du Mali ?

Et d’ajouter que sous la présidence du colonel Assimi Goïta, le Mali a affirmé trois principes fondamentaux qui guident l’action gouvernementale notamment : le respect de la souveraineté, des choix stratégiques opérés par le Mali et la défense des intérêts du peuple. “Ces principes devraient-ils poser problème dans la coopération avec une puissance mondiale telle que la Chine”, s’interroge-t-il. En effet, selon lui, la Chine, ayant une expérience similaire à la nôtre, est à même de comprendre la situation actuelle des pays en développement et le nouveau chemin emprunté par le Mali.

Souveraineté, un principe  partagé par la Chine

Pour M. Samaké, le colonel Goïta a placé le respect de la souveraineté au cœur de la politique étrangère malienne. Face à l’essor de la Chine sur le continent, ce principe revêt une importance croissante. Le Mali, tout comme bon nombre de ses voisins africains, a besoin d’investissements pour redresser son économie et ses infrastructures.

Cependant, ajoute-t-il, l’histoire des relations sino-africaines montre que ces partenariats ne sont pas toujours assortis de conditions limitant la liberté d’action des Etats africains. Car, les prévisions laissent entrevoir que le Focac 2024 aboutira à davantage d’actions concrètes et non à de simples annonces parce que si les promesses d’investissements ne s’accompagnent pas d’un respect effectif de la souveraineté malienne, les bénéfices à court terme pourraient compromettre l’autonomie du pays à long terme. “Jusqu’à présent, le Mali a su rester vigilant et résister à la tentation d’accepter des aides qui, à terme, pourraient renforcer sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires, notamment dans des secteurs stratégiques tels que les infrastructures et les ressources naturelles”, peut-on lire dans le document.

Les choix stratégiques,  autonomie ou asymétrie ?

A ses dires, le Focac, plateforme d’échanges entre la Chine et les pays africains, permet à chaque Etat de définir ses priorités. Le Mali, confronté à des défis urgents dans les domaines de la sécurité, de l’agriculture et des infrastructures, a logiquement cherché à attirer des investissements chinois dans ces secteurs.

Cependant, la question cruciale est de savoir si ces choix stratégiques sont véritablement autonomes. En tout état de cause, l’expérience de la Chine pourrait contribuer au développement de ces secteurs et ainsi améliorer les conditions de vie des Maliens.

A l’en croire, la Chine, dans sa quête de ressources naturelles et d’influence géopolitique, structure souvent ses accords en fonction de ses propres intérêts qui est tout à fait normal. “Partenariat Mali-Chine : Vers un développement durable, partenariat équilibré et développement durable au Mali. En parallèle, elle pourra apporter un soutien au Mali, pays riche en ressources minières, et établir un partenariat mutuellement avantageux, à condition que les deux parties veillent à éviter toute forme d’exploitation unilatérale”, mentionne le document.

Selon lui, les décisions stratégiques prises par le Mali devraient être orientées vers un développement à long terme plutôt que vers des gains immédiats qui pourraient accroître sa dépendance économique. Et d’ajouter que le succès du Focac 2024 dépendra de la capacité du gouvernement malien à concrétiser les accords conclus lors du forum, en respectant les principes énoncés par le président Assimi Goïta.

Intérêt du peuple, actions tangibles plutôt que promesses

Dans son réquisitoire, M. Samaké laisse entendre que le colonel Goïta a souligné à maintes reprises l’importance de l’intérêt du peuple dans toute décision politique, un élément crucial dans les relations avec la Chine. “Le voyage historique de feu IBK en Chine s’est soldé par des promesses alléchantes mais non tenues, d’environ 2 milliards de dollars, sans que le peuple n’en bénéficie jusqu’à sa chute. Cela soulève la question de la concrétisation des investissements du Focac 2024 au profit du peuple malien”, poursuit-il.

Pour conclure, il dit que le Focac 2024 offre des perspectives prometteuses pour le développement du Mali, mais il est crucial de ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme des annonces. Il est essentiel que les résultats du Focac 2024 se traduisent par des actions concrètes. Ce ne sont pas les promesses qui feront avancer le pays, mais des résultats tangibles respectant la souveraineté, les choix stratégiques autonomes et l’intérêt du peuple malien, comme le préconise le colonel Assimi Goïta.

Aux dires du président d’honneur du PACP, le gouvernement du colonel Goïta doit désormais veiller à ce que les engagements pris lors du Focac soient effectivement mis en œuvre et profitent réellement aux Maliens.

“L’essence de la coopération sino-africaine réside là, et il incombe au Mali de garantir que les paroles se transforment cette fois en actions concrètes, bénéfiques et durables pour son peuple, effaçant ainsi les déceptions du passé. En outre, la leçon à retenir du Focac est la nécessité de préserver la souveraineté tout en restant ouvert au monde, car aucun pays ne peut se développer en autarcie. Il est essentiel d’accepter les autres avec leurs imperfections et de chercher à bénéficier de la coopération mutuelle”, conclut-il.

Boubacar Païtao

 

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