Le 1er sommet de l’AES vient de se tenir à Niamey, au Niger, sous le signe d’une véritable intégration des 3 peuples concernés ayant « un même destin » avec « le même sang qui coule dans les veines ».
L’Alliance des Etats du Sahel (AES) sera-t-elle une organisation de rectification de la CEDEAO dans la révolte ? Tout semble l’indiquer. Car, dans les discours du premier sommet de cette organisation, les dirigeants ont mis l’accent sur la volonté ferme de rupture et de prise en compte de l’intérêt exclusif des « peuples frères » du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Si le chef de l’Etat malien, le Col Assimi Goïta a été longuement applaudi, mais resté plus réservé en mettant tout de même l’accent sur « la libre circulation des personnes et des biens » dans le nouvel espace d’intégration, son homologue du Burkina Faso a été plus incisif dans « sa révolte ».
Le Capitaine Ibrahim Traoré a tiré à boulets rouges sur le système de domination et d’exploitation, qui caractérisait les anciens dirigeants, pourtant « démocratiquement élus », qui étaient devenus des « valets locaux » à la tête de nos Etats considérés comme des sous-préfectures de l’ancien colonisateur. Et de fustiger ces dirigeants aux ordres du Maître, qu’il qualifie à loisir d’« esclaves de salon », plus préoccupés par les intérêts du Maître, que ceux de leurs peuples. Et il dénoncera avec force l’exploitation des richesses de nos pays au profit de ces anciens colons.
Le dirigeant burkinabé fustige le fait que les rues d’Ottawa à Paris sont bien éclairées grâce à la lumière issue de l’exploitation des mines d’uranium du Niger. Sans oublier de protester contre le fait que ces Occidentaux « pillent » les richesses de nos Etats, sans aucun effort de développement dans les localités concernées. « Les routes menant aux sites d’exploitation de l’or, dans nos pays, sont trouées… ». Et d’ajouter qu’en plus de ce système éhonté de surexploitation, l’ex-colonisateur demeure donneur d’ordre, intimant l’ordre à travers une élite corrompue, « sans aucune dignité », de « rentrer dans les rangs ». Et c’est le refus à ce ordre qui est un cri de révolte pour prendre le destin des trois pays concernés en mains.
En clair, cette confédération de l’AES, qui vient d’être définitivement scellée, va œuvrer, de façon déterminée, à relever les défis existentiels de ces pays. Ce sera, a souligné le chef de l’Etat nigérien, le Général Abdourhamaane Tsiani, tant au plan sécuritaire, économique que monétaire. « La confédération de l’AES sera une alliance des peuples et non un syndicat des chefs d’Etats », ont abondamment indiqué plusieurs ministres et cadres participants à la rencontre.
Cela démontre que l’architecture de cette Alliance est en train d’être activement mis en place, en vue de booster plusieurs chantiers du développement économique de ces trois pays membres.
Ceux-ci ont la chance d’avoir des dirigeants engagés et déterminés, prêts à affronter tous les écueils sur leur chemin. Ce qui fait que de nombreux observateurs sont optimistes qu’avec la volonté ferme et l’accompagnement des peuples, la confédération devrait faire oublier la CEDEAO devenue un machin des chefs d’Etats, à la solde de l’Occident, et de leurs intérêts. Et ce sont les rapides progrès attendus qui sonneront définitivement le glas de la CEDEAO, dont certains membres s’intéresseront à la nouvelle initiative intégratrice. Le Togo et le Sénégal ne sont-ils pas très attentifs aux discours de l’AES ? Rien n’est moins sûr et il urge que le processus ainsi enclenché à Niamey s’accélère et marque des points en termes de réalisations concrètes.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger doivent travailler d’arrache-pied pour l’atteinte de ces objectifs nobles de développement en parvenant à une mutualisation véritable des forces et ressources collectives. Et les dirigeants devraient consentir des sacrifices, notamment en termes de leadership pour privilégier la satisfaction des besoins primordiaux du « peuple AES »., non sans oublier de nouer de nouveaux types de partenariats plus assainis.
Il faut, en outre, que les dirigeants de l’AES s’entourent des meilleures expertises (ressources humaines), pour conduire à bon port, ce projet ambitieux, dans l’intérêt exclusif des populations. Ils devront aussi et surtout s’inspirer des leçons du passé à partir de l’expérience et la volonté panafricaniste des…. pères fondateurs comme les présidents Kwamé N’Krumah, Modibo Kéita, Sylvanus Olympio, Patrice Lumumba…
Boubou SIDIBE/maliweb.net