Ahmadou Tijani Haïdara, directeur général du budget au lancement du processus budgétaire 2025 : “Le taux de croissance de l’économie malienne est passé de 3,1 % en 2021 à 5,3 % attendu en 2024”

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“Le niveau d’endettement du Mali a été maîtrisé ces cinq dernières années avec un taux qui est passé de 47,3 % du PIB en 2020 à 51,6 % en 2024”

Le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou, a lancé le jeudi 22 février 2024 le processus budgétaire 2025 à l’hôtel Granada . Il avait à ses côtés Ahmadou Tijani Haïdara, directeur général du budget.

Dans la présentation de l’état des finances publiques du Mali, Ahmadou Tijani Haïdara, le directeur général du budget, a évoqué la situation macroéconomique. Il a indiqué que depuis 2021, le taux de croissance de l’économie malienne reste sur une dynamique ascendante en passant de 3,1 % en 2021 à 5,3 % attendu en 2024. “Sur la même période, les efforts des autorités monétaires combinés à ceux du gouvernement devront permettre de contenir la pression inflationniste qui devrait revenir sous la norme communautaire de 3 %”, a-t-il ajouté.

Parlant des défis multiples sur le plan budgétaire, il a rassuré que le niveau d’endettement du Mali a été maîtrisé ces cinq dernières années avec un taux qui est passé de 47,3 % du PIB en 2020 à 51,6 % en 2024. A ses dires, ce taux reste en deçà de la norme communautaire de l’Uémoa de 70 % du PIB. “Le déficit budgétaire reste maîtrisé au regard du contexte avec des réalisations inférieures aux prévisions. Le déficit budgétaire de 2023 est ressorti à 3,7 % par rapport à une prévision de 4,9 %. La prévision pour 2024 est de 4,4 % du PIB”, a-t-il fait ressortir.

Concernant la situation d’exécution provisoire du budget 2023, il a informé qu’au titre des recettes et dons, 2067,9 milliards F CFA ont été mobilisés contre une prévision de 2099,1 milliards F CFA dans le budget rectifié 2023, soit un taux de mobilisation de 98,5 %. Le taux de pression fiscale ressort à 14,7 % en 2023 contre une prévision de 14,6 %. Au titre des dépenses, il y a eu 2552,8 milliards F CFA en réalisation contre une prévision de 2750,5 milliards F CFA dans le budget rectifié 2023 soit un taux d’exécution de 92,8 %. Il ressort un déficit budgétaire de 3,7 % en 2023 contre une prévision de 4,9 %.

Objectifs et orientations de la politique budgétaire 2024

Le directeur général a souligné que pour l’exercice 2024, la politique budgétaire vise à, entre autres, améliorer la gestion des finances publiques ; soutenir la croissance économique ; maîtriser le déficit budgétaire et garantir la soutenabilité de la dette publique. Au titre des recettes, les mesures envisagées pour soutenir la mobilisation des ressources concernent, entre autres, l’imposition du commerce électronique, à travers la soumission à la TVA des prestations de services effectuées sur les plateformes de commerce électronique étrangères ou locales, ainsi que les commissions perçues par les opérateurs de ces plateformes à l’occasion de la réalisation des prestations ; l’introduction de la facture normalisée ; la poursuite du déploiement de la télé-procédure (Télé-déclaration, télépaiement, E-quitus, etc.) ; la poursuite des réformes pour l’amélioration de l’efficacité de l’administration fiscale et des douanes avec comme objectif l’augmentation durable des recettes de l’Etat et la promotion du civisme fiscal.

Au titre des dépenses, il a fait savoir que les actions visant à améliorer l’efficacité de la dépense publique seront poursuivies à travers, entre autres, la maîtrise de la masse salariale par la création des conditions d’une trêve durable au niveau du front social grâce à l’élaboration et la mise en œuvre d’un pacte de stabilité sociale et de croissance ; l’amélioration de la qualité de la programmation des dépenses en opérationnalisant le plan d’engagement pour une exécution fluide du budget d’Etat ; le renforcement du processus de sélection et de mise en œuvre des projets d’investissement, notamment en s’appuyant sur les recommandations de l’évaluation de la gestion des investissements publics/Pima (Public Investment Management Assessment) ; l’amélioration des processus de prévision et d’exécution budgétaire par le renforcement de l’analyse des risques budgétaires.

Les points saillants des dépenses budgétaires

Sur les points saillants des dépenses budgétaires, il a indiqué que les dépenses du gouvernement s’inscrivent dans le cadre de la poursuite de la mise en œuvre du Cadre stratégique de la refondation de l’Etat. Il s’agit, entre autres, de l’opérationnalisation des réformes institutionnelles ; du renforcement de la défense et de la sécurité ; du renforcement du système judiciaire ; de la prise en charge des nouveaux services publics ; de l’amélioration de la déconcentration et de la décentralisation budgétaire ; de la prise en charge des dépenses sociales et de développement prioritaires.

Répartition par fonction des dépenses du budget 2024 (en %)

Dans sa présentation, il a évoqué la répartition par fonction des dépenses du budget 2024. Ces dépenses sont ainsi ce qui suit, services généraux des administrations publiques : 28,36 %

–      défense : 14,91 % ; ordre et sécurité publique : 9,17 % ; affaires économiques : 17,55 % ; protection de l’environnement : 0,89 % ; logements et équipements collectifs : 1,66 % ; santé : 5,15 % ; loisir, culture et culte : 1,13 % ; enseignement : 18,21 % ; protection sociale : 2,97 %.

Concernant les hypothèses du cadre budgétaire 2025, il a fait remarquer que le PIB nominal (en milliard de francs) est de 13 978,6 en 2024 et 14 667,5 en 2025. La croissance (PIB réel)  est de 5,3 % en 2024 et 5,1 % en 2025. L’inflation (moyenne) est de 2,5 % en 2024 et 2,5 % en 2025.

“Les secteurs qui tirent la croissance économique entre 2024 et 2025 sont, entre autres,  le secteur primaire, boosté essentiellement par les branches agriculture vivrière, élevage et chasse et agriculture d’exportation ; le secteur tertiaire, essentiellement soutenu par les branches commerce, activité d’administration publique et transport et communication.  Les recettes fiscales représentent la part la plus importante avec 2270,0 milliards  F CFA ou 15,5 % du PIB en 2025 contre 2 063,6 milliards F CFA ou 14,8 % du PIB en 2024. Les recettes non fiscales et les dons représentent une part marginale avec respectivement des taux de 0,8 % et 0,7 % du PIB en 2025 contre 0,8 % et 0,6 % du PIB en 2024.  Pour les dépenses, on note, entre autres, une tendance baissière du ratio de la masse salariale/recettes fiscales qui reste tout de même supérieur à la norme communautaire ; une amélioration de la proportion des dépenses en capital rapportée au PIB et le maintien des efforts pour réduire celle des dépenses courantes”, a-t-il dit.

Evoquant les risques budgétaires, il a raconté que les prévisions budgétaires à moyen terme 2024-2025 sont tributaires de facteurs de risques et d’incertitudes qui pourraient compromettre leur bonne réalisation. Il a fait noter que les principaux risques budgétaires susceptibles de détériorer le déficit ainsi que la situation de l’endettement peuvent se résumer entre autres, à la volatilité du prix des matières premières notamment les hydrocarbures ; la vulnérabilité financière de certaines entreprises publiques et des organismes de sécurité sociale. “Toutefois, le gouvernement surveille ces risques notamment à travers leur analyse et la mise en œuvre des mesures de mitigation ; d’où l’élaboration d’une annexe budgétaire consacrée au sujet”, a-t-il rassuré.    

Siaka Doumbia

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