Avec une production estimée à 690 000 tonnes de coton graine pour la campagne 2023/2024, le potentiel de création de valeur est considérable. Pourtant, moins de 2% de cette production est transformée localement. Le reste est exporté à l’état brut, avec une faible valeur ajoutée captée sur le territoire national. Face à ce constat, une piste stratégique mérite une réflexion sérieuse : se spécialiser dans les produits semi-finis, et notamment le fil de coton.
Dans ce contexte, se spécialiser dans les produits semi-finis, notamment les fils de coton, apparaît comme une stratégie à la fois accessible et structurante. La filature est une activité techniquement maîtrisable, moins capitalistique que la confection, et plus adaptée à une montée en gamme progressive. Elle permettrait d’ancrer une dynamique industrielle à partir d’une base productive existante, en s’inscrivant dans une 𝗮𝗽𝗽𝗿𝗼𝗰𝗵𝗲 𝗱’𝗶𝗻𝘁é𝗴𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗶𝗻𝗱𝘂𝘀𝘁𝗿𝗶𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗴𝗿𝗲𝘀𝘀𝗶𝘃𝗲 de la chaîne de valeur cotonnière.
Ce positionnement intermédiaire a fait ses preuves ailleurs sur le continent. 𝗟𝗲 𝗕é𝗻𝗶𝗻 s’est engagé dans une trajectoire ambitieuse de transformation locale de son coton fibre, en visant au moins 50% de transformation dans sa zone économique spéciale de Glo-Djigbé, avec un accent mis sur la filature pour l’exportation.
De son côté, 𝗹’É𝘁𝗵𝗶𝗼𝗽𝗶𝗲 a structuré sa stratégie textile autour de la filature comme point d’ancrage, avec l’appui d’investisseurs asiatiques et une énergie compétitive. Quant à 𝗹’î𝗹𝗲 𝗠𝗮𝘂𝗿𝗶𝗰𝗲, bien qu’elle ne cultive pas de coton, elle a bâti une industrie textile performante en maîtrisant les maillons intermédiaires-fil, tricotage, teinture- pour alimenter des marchés internationaux exigeants.
Le cas malien présente des atouts similaires : une production abondante, une main-d’œuvre disponible, et une expertise cotonnière ancienne. Reste à franchir un cap industriel.
La spécialisation dans les produits semi-finis permettrait de créer des emplois qualifiés, de diversifier les débouchés à l’export, de réduire la dépendance aux cours mondiaux du coton brut, et de constituer un socle technique pour de futures extensions industrielles.
À défaut de produire immédiatement des vêtements « 𝗺𝗮𝗱𝗲 𝗶𝗻 𝗠𝗮𝗹𝗶 », pourquoi ne pas viser une 𝗺𝗮î𝘁𝗿𝗶𝘀𝗲 𝗲𝗳𝗳𝗲𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶è𝗿𝗲𝘀 é𝘁𝗮𝗽𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝘁𝗿𝗮𝗻𝘀𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻, en commençant par ce que nous savons déjà produire : du coton de qualité, qu’il nous faut désormais filer nous-mêmes. 𝗟𝗲 𝗯𝗲𝘂𝗿𝗿𝗲, 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗹’𝗮𝘃𝗼𝗻𝘀 𝗱é𝗷à. 𝗔𝗹𝗹𝗼𝗻𝘀 𝗰𝗵𝗲𝗿𝗰𝗵𝗲𝗿 𝗹’𝗮𝗿𝗴𝗲𝗻𝘁 𝗱𝘂 𝗯𝗲𝘂𝗿𝗿𝗲. 𝗟𝗲 𝗿𝗲𝘀𝘁𝗲 𝘃𝗶𝗲𝗻𝗱𝗿𝗮 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗲 𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀.
𝗠𝗼𝗵𝗮𝗺𝗲𝗱 𝗛𝗢𝗨𝗡𝗔/𝗖𝗮𝗱𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗯𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲 à 𝗹𝗮 𝗿𝗲𝘁𝗿𝗮𝗶𝘁𝗲
Rien ne peut marcher avec un état prédateur.
kingui le grand plus économiste que la pays ait connu à parlé ……
Pas besoin d’être un expert en économie pour comprendre cela ! Pourquoi croyez-vous que l’on veuille encore maintenir nos pays sahéliens dans cet état de dépendance et les empêcher de se doter de quelque chose de solide ? Pourquoi croyez-vous que l’on a obligé nos pays à vendre nos premières industries par le biais des ajustements structurels du FMI et de la Banque mondiale, tandis que dans d’autres pays, on a plutôt promu des industries ? L’indépendance la mieux réalisée est celle qui consiste à produire ce que l’on consomme et à consommer ce que l’on produit.
Produire local, transformer local, consommer local et puis exporter le surplus, voici les principes directeurs d’une economie forte au service de nos populations de l’AES.