Depuis bientôt 20 ans, le restaurant «La Vieille Marmite» est associé à la santé nutritionnelle pour le mieux-être partagé avec tous ses consommateurs. Et au lieu d’être encouragée, on a mis les bâtons dans les roues de la promotrice ; on lui a glissé des peaux de banane, assené des coups violents dans le dos… Bientôt vingt ans ! Beaucoup d’eau est passée sous les ponts emportant des projets similaires (restauration, buffet à volonté…) initiés pour lui faire de l’ombre, pour la ruiner… Ce qui fait de Mme Traoré Oumou Bazol Traoré, la bien nommée, un bel exemple de résilience et de leadership féminin
Le hasard a voulu que nous déjeunions au restaurant «La Vieille Marmite», il y a quelques jours, où nous avons dégusté un bon «lafidi» (ou lafiri) et des grillades bien assaisonnées. Un menu bien arrosé avec du thé infusé et rehaussé par le moringa, du citron… Avec la vie casanière que nous menons ces derniers temps, cela faisait longtemps que nous n’y étions pas retournés. Notre plaisir a surtout été d’y croiser notre «sœur», la promotrice Traoré Oumou Traoré.
Cela faisait un bail que nous ne nous étions plus vus, même si on se retrouve sur les réseaux sociaux, WhatsApp notamment. Une brave dame, un grand leader qui aime les défis et qui nous a gratifié de son amitié et de sa fraternité. Lauréate en 2012 du «Prix UEMOA de la Qualité» (remis le 29 novembre 2012 à Ouagadougou, Burkina Faso), nous lui avions consacré un article dans le magazine «Amina» qu’elle a beaucoup apprécié. Et depuis, nous sommes devenus «frère et sœur».
«Tu m’as porté sans me connaître, tu as toujours été là quand il faut et sans jamais exiger quoi que ce soit en retour…», nous rappelle la vaillante restauratrice à chaque rencontre, physique ou sur les réseaux sociaux. Pendant les 7 ans passés au ministère de la Jeunesse et des Sports, elle nous surprenait fréquemment avec des plats envoyés au bureau, du tô surtout. «Mon frère, je sais que tu es trop pris pour souvent retourner manger à la maison à midi alors que tu n’aimes pas non plus te restaurer dehors», nous disait alors cette résiliente dans l’âme.
Oui, cette amazone de la restauration et de l’entrepreneuriat féminin est l’une des meilleures références que l’on puisse avoir aujourd’hui au Mali voire en Afrique en termes de résilience. En effet, depuis bientôt 20 ans, le restaurant «La Vieille Marmite» est associé à la santé nutritionnelle pour le mieux-être partagé avec tous ses consommateurs. Et au lieu d’être encouragée, on lui a mis les bâtons dans les roues, glissé des peaux de banane, assené des coups violents dans le dos… Elle a chancelé, trébuché… Mais, elle ne s’est jamais effondrée, elle ne s’est jamais avouée vaincue. Et à la grande surprise de ses adversaires voire de ses détracteurs, elle a toujours rebondi plus entreprenante que jamais. Vingt ans ! Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts emportant des projets similaires (restauration, buffet à volonté) initiés pour lui faire de l’ombre, pour la ruiner…
Un «tank» qui a résisté à tous les assauts visant à la ruiner, à l’effacer du secteur de la restauration
Mais, Oumou Bazol est là, bien portante et la tête pleine de projets. Comme «La Vieille marmite» dont la fermeture a été annoncée à plusieurs reprises par les mauvaises langues. «Ce n’est pas facile, surtout en cette période où tout est cher. Mais, nous essayons d’être toujours à la hauteur des attentes de notre clientèle sans que cela ne se ressente trop sur leurs portefeuilles», nous confie la promotrice avec ce beau sourire qui va au-delà de l’instinct marketing. «Ta sœur est beaucoup plus dans le social que dans le business. Tu ne peux pas imaginer à quel prix certains mangent ici depuis des années», déclare un client témoin de nos échanges. Il nous rappelle qu’il est abonné à «La Vieille Marmite», le pionnier des buffets à Bamako voire au Mali, depuis 2009.
«C’est la fidélité des clients comme lui qui nous permet aussi de nous en sortir. Certains cadres et des entreprises nous sont restés fidèles à cause de la qualité des mets», souligne Mme Traoré. Femme leader, Oumou est donc un bel exemple de résilience dans un secteur en pleine évolution avec une concurrence féroce. Elle en a ainsi vu de toutes les couleurs pour la pousser à abdiquer. «Financements décaissés, mais détournés ; peaux de bananes ; coups de poignard dans le dos ; calomnie… J’ai même été annoncée morte par certains. Acculée, j’ai touché le fonds sans me noyer. Et j’essaye aujourd’hui de rebondir pour prouver aux uns et aux autres que je suis bien vivante par la grâce d’Allah», nous raconte-t-elle avec beaucoup d’humour.
A force d’encaisser les coups dans tous les sens, elle a poussé une carapace protectrice contre la méchanceté humaine. «Je suis comme un tank aujourd’hui», dit-elle avec beaucoup de conviction. Cet instinct de survie, cette capacité de résister, cette farouche volonté de faire face à l’adversité ne doit pas surprendre de la part d’une brave dame qui a réussi à vaincre le terrible mal qu’est le cancer. «C’est une zombie car annoncée morte à plusieurs reprises par ses ennemis suite à son cancer», témoigne un proche. «Elle est valable, une redoutable Nyeleni contre qui les adversaires ont utilisé presque tous les moyens pour la mettre à la touche. Dans le secteur de l’artisanat et de l’entreprenariat ainsi que de la formation professionnelle, rares sont les cadres qui ont servi à un certain niveau de responsabilité qui peuvent aujourd’hui soutenir son regard à cause des coups fourrés qu’ils lui ont infligés dans le temps», rappelle notre interlocuteur.
«Oumou Bazol Traoré est incontestablement une Nyeleni de la promotion de l’agroalimentaire, particulièrement de la restauration au Mali. Durant son long et riche parcours, elle a œuvré à valoriser la filière des mets locaux et à organiser les acteurs qui y exercent au plan local, national et international A ce titre, Oumou s’est illustrée par son leadership et sa présence régulière aux grands évènements promotionnels de l’artisanat malien au niveau national (SIAMA, FEBAK), sous-régional (SIAO) et international (foire de Paris)», témoigne Dramane Bouaré. Consultant spécialiste des secteurs de l’Artisanat, de la Formation professionnelle et de l’Emploi/Insertion, il a été conseiller technique à l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (APCMM).
Pour ce Chevalier de l’Ordre National, «Oumou est une entrepreneure sociale hors pair, porteuse de plusieurs initiatives de promotion de l’entrepreneuriat féminin et jeune à travers l’organisation de concours culinaires, l’animation de conférences et de forums ainsi qu’une présence honorifique sur les médias économiques. Toute chose qui lui a valu plusieurs décorations, titres et prix, dont celui de la Qualité de l’UEMOA». Et de conclure, «Oumou Bazol est sans doute une référence professionnelle et un repère pour la jeunesse dans sa filière et son secteur d’activités».
Icône de l’engagement et du leadership féminins
Ancienne basketteuse, promotrice du restaurant et du Centre de formation professionnelle «La Vieille Marmite» (CFVM) ; présidente de l’Association des professionnels du métier de restauration (APROMER) ; membre du Groupe de propositions d’actions à l’entrepreneuriat féminin du Centre national du patronat du Mali (CNPM), membre fondatrice de plusieurs associations de développement ; ancienne membre active de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), notamment du Bureau du Syndicat national de l’alimentation (1988 à 1995)… Comment espérer terrasser un tel mastodonte de l’engagement et du leadership féminins ?
Sa passion entrepreneuriale s’est traduite en 2008 par l’ouverture de «La Vieille Marmite» (qui fait de bonnes sauces) à l’ACI 2000 (Hamdallaye). Un restaurant flambant neuf offrant toutes les spécialités africaines et européennes qui deviendra rapidement l’espace privilégié pour les repas d’affaires, de retrouvailles entre potes. Un service traiteur digne de ce nom a rehaussé l’image de l’espace. Au-delà des affaires, «La Vieille Marmite», découle de la volonté d’une passionnée d’apporter sa pierre à la promotion et à la valorisation des mets locaux africains. Et du coup, elle contribue, en tant qu’artisane, au développement du pays en mettant en valeur l’importante chaîne de valeur de l’agro alimentaire.
Sans compter que, en contribuant à asseoir une culture de «Consommez malien», Oumou Bazol apporte également un précieux soutien au développement de la chaîne de valeur agricole par la valorisation, la commercialisation et la meilleure exportation des produits pré-transformés du terroir. La dynamique Oumou est de la génération de celles que les décideurs ont un moment choisi de lancer dans le grand bain pour apporter du sang neuf à l’entrepreneuriat féminin dans notre pays. Et elle a si bien réussi qu’elle est rapidement devenue une menace pour les intérêts de ceux qui étaient supposés être ses parrains et qui lui devaient un soutien inconditionnel, sans faille. Des projets ? Cette femme entrepreneure dans l’âme n’en manque pas et elle est déterminée à se battre pour relever de nouveaux défis.
Au finish que reste après les calomnies des hommes et des femmes ? La volonté et le pouvoir de Dieu qui a donné à chacun de nous un destin qui va s’accomplir quoi que l’on fasse ! «Fôtè môgô ban» ! La médisance a peu d’impact sur le destin ! Traoré Oumou Bazol Traoré en est l’illustre symbole !
Moussa Bolly