Tribune : Un petit regard sur le passé récent ?

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Le vendredi 10 juillet 2020, c’était le jour de la désobéissance civile déclarée par le M5-RFP contre la gouvernance IBK.  Voilà ce que j’en ai écrit le lendemain samedi 11 juillet 2020.

Au vu de la situation du pays, je propose une IVe République. En attendant, le président IBK et le M5 me doivent 1525 F CFA, des sueurs froides, une gifle, un téléphone portable et son répertoire.

Comme j’aime généralement faire mon opinion par moi-même, j’avais programmé de faire le tour de Bamako ce vendredi 10 juillet de 17 h 30 à minuit, jour de désobéissance civile décrétée par le M5-RFP. J’avais préparé l’itinéraire suivante : Baguinéda-Yirimadio-3e Pont-Djélibougou-Korofina-Bankoni-Djélibougou-3e Pont-Yirimadio-Tour de l’Afrique-Faladié-Magnambougou-Badala-Pont des Martyrs-ORTM-Bozola-Assemblée nationale-Musée-Tomikorobougou-Hamdallaye-Cité ministérielle-Monument de l’Indépendance-CICB-2e Pont-Kalaban-Aéroport- Sirakoro.  J’étais sûr qu’avec ce trajet, je pouvais par moi-même prendre les pouls de Bamako et me forger ma propre opinion des événements de terrain et m’affranchir de la guerre de propagande.

J’ai bougé de Baguinéda vers 17 heures 45. Mais j’ai abandonné à Yirimadio près du stade du 26 mars et suis rentré à la maison vers 21 h.

Entre Baguinéda et Yirimadio à côté du stade, j’ai compté exactement 13 barrages tenus essentiellement par des adolescents ; je dirais entre 16 à 7 ans. Ils étaient entre 50 à 150 par barrage. Les observateurs à côté constituaient le double et souvent le triple. A part celui de près du stade du 26 mars qui était relativement bien tenu et respectable, tous les autres barrages étaient constitués de pneus brûlés sur le goudron.

A chaque barrage, les ados tambourinent la voiture avec le slogan “Boua ba bla !” et je répétais toujours avec eux “Boua ba bla !”. Et c’était très difficile de garder son sang-froid dans de telles circonstances. J’ai dû donner 500 francs à trois barrages et 25 francs et un autre barrage pour passer (le jeune a dû croire que c’était 500 francs CFA la monnaie du 25 F CFA). Et à chaque barrage, j’ai pris le soin d’observer attentivement ceux qui étaient là ; les observateurs au bord de la route et les “jeunes barragistes”.

J’ai aussi pris le soin de parler avec eux autant que ça a été possible. Mais c’est au niveau du marché de Yirimadio que l’aventure s’est corsée pour moi. Pendant qu’on tambourinait ma voiture et que j’essayais de parler à celui qui semblait être le leader du groupe, brusquement les portes de ma voiture ont été ouvertes, des jeunes ont pris ce qu’ils peuvent prendre dont mon téléphone et se sont barrés. Par reflexe, j’ai essayé de sortir de ma voiture, mais une gifle que je n’ai pas vu venir, m’a fait regagner ma voiture.

Et les portes de ma voiture ont été fermées et d’autres jeunes m’ont gentiment obligé à rester dans la voiture et m’ont indiqué la voie. Toute la scène n’a pas fait 15 secondes. Sous le choc, je suis parti. C’est de là que je suis arrivé au barrage à côté du stade du 26 mars. Ce barrage était de loin le plus civilisé : pas de pneu brûlé, pas de Boua ba bla. Il était tenu par des adultes. J’ai essayé de leur parler. Ils étaient polis mais fermes : pas question de laisser un véhicule monter sur le goudron.  Encore sous le coup de l’émotion, j’ai décidé de laisser tomber mon programme et de rentrer à la maison.

Mon aventure a encore renforcé mon point de vue sur notre situation. Notre énergie, l’énergie de nos politiques n’est pas orientée vers l’essentiel ; qui est devenu une urgence, une question de sécurité nationale : la construction du Malien d’aujourd’hui. Je rappelle que 80 % de la population ont moins de 40 ans, 75 % ont moins de 25 ans, 50 % ont moins de 15 ans. Et que ça fait 7 ans qu’on n’a pas vécu une année scolaire normale. Et que les parents continuent à faire des enfants et à les placer sous la responsabilité de Dieu ; “Dieu pourvoira à leurs besoins disent-ils”.

Le pays dysfonctionne à tous les niveaux et nous refusons de prendre le temps de questionner objectivement nos problèmes pour apporter des solutions pérennes. Et quand j’ai vu, ce jeudi 9 juillet, la première institution de mon pays s’adresser à moi au-delà de minuit pour en fait ne rien me dire de nouveau, mon traumatisme du pays en a été décuplé.

Au vu de la réalité de notre pays, c’est-à-dire de l’ampleur de notre dysfonctionnement général et du fort risque de l’implosion de notre cher pays, si on demande mon avis, je proposerais au président IBK d’utiliser l’article 50 de la Constitution (avec ses limites) pour inscrire le reste de son mandat dans une transition vers une IVe République, avec un Premier ministre aux pouvoirs élargis en concertation avec toutes les forces vives du pays. Nous prendrons les 3 ans du reste de son mandat à réapprendre à nous parler, à nous pardonner, à amnistier tous nos dysfonctionnements, à définir ensemble un nouveau Mali et à le démarrer sous la forme d’une quatrième République. Nous inscrirons ainsi durablement la société malienne sur le futur à construire et la sortir de la gestion du passé et des problèmes de personne.

Que le Ciel continue de couvrir le Mali de ses ondes positives !

Alioune Ifra Ndiaye

 

 

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