Le Mali traverse depuis quelques temps une grave crise énergétique qui a battu tous les records de délestage jamais connus au Mali. Dans la capitale Bamako, les coupures de courant peuvent durer entre 5 et 10 heures, ralentissant les activités et affectant l’ensemble de la communauté. Les habitants de Mopti témoignent subir plus de 10 heures de coupures au minimum chaque jour.
Face à ce défi difficile, les autorités de la transition du Mali ont récemment intensifié leurs efforts pour trouver une série de solutions à cette crise énergétique.
Ainsi, en janvier, on a appris que la Banque africaine de développement (BAD) a accordé 302,9 millions de dollars à la Mauritanie et au Mali. Le prêt qui soutiendra la construction d’une ligne électrique devant relier les deux pays et intégrer plusieurs centrales solaires. Le projet d’interconnexion entre la Mauritanie et le Mali permettra de connecter 100 000 nouveaux ménages (80 000 en Mauritanie et 20 000 au Mali) au réseau électrique. L’interconnexion permettra également de développer de nouvelles centrales d’énergie renouvelable. Leurs mises en exploitation faciliteront l’accès à une électricité de qualité, à faible teneur en carbone et à un prix abordable.
En outre, un accord a été signé le 17 février à Niamey en vertu duquel le Niger fournira du gazole au Mali, au Burkina et au Tchad. Selon le ministre malien chargés de l’énergie, cet accord aidera le Mali dans le domaine énergétique. Des Maliens saluent cet accord qui permettra au Mali de résoudre le problème des délestages récurrents qui sévissent.
Cette rencontre concernant les livraisons du gazole en provenance du Niger a été suivie d’une rencontre du 5 mars entre la Société Nigérienne du Pétrole (SONIDEP) et l’Office Malien des Produits Pétroliers (OMAP) pour conclure un contrat de vente de gasoil.
Dans le cadre des efforts visant à résoudre la crise énergétique, les autorités maliennes se sont également tournées vers leur partenaire russe, qui a fourni au Mali 20 millions de litres de gazole pour réduire les coupures d’électricité pendant le Ramadan.
Outre l’approvisionnement en carburant russe, le Mali envisage de nombreux projets avec la Russie dans le secteur énergétique. Ainsi, le 7 mars, le ministre de l’Économie et des Finances du Mali, Alousséni Sanou, a rencontré une délégation de la société russe Novawind, pour discuter d’un projet de construction de 2 centrales solaires à Bougouni et Sanankoroba, d’une capacité de 150 mégawatts chacune. La société russe Novawind a confirmé sa volonté de bâtir la structure de Bougouni dans un délai de 12 mois. Ce projet répond à la volonté du pays de garantir une autosuffisance en matière de production d’énergie.
Une autre mesure importante prise par les autorités maliennes pour résoudre la crise énergétique à laquelle le pays est confronté a été la participation du Mali au forum international « Atomexpo-2024 », qui s’est tenu en Russie les 25 et 26 mars. Le premier jour du forum, la délégation malienne a signé un certain nombre d’accords avec « Rosatom » (une entreprise russe spécialisée dans le secteur de l’énergie nucléaire) dans le domaine du développement de l’énergie nucléaire. En particulier, une feuille de route pour établir un dialogue dans le nucléaire civil a été signée par le directeur de « Rosatom », et Bintou Camara, ministre malienne de l’Énergie et de l’Eau. Cette feuille de route ouvre la voie à la mise en œuvre de projets précis dans les années à venir visant à renforcer l’indépendance énergétique du Mali et à accompagner son développement économique.
Également en marge du forum de l’industrie nucléaire «Atomexpo-2024», le ministre malien de l’industrie minière, Amadou Keita, a annoncé que le Mali, qui possède les plus grandes réserves de lithium d’Afrique de l’Ouest, souhaite développer l’industrie de transformation de ce métal sur toutes les étapes : « Ayant de grosses réserves de lithium, nous avons décidé qu’il faut aussi développer la technologie. Il nous faut développer des industries de lithium depuis la production jusqu’au stockage de l’énergie ». Il s’agit d’une excellente initiative qui pourrait aider le Mali à produire des panneaux solaires, indispensables au développement de l’énergie solaire du pays. De plus, grâce à son grand nombre de jours ensoleillés, le Mali dispose d’un énorme potentiel pour devenir un producteur majeur d’énergie solaire et exporter ses excédents. À long terme, cela permettrait de répondre aux besoins énergétiques du pays et d’améliorer la qualité de vie de la population.
Le 21 mars s’est tenue la 8ème session du conseil d’administration de l’Agence des Energies Renouvelables du Mali( AER-Mali) pour discuter l’engagement du pays à acquérir sa souveraineté énergétique. Par ailleurs, le Mali doit développer son potentiel énergétique renouvelable tant en terme de qualité que de quantité.
Malgré la grave crise énergétique, il faut bien saluer les énormes efforts que déploient les autorités de la transition pour sortir au plus vite de cette crise. Bien entendu, la mise en œuvre de ces nombreux projets que le gouvernement du Mali a envisagé prend du temps. Il faut être patient pour parvenir à terme à des solutions efficaces et durables aux délestages dans le pays.
Par Abdoulaye Moussa