L’alternance observée par le Sénégal peut être une aubaine pour le Sénégal qui a à cœur de changer son fusil d’épaule en ce qui concerne les questions économiques. Il est plus que jamais nécessaire et vital d’avoir une économie forte qui, à la fois, répond aux attentes internes et qui fait fi de force face aux chocs exogènes.
Depuis 2008, les économies du monde subissent des chocs d’origines diverses récurrents et rapprochés. De la crise des subprimes à la guerre en Ukraine en passant par la maladie à virus Ebola ou encore la pandémie du Covid 19, l’échiquier économique mondial dans son ensemble a subi des dérèglements récurrents inattendus qui se sont répercutés sur les micro économies à l’échelle planétaire. Si la question qui préoccupe au premier plan demeure celle de faire face à chaque choc ou à la limite de les anticiper un à un, celle de l’essoufflement économique du fait de la prolifération et du rapprochement des crises semble être reléguée au second plan. Pourtant, aussi outillé et prévenant qu’on puisse être, cette récurrence laisse forcément des séquelles même aux économies les plus fortes, à plus forte raison celles les plus faibles.
L’économie, une équation aux inconnus relatifs
Si un changement de paradigme a pu se produire aux lendemains de la crise des subprimes sur fond de réorganisation économique avec des fondamentaux à la fois plus éthiques et plus sécuritaires, force est de reconnaître que les “nouvelles approches économiques” n’ont pas eu la largesse de se consolider au point d’être inébranlables et même de résister à des chocs de moindre envergure, si ces derniers sont récurrents et rapprochés.
La pandémie du Covid a mis à nu une vulnérabilité jusque-là insoupçonnée de nos pays et de nos économies, plongeant tous les gouvernements du monde (Pékin et Washington en premiers) dans une prise de conscience des limites humaines face à certains aléas endogènes et exogènes. La lame de fond qui est partie de la Chine a ébranlé la grande puissance asiatique la plongeant dans une profonde dépression économique et structurelle, eu égard à la chute des commandes extérieures, l’inactivité durable, les immenses pertes en ressources humaines…
Des plus puissants aux plus faibles, le Covid a mis a nu la vulnérabilité d’un système économique international qui sonne peut-être aussi le glas de ses interdépendances. Mais encore faudrait-il que les gouvernements en prennent véritablement conscience pour changer – encore une fois – de paradigme. L’intégration de l’éthique pour humaniser l’économie et réparer les erreurs qui ont conduit à la crise des subprimes n’a pas suffit à sauvegarder nos économies face aux velléités à caractères divers. Le Covid et la guerre en Ukraine ont mis à rude épreuve les économies et modes de vies des populations à échelle planétaire, remettant à l’ordre du jour les questions de la digitalisation, de la souveraineté alimentaire, de la souveraineté économique… Si l’interdépendance pouvait avoir ses vertus solidaires, force est de reconnaître aussi qu’elle a ses inconvénients.
Changement de paradigme comme maître-mot
Le monde change, les Etats et les populations doivent s’en accommoder en usant de nouvelles stratégies sociétales, de nouveaux modes de vie et de nouvelles approches économiques pour résister aux multiples engrenages, de surcroît répétitifs. Réformer et réinventer les économies par les technostructures et par les politiques d’exploitation industrielle, investir des pans et segments entiers sur les chaînes de valeur des secteurs clefs créateurs de valeurs et porteurs d’emplois, faire une intelligence économique de ses besoins pour des stratégies de production et de productivité propres et les plus indépendants possibles. Les questions énergétiques doivent être bien posées pour migrer vers des alternatives propres et surtout moins coûteuses, les technologies convenablement exploitées pour en faire de leviers accélérateurs de croissance et l’industrialisation de nos pays doivent poser leur regard sur celle 4.0 de par des raccourcis intelligents qui ne relèguent pas forcément les ressources humaines au second plan (sauvegarde des emplois), sous une alchimie qui répond à la fois au nouveau paradigme. Celui-là même qui s’impose pour nous permettre d’atténuer les impacts de l’essoufflement de nos économies face à la récurrence et le rapprochement des chocs exogènes.
Cheikh Mbacké SÈNE,
Expert en intelligence économique, veilles et communication
Doctorant en administration des affaires au School of Business and Economics, Atlantic International University (Hawaï, USA)
Ancien conseiller technique (Urbanisme, Jeunesse et Microfinance)