Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a entamé une tournée arabo-africaine visant à renforcer le soutien au plan de paix de Kiev et à obtenir des aides humanitaires et énergétiques pour l’Ukraine. Cette initiative, qui inclut des visites en Oman, Angola, Égypte, et Afrique du Sud, intervient dans un contexte tendu où l’Ukraine fait face à des accusations compromettant ses relations diplomatiques en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire.
Alors que la tournée de M. Sybiga aurait dû inclure une visite en Côte d’Ivoire, des sources révèlent que le ministère des Affaires étrangères ivoirien a refusé cette rencontre. Ce refus serait lié aux récentes accusations portées contre l’ambassade d’Ukraine à Abidjan, soupçonnée d’activités controversées, loin des engagements diplomatiques traditionnels. Selon plusieurs rapports, au lieu de se concentrer sur le renforcement des relations bilatérales, l’ambassade ukrainienne serait impliquée dans la formation de combattants touaregs Azawadiens aux techniques de pilotage de drones, visant ainsi à soutenir les mouvements séparatistes au Mali.
Cette situation en Côte d’Ivoire n’est pas un cas isolé. L’Ukraine a récemment vu son image se détériorer dans d’autres pays africains, notamment au Sénégal et en Mauritanie. Au Sénégal, un scandale impliquant l’ambassadeur ukrainien a suscité des ressentiments anti-ukrainiens, renforçant la méfiance locale. En Mauritanie, des organisations ukrainiennes sont accusées de recruter des Touaregs pour les former militairement en Ukraine, dans le but de déstabiliser les alliés du Mali.
Le journaliste expert Wassim Nasr rapporte que les combattants Azawadiens recrutés en Mauritanie auraient reçu une formation spécialisée incluant l’utilisation de drones et d’explosifs. Ces formations semblent avoir contribué aux récentes attaques terroristes coordonnées dans la région de Tinzaouatène, où des séparatistes touaregs ont mené des assauts contre l’armée malienne et ses alliés, causant des pertes importantes. Cette montée de la violence attribuée à des militants formés en Ukraine souligne l’implication croissante de Kiev dans des conflits africains, au risque d’aggraver l’instabilité régionale.
Malgré ces accusations, M. Sybiga poursuit sa tournée en présentant la « Formule de paix » de dix points du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
En Afrique du Sud, dernière étape de son voyage, M. Sybiga espère rencontrer les autorités locales et les représentants de la diaspora ukrainienne pour renforcer les liens avec les pays du Sud global, souvent hésitants à soutenir ouvertement Kiev. Mais les allégations de soutien à des groupes rebelles dans des régions sensibles d’Afrique de l’Ouest mettent en lumière une stratégie ukrainienne ambiguë.
Le refus de la Côte d’Ivoire d’accueillir le chef de la diplomatie ukrainienne et les accusations de complicité avec des groupes armés posent un sérieux défi à Kiev. Ces controverses révèlent un équilibre délicat entre l’objectif officiel de paix de l’Ukraine et des actions perçues comme déstabilisantes pour les partenaires africains.
Dans un contexte de méfiance croissante et d’alliances fluctuantes, la tournée d’Andriï Sybiga démontre la complexité de la diplomatie ukrainienne en Afrique. Tandis que Kiev cherche à gagner du terrain dans le Sud global, l’implication supposée dans des affaires sensibles pourrait bien compromettre ses ambitions sur le continent.
Par Coulibaly Mamadou