Dissolution de l’A.E.E.M : Lettre ouverte au Président de la Transition, Chef de l’Etat

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Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat, Colonel Assimi GOÏTA.

Je viens par la présente pour vous transmettre un souhait. Mais avant, permettez-moi de commencer cette lettre ouverte par vos propos, des propos qui invitent à la salvatrice action et mobilisent pour ce cher pays que nous avons la responsabilité de bâtir, au nom des générations futures Malienne et Africaine.

Je cite :

‘’ Je suis un mortel, je ne suis pas parfait. J’en suis conscient. L’histoire me jugera un jour, mais en attendant, je demande juste votre soutien. Je n’ai pas choisi ce destin, il s’est imposé à moi. Dieu sait ce qu’il fait. (…)

Je ne suis pas Thomas Sankara, ni Jerry Rawlings, je suis Assimi GOÏTA. Souvenez-vous de moi comme le porteur d’espoir du Peuple, celui qui est venu quand votre sang fut versé pour votre désir du changement.

J’irai jusqu’au bout de ma mission. Je ne la trahirai jamais, je ne trahirai pas votre confiance.

Si la mort m’épouse sur le chemin de cet idéal, ne me pleurez pas. Ne faites pas de ma tombe un sanctuaire. J’ai fait ce que je croyais juste pour mon pays. Je l’ai fait pour moi, mais je l’ai fait pour vous aussi.

Je suis Assimi, l’homme qui sourit chaque jour avec la mort, le poignet fermé.’’

Fin de citation.

Excellence Monsieur le Président, Chef de l’Etat,

 En décidant de vous adresser cette lettre, c’est en ma qualité d’ancien militant et un ex-responsable parmi les milliers que connut l’A.E.E.M, afin d’exposer brièvement le capital d’expériences et de connaissances, que j’ai acquis grâce aux programmes d’activités de l’association estudiantine, élaborés conformément aux réalités et contextes du moment. Chose que le système éducatif n’offre jamais, car obsolète.

Et personne mieux qu’un diplômé sans emploi, ayant milité à l’A.E.E.M, ne peut mesurer l’importance de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali, car lui conférant les attributs qui lui permettent d’intégrer la vie active.

Excellence Monsieur le Président, Chef de l’Etat,

Créée le 27 octobre 1990 par des étudiants maliens, l’Association des Elèves et Etudiants du Mali s’est fixéé comme objectifs, entre autre, la défense des intérêts matériels et moraux des Elèves et Etudiants ; l’amélioration des conditions de vie et d’étude des Elèves et Etudiants ; entreprendre toutes les actions légales, publication de documents, meetings, marches, grèves, etc. A mon humble avis, ces objectifs ne furent jamais trahis, jusqu’au jour où un décret signe la dissolution sans concertation, aucune, de l’A.E.E.M, le 14 mars 2024.

Pour mémoire, de la création de l’A.E.E.M le 27 octobre 1990, à sa dissolution unilatérale le 14 mars 2024, plusieurs millions de maliens ont été directement ou indirectement les heureux bénéficiaires des acquis issus de hautes luttes, pour une amélioration des conditions d’études et d’accès aux structures d’enseignement et de formation.

Et pour l’histoire, même après cette dissolution, plusieurs millions de maliennes et maliens continueront d’être bénéficiaires de ces acquis, tant qu’existera le Mali.

Excellence Monsieur le Président, Chef de l’Etat,

Je ne suis pas contre cette dissolution, au regard des derniers événements qui ont terni son image. Car il est vrai que nul être, même privé de toute compassion, ne saurait se réjouir des actes blâmables et condamnables qui ont parfois jeté le discrédit sur l’AEEM, pendant ses trente et quatre ans d’existence. Seulement, j’aurai souhaité qu’avant sa dissolution, qu’une concertation des acteurs et partenaires de l’Ecole soit au préalable envisagée, avant toute décision. La voie du dialogue est un chemin qui mène à toutes les solutions, car consensuelle.

Excellence Monsieur le Président, Chef de l’Etat,

Je me rappelle encore l’ambiance qui régnait après chaque début des cours d’une année académique, lorsqu’il était question de mettre en place les structures qui animeront les instances de l’association. C’était tout un programme dans un climat festif, dans lequel naissait le sentiment de camaraderie, à partir des rencontres de jeunes de diverses localités avec leur patrimoine culturel des différents terroirs du Mali.

Cette joie, certainement les futures générations d’écoliers et d’étudiants ne la connaîtront jamais.

Je vous l’avoue, l’A.E.E.M m’avait beaucoup appris. Etant un pur fruit de l’Enseignement, donc de l’Ecole malienne au sens propre du terme, c’était grâce à mon expérience d’ancien de l’A.E.E.M, qu’après mes études, ragaillardi en cela par un diplôme, que j’avais pris les chemins des déserts et forêts intérieurs à la rencontre de mon destin. Un destin unique, car basé sur le sentiment de réussite en terre Africaine du Mali, loin des chimères de l’Eldorado Européen et ou Américain.

Malheureusement, je fus confronté à la dure réalité du monde actif. Faute d’emploi, j’ai opté pour une série de stages dans plusieurs structures, avant d’atterrir sur la plateforme d’un magazine dédié au transport.

N’étant pas satisfait des conditions à moi proposées après plusieurs mois d’intenses activités, j’avais décidé de me mettre à mon propre compte, dopé par mon capital d’expérience acquis pendant ma vie associative au sein de l’A.E.E.M, car pour moi, c’est la seule voie pour mon accomplissement ultime.

Ainsi par la force de la détermination, je suis parvenu à bâtir un petit empire d’entreprises, qui de nos jours, ont permis à plusieurs jeunes d’avoir un emploi.

En vérité, après les études, au moment de s’engager dans la vie active, cet instant où les regards de plusieurs diplômés sillonnent les vastes espaces du Mali en quête d’opportunités d’emploi, sans pourtant parvenir à se poser sur un secteur porteur, ceux issus des rangs de l’A.E.E.M arrivent toujours à se trouver un eldorado en terre Africaine du Mali.

Cette leçon d’histoire est une évidence pour nombre d’entre nous, qui luttons jour et nuit pour satisfaire les besoins vitaux des familles, des amis, des connaissances et de la Communauté, dans un monde sans cesse changeant.

L’explication sur le sort des diplômés à la recherche d’emploi, réside souvent sur le fait que certains n’ont pas été initiés au code de la vie active, qui présuppose un minimum d’expérience en la matière, toute chose qui caractérise d’autres, parce qu’ayant appris à travers leur militantisme au sein d’organisme associatif, telle l’A.E.E.M.

Excellence Monsieur le Président, Chef de l’Etat,

 Au regard de ce qui précède, je viens solennellement auprès de votre haute bienveillance, solliciter la suspension de la dissolution de l’A.E.E.M, afin de permettre une concertation des acteurs et partenaires de l’Ecole, pour trouver une solution à la problématique de l’insécurité dans l’espace scolaire, qui, toute analyse faite, n’est pas de la seule responsabilité de l’association estudiantine Malienne.

Cette sollicitation est en droite ligne de votre leçon d’histoire selon laquelle, en substance :

« N’étant ni Thomas Sankara, ni Jerry Rawlings, mais Assimi GOÏTA. De nous souvenir de vous comme le porteur d’espoir du Peuple, celui qui est venu quand notre sang fut versé pour notre désir du changement. Assimi qui ira jusqu’au bout de sa mission, car il ne la trahira jamais, et ne trahira pas notre confiance. » 

C’est pourquoi, je demeure convaincu, Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat, que vous ne déclineriez jamais les sollicitations d’un Malien, qui s’est inscrit dans la dynamique de construction Africaine que vous incarniez.

Que Dieu dans Son infinie Grace et Sa Miséricorde sans limite, Vous ait en Sa Sainte Garde.

Fait à Bamako, le 25 mars 2024.

    Par Amadou Diadié SAMASSEKOU, ancien militant.

Tel : 82 20 20 80

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