Mali-Cedeao : Le coût du divorce

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A l’amiable ou pas, la sortie du Mali de la Cédeao a un coût, selon les estimations d’une étude de la Banque mondiale en mai dernier.

Le 28 janvier 2024, le gouvernement de Transition du Mali a annoncé son retrait “immédiat” de la Cédeao. Selon l’article 91 du Traité révisé de la Cédeao, une période de notification d’un an est nécessaire pour quitter et à la fin de cette période, si le pays n’a pas retiré sa notification, le retrait devient effectif. Par conséquent, la Cédeao considère le Mali comme membre jusqu’au 28 janvier 2025.

Le Mali est membre de la Cédeao depuis sa création en 1975, avec la signature du Traité de Lagos, avec pour mission déclarée de promouvoir l’intégration économique dans la région. Une version révisée du Traité a été signée en 1993. La Cédeao a permis le voyage sans visa et le droit de résider et de travailler au sein de l’espace. Il a engrangé d’autres résultats : facilitation des flux de personnes, régime de transport et de transit routier inter-États (Trie), droit d’accès à la mer pour les pays enclavés…

“Pays sans littoral, soumis à de multiples chocs, les besoins en dépenses sont importants et pressants, en raison des dépenses de sécurité élevées, tandis que la mobilisation des recettes intérieures reste faible, l’insécurité et les sanctions réduisant les recettes fiscales”, constate l’étude de la Banque mondiale.

Pour l’étude, la sortie du Mali va entrainer la réduction du financement extérieur concessionnel, y compris de l’aide budgétaire de la Banque mondiale et du FMI, en raison de l’instabilité politique. Le Mali n’a pas de programme du FMI ni d’aide budgétaire de la BM depuis 2021.

“Depuis la mi-2022, la Bcéao a relevé ses taux de 150 points de base. Le resserrement de la politique monétaire s’est traduit par une hausse des rendements des émissions obligataires, avec pour corollaire, des primes de risque plus élevées sur les obligations du Mali par rapport aux autres pays de l’Uémoa”, souligne l’étude.

Les projets d’infrastructure régionale, y compris le Pool énergétique ouest-africain (WAPP) qui favorise le commerce régional de l’énergie, le financement du développement régional : Banque d’investissement et de développement BIDC, l’harmonisation des normes, statistiques et politiques sectorielles, les politiques sectorielles sur l’agriculture, la politique industrielle, les politiques d’investissement ne contiennent pas de dispositions contraignantes mais fournissent des forums pour l’alignement des politiques et des initiatives conjointes (par exemple, les stocks de sécurité alimentaire), dont beaucoup sont financées par des donateurs.

Les exportations du Mali sont dominées par l’or vers les pays hors Cédéao. Nos exportations vers la Cédeao sont principalement constituées de combustibles, de ciment et de produits alimentaires. Le Mali importe de nombreux biens essentiels de la Cédeao : denrées alimentaires, carburant et électricité, qui ont une incidence sur le panier de consommation.

Le Mali importe l’électricité de la Côte d’Ivoire, ce qui est nettement moins cher que la production nationale d’électricité et réduit le coût global de l’électricité. EDM a accumulé d’importants arriérés envers le fournisseur d’énergie CIE, ce qui a entrainé une chute de la fourniture de ce pays et la crise énergétique actuelle.

Lorsqu’il commerce au-delà de ses voisins immédiats, le Mali dépend fortement des couloirs de transit de la Cédeao pour accéder aux principales portes maritimes de la région. “Le Mali est principalement dépendant de Dakar, puis d’Abidjan. Historiquement, les schémas de trafic en Afrique de l’Ouest ont été capables de s’adapter à l’évolution rapide de la situation politique, de l’état des routes, de la réglementation du trafic et, plus récemment, de l’insécurité qui rend les routes traditionnelles peu sûres, obligeant les camions à emprunter des itinéraires plus longs”, souligne la banque mondiale.

Le retrait du Mali va en plus allonger des trajets, augmenter les coûts de transport, faire grimper les prix de détail.

De plus, le Mali est parmi les pays qui comptent le plus grand nombre de diasporas dans la Cédeao. Sur les 1,3 million de Maliens dehors, 73 % résident dans l’espace Cédeao, 40 % en Côte d’Ivoire et 13 % au Nigeria.

36 % du total des envois de fonds reçus au Mali proviennent de la Côte d’Ivoire. “Le retrait de la Cédeao pourrait entraîner des perturbations et réduire les flux de financement liés aux projets d’intégration régionale”.

La Banque mondiale dispose d’un portefeuille de 32 projets d’intégration régionale représentant 7,8 milliards de dollars d’engagements nets totaux. Sur ce montant, le Mali à lui seul a 31 %, (589 millions de dollar). “Le retrait du Mali pourrait entraîner l’arrêt ou la suspension de tous les projets/programmes de la Cédeao d’une valeur supérieure à 500 millions de dollars”, pense l’étude.

Alexis Kalambry

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