Cet énième sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest dans la capitale politique du Nigéria semble être une aubaine pour les autorités de transition au pouvoir, au Mali, au Burkina et au Niger, car en plus de la levée de l’interdiction de voyager dans l’espace CEDEAO, pour les présidents et les premiers ministres, une nouvelle porte celle de l’espoir pour la reprise de dialogue entre l’organisation sous régionale et les différents pays en général et entre elle et le Mali en particulier, s’ouvre. Une véritable aubaine pour Assimi Goita qui a désormais l’occasion de se rapprocher de ses voisins. Il doit saisir cette opportunité pour améliorer ses relations avec ses pairs de la CEDEAO, mais aussi se montrer coopératif pour une issue heureuse de sa transition, qui fait l’objet de toutes les supputations. Pour rappel le Mali sur le banc des accusés de l’organisation régionale après le deuxième coup d’Etat, celui qui a renversé le colonel à la retraite Bah N’Daou. Sanctions et isolement au sein de l’organisation ont été infligés aux autorités maliennes. Avec cette souplesse, le Mali a l’occasion de se ressaisir pour prendre langue avec la CEDEAO afin de dissiper tous les malentendus, convenir d’un chronogramme négocié et raisonnable pour ensuite se projeter dans le futur. Assimi Goita va-t-il enfin saisir cette main tendue de la CEDEAO ? Va-t-il desserrer l’étau de son entourage autour de lui pour s’ouvrir au monde ?
Alors qu’on s’attendait à des nouvelles sanctions contre le Mali ou tout au moins à des critiques virulentes contre les autorités de la transition qui ont unilatéralement reporté les élections donc de facto prolonger le délai de la transition, c’est plutôt le contraire que l’on a constaté. La CEDAO a été on ne plus clémente contre le Colonel Assimi Goita et lui a même tendu une perche pour qu’il intègre la grande famille sous régionale. Tous les grands analystes politiques s’accordent à dire que cette posture de la CEDEAO loin d’être un aveu d’incompétence encore moins une capitulation, est tout simplement un changement de paradigme et d’approche afin de préserver l’unité et la cohésion au sein de l’espace. En effet, il revient au chef de l’exécutif malien, en l’occurrence le Président de la transition, chef de l’Etat, le colonel Assimi Goita de saisir cette opportunité et d’affirmer son leadership en brisant le mur de méfiance et de défiance avec la CEDEAO pour améliorer les relations du Mali avec l’organisation régionale. Le Pays de Modibo Keita souffre véritablement de son isolement diplomatique de sa léthargie économique et a besoin également de soutien pour endiguer les fléaux comme le terrorisme. Il est plus que temps d’alléger les souffrances et tous les poids de la crise sociale qui pèsent sur les frêles épaules d’un peuple qui ne demande seulement qu’un mieux-être.
Assimi Goita va-t-il enfin saisir cette main tendue de la CEDEAO ?
Il est grand temps de sortir des discours politiques et des grandes théories au relent populiste et de dire la réalité au peuple qui a non seulement soutenu les autorités de la transition dans leur combat pour la souveraineté, mais aussi et surtout qui paie un prix fort dans cette crise. Incontestablement notre brouille avec l’organisation sous régionale a eu des impacts négatifs sur tous les secteurs socioéconomiques du pays. Dès lors que la CEDEAO s’est montrée disposée à dialoguer avec les autorités, il n y a pas de raison que le Président de la transition le Colonel Assimi Goita ne saisisse cette opportunité pour se rapprocher de ses voisins. Il y a intérêt tout comme le Mali, car le peuple commence à en avoir assez de cette situation qui relèverait beaucoup plus de l’orgueil que d’une logique politique. Ni l’AES encore moins la création d’une nouvelle monnaie commune de cette Alliance des Etats du Sahel ne saurait ébranler les fondements de la CEDEAO qui est un véritable outil d’intégration économique qui a été porté sur les fonts baptismaux il plus 40 ans. Assimi Goita doit également penser à l’après pouvoir, surtout pour un jeune comme lui qui a non seulement son avenir devant lui, mais aussi et surtout qui a des ambitions. Donc il a encore une opportunité à saisir pour non seulement redorer son blason, mais sortir son pays de l’isolement.
Va-t-il desserrer l’étau de son entourage autour de lui pour s’ouvrir au monde ?
Sachant bien qu’il est le premier responsable du pays et que le bilan est d’abord le sien avant d’être collectif, donc il doit desserrer l’étau de son entourage, voir s’affranchir de son emprise pour aborder les autres chefs d’Etat de la sous-région. Pour rappel le Président Russe Vladimir Poutine qui est aujourd’hui le nouvel allié des trois pays en transition militaire, n’a jamais rompu le dialogue avec l’occident malgré qu’il soit en guerre contre lui via l’Ukraine. Il a aussi maintenu des bonnes relations économiques avec tout le monde d’où la bonne santé de son économie même en pleine guerre. Assimi Goita doit alors s’inspirer de ce bel exemple de Poutine pour renouer le fil du dialogue avec tout le monde surtout pour un pays sans littoral comme le Mali. Qu’il sache que c’est lui qui répondra devant le tribunal de l’histoire, pas son premier ministre encore moins son ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, les deux qui le suppléent sur le plan diplomatique.
En somme, que les autorités maliennes comprennent que le clin d’œil diplomatique que la CEDEAO vient de faire à Assimi Goita et à Choguel K Maiga n’entame en rien la détermination de l’organisation sous régionale qui demeure intransigeant sur la tenue des élections pour sortir de cette situation exceptionnelle. Ce n’est ni un chèque en blanc encore moins une complaisance, mais un changement de méthodologie et d’approche pour mieux gérer les crises dans l’espace.
Youssouf Sissoko