L’activité innovante de la 20e édition de Ségou Art Festival sur le Niger qui a pris fin le 4 février2024, était bien la Nuit du pagne tissé made in Mali, qui s’est tenue le vendredi 2 février dans les locaux du Musée des masques et marionnettes de Ségou. L’objectif de cette première édition de la nuit du pagne tissé est de promouvoir toute la chaine de production du textile traditionnel malien fait main et aussi de valoriser le travail de l’artisanat ainsi celui des créateurs maliens.
En 20 ans, ce fut donc la toute première fois que des artisans, créateurs et amoureux de la mode se retrouvaient pour célébrer et promouvoir les textiles made in Mali.
Dans l’élégance, la sobriété, la haute couture a commencé à rayonner. La collection ou les créations des jeunes stylistes ont été portées par les mannequins défilant sur le podium sous le feu des projecteurs devant un public admiratif et statique.
La soirée a enregistré la présence de critiques d’art, des collectionneurs, des artistes visuels, des hommes de culture et de média mais aussi des ministres en charge des Affaires étrangères et de la
Culture et du président fondateur de Ségou Art Festival sur le Niger en plus de la population sortie massivement.
Tahara Touré, coordonnatrice de la Nuit du pagne tissé, nous explique que cette activité visait à valoriser tout ce qui est manuel surtout côté vestimentaire, montrer le savoir-faire de nos stylistes au monde entier pour les encourager davantage à utiliser nos pagnes tissés pour créer. D’une part c’est une manière d’encourager certains artisans à rester ce domaine. Pour mener à bien cette soirée j’étais Idrissa Diabaté, Keba Daffe et Coumba Sissoko.
“C’est vrai qu’on parle du made in Mali mais selon moi, on peut faire mieux. L’accès à ces produits est limité et cette activité vient à point nommé pour montrer et les artisans et les créateurs et aussi que les gens ne pensent pas que ces produits sont chers. Il faut juste faire la part des choses il y’a des pagnes chers et d’autres sont moins chers. Tout le monde peut s’habiller en pagne tissé et justement là que j’incite les acteurs culturels à consommer malien”, a-t-elle ajouté.
C’est à travers des défilés de mode des jeunes mannequins se sont succédé sur la piste conçue justement pour l’occasion, que ces mannequins ont su mettre en valeur lors de leurs différents passages les collections aussi bien diversifiées que regorgeant des touches traditionnelles des jeunes stylistes comme Jean Kassim (JK Dressing), Oumou Coulibaly (Djéni couture), Kadidiatou Sidibé et Fousseyni Dembélé (Balanzan couture), l’Association des couturiers, Maria Bocoum de Bamako, Aboubacar Maïga (AS couture), Almahami Samaké (Souba couture), Mariam Koné Coumba Sissoko (Smart), Baye Fall couture (Baye).
En dehors de JK et Maria Bocoum qui ont été sollicité pour appuyer les organisateurs, les autres stylistes et designers ont compéti et le trophée de la meilleure collection a été remporté par Balanzan collection de Fousseyni Dembélé et Kadiatou Sidibé.
Aminata Agaly Yattara
Micro trottoir
Des impressions de quelques artisanes et festivaliers
Les artisans aussi bien que les festivaliers expriment ce qu’ils pensent du bien-fondé de la Nuit du pagne tissé.
Marguerite Traoré, artisane membre de l’association des femmes artisanes Afatt : “Nous sommes très honorées de cette activité qui met un peu de lumière sur nous et surtout sur notre travail. Nous faisons toute la chaine de production du coton du coton brut au cardage, en passant par le filage et finir par le tissage. On a pu vendre quelques articles et nous sommes ravies vraiment. Vivement d’autres actions de ce genre à Ségou”.
“C’est ma première fois au Mali et je suis éblouie par tout ce que je découvre ce soir durant ce défilé. Cette soirée est vraiment à saluer et c’est une opportunité de mettre un peu de lumière sur les artisans ainsi que les créateurs maliens. J’en ai profité pour faire quelques achats d’ailleurs. Des pagnes que je vais ramener chez moi”, nous confie Alima, entrepreneur culturelle et festivalière.
Pour Bassan Sacko, artisane et membre de Sinignesigui, “je fais du bogolan et aussi du tissage. Nous avons commencé ce travail depuis juin 1995. Nous faisons pleines d’autres petites activités pour arrondir les fins du mois. J’avoue que cette initiative du pagne tissé est à féliciter. Tout ce que je peux dire à nos compatriotes c’est de continuer à mettre en valeur nos productions traditionnelles. La qualité de nos productions est de qualité et nous recevons souvent des commandes de l’étranger grâce à ceux qui portent et font la promotion de nos pagnes tissés”.
“J’ai beaucoup aimé la nuit du pagne tissé car ça encourage ceux qui sont dans ce secteur et surtout ça donne de l’inspiration à nos artisans. Ce permet de valoriser le bogolan et le pagne tissé. C’est une aubaine pour certains artisans. C’est l’occasion pour eux de découvrir tout ce que l’on peut faire avec le pagne tissé et cela leur permettra de pousser plus loin la création et l’imagination dans les prochaines productions”, exprime Coumba Sissoko, de la boutique Smart du Centre culturel korè.
Pour Malick Niaré, festivalier, “la Nuit du pagne tissé a été une réussite mais elle peut être améliorée lors de la prochaine édition. C’est une belle manière de rendre hommage aux artisans locaux. Et je crois que les organisateurs pourraient faire un rayon spécialement pour les artisans au quai des arts lors de la foire artisane et agricole”.
Propos recueillis par
Aminata Agaly Yattara