Ségou célèbre les deux décennies de son prestigieux festival d’art contemporain, Ségou’Art-Festival sur le Niger, avec des témoignages poignants des premiers collaborateurs de Mamou Daffé, son fondateur, et du maire de l’époque… Retour sur un parcours empreint de défis et de succès.
En 2004, Mamou Daffé lançait un projet ambitieux : créer un festival artistique sur les rives du fleuve Niger, dans la capitale des Balazans.
Depuis sa création, il s’est imposé comme un rendez-vous majeur de la scène artistique au Mali et en Afrique de l’Ouest. Sous la direction visionnaire de M. Daffé, fondateur et de son équipe, l’événement a permis de redonner vie aux traditions culturelles tout en offrant une plateforme aux artistes locaux, nationaux et internationaux.
Lors du spéciale Korè Baro, tenu samedi 14 décembre 2024, au Centre culturel korè (CCK), dédié à la célébration des 20 ans de l’événement, le délégué général du festival, Djibril Guissé a décortiqué ce que ressemble Segou’Art-Festival sur le Niger. « Ce festival n’est pas qu’un événement culturel. C’est une institution qui œuvre pour la préservation et la promotion de l’identité malienne », a souligné M. Guissé. A ses dires, en deux décennies, Ségou est devenue une véritable capitale culturelle, attirant chaque année des milliers de visiteurs, artistes et mécènes venus de tous les horizons d’Afrique et d’ailleurs.
Un impact économique, social transformationnel
Segou’Art-Festival sur le Niger a également eu un impact économique significatif sur la région de Ségou. Djibril Guissé a présenté des données révélatrices : Création d’emplois : plus de 150 emplois directs, 3000 emplois temporaires générés chaque année pour les jeunes et les femmes. 900 millions F CFA injectés dans la foire. Bref, son impact transformationnel sur la vie de Ségou est estimé à 16 milliards F CFA.
A ceux-ci s’ajoute la création d’un certain nombre de Programmes qui, selon lui a permis le développement de l’économie locale et contribué au national.
Sur la dynamisation des industries locales, il fera savoir que le tourisme, l’artisanat et l’hôtellerie ont connu une croissance exponentielle grâce à l’afflux de visiteurs. Le festival, selon lui, a favorisé des investissements dans les hébergements et les espaces culturels, contribuant ainsi au développement urbain de Ségou.
Ce n’est pas tout. Sur le plan social, Segou’Art-Festival sur le Niger, a ajouté M. Guissé est devenu un puissant outil de cohésion. Aussi, les collaborations internationales ont également renforcé les échanges culturels entre le Mali et le reste du monde.
Début difficile avec des témoignages
A l’occasion de cet anniversaire, les témoignages des premiers collaborateurs et de quelques intervenants soulignent la résilience et la vision qui ont permis à Ségou’Art-Festival sur le Niger de devenir un symbole de réussite culturelle en Afrique même si, les débuts furent loin d’être faciles.
« Au départ, peu de gens croyaient en ce projet », se souvient Samba Samaké alias « Samba Play », promoteur de restaurant à Ségou et l’un des premiers collaborateurs du festival. « Il y avait un manque de moyens, des scepticismes parmi les habitants et une difficulté à attirer des artistes de renom. Mais Mamou Daffé avait une vision claire : faire de Ségou une capitale culturelle, les difficultés financières lui ont contrait à multiplier les « initiatives personnelles ».
Bréhima Thiero, ancien maire de Ségou à l’époque, partage ce souvenir : « Nous étions confrontés à une multitude de défis : convaincre les autorités locales, mobiliser les ressources et surtout sensibiliser les habitants à l’importance d’un tel événement. Mais la détermination de Mamou et son charisme ont fini par nous embarquer dans cette aventure ».
Mais, au fil des ans, le Ségou’Art Festival a dépassé les attentes les plus optimistes. Ce qui avait commencé comme un événement modeste s’est transformé en une plateforme incontournable pour les artistes contemporains et traditionnels du Mali, d’Afrique et d’ailleurs.
« Le festival a non seulement mis en lumière les talents locaux, mais il a aussi généré un impact économique significatif », souligne Hawa Diarra, une entrepreneure locale qui a vu ses ventes tripler pendant les éditions du festival. « Au fil des années, des milliers de visiteurs ont fait le plein des hôtels, ce qui profite aux hôtels, aux artisans et aux commerçants de Ségou ».
Zoumana Kané, communicateur traditionnel a laissé entendre « Ce festival a changé la perception de Ségou, non seulement en Afrique mais aussi dans le monde entier. Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que notre ville est un carrefour culturel ». Selon lui, les initiatives culturelles parallèles, telles que les résidences d’artistes et les ateliers pour les jeunes, ont également permis de sensibiliser les nouvelles générations à l’importance de la culture et de l’art.
Le premier adjoint au Préfet non moins représentant du gouvernorat de Segou, Moussa Traoré a mis l’accent sur la nécessité de documenter les 20 ans d’expérience de l’événement et de les mettre à la disposition de la jeune génération afin qu’elle s’y expire.
Le président des Guides touristiques de Ségou, Bourama Kassogué au nom de ses camarades a remercié Mamou Daffé pour son engagement sans faille pour le rayonnement de la culture de Ségou, du Mali en général et d’ailleurs. « Grace à Segou’Art-festival sur le Niger (CPL), nous avons bénéficié de formations adéquates qui ont vraiment renforcé nos capacités dans plusieurs domaines », s’est félicité le patron des Guides de Ségou.
Relier le passé au présent
Il faut rappeler que Mamou Daffé a toujours insisté sur l’importance de relier le passé au présent. Aujourd’hui, Ségou’Art Festival sur le Niger n’est pas seulement une vitrine de l’art contemporain. Il est aussi un espace où nos traditions trouvent une nouvelle expression, où le patrimoine culturel de Ségou est valorisé et préservé », explique-t-il.
Alors que le festival souffle ses 20 bougies, Ségou continue d’inspirer les villes africaines et de prouver que la culture est un moteur puissant de développement. Les défis du début sont désormais des souvenirs, remplacés par une fierté collective et un rayonnement international incontestable.
Djibril Guissé a annoncé des perspectives ambitieuses pour les 5 prochaines années sans pourtant les détaillés.
Le Kore Baro de samedi dernier a offert au public une occasion unique de réfléchir à l’impact colossal du Festival sur le Niger, tout en célébrant 20 ans d’excellence culturelle.
Yaye Astan Cissé
(depuis Ségou)