Kassobané : Quarante-cinq ans au service de la promotion du bogolan

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Le groupe bogolan Kasobané (fin de l’emprisonnement/liberté), en collaboration avec le Musée national du Mali, a organisé le vernissage d’une exposition d’œuvres d’art le 6 février 2024 pour célébrer ses quarante-cinq ans d’existence. La cérémonie a été présidée par M. Andogoly Guindo, ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme qui a rendu un vibrant hommage à ces talentueux et engagés ambassadeurs des arts et de la culture, notamment du bogolan.

Kandioura Coulibaly, Kélétigui Dembélé, Boubacar Doumbia, Souleymane Goro, Baba Fallo Kéita et Néné Thiam ! L’association des initiales de ces noms a donné Kasobané ! Le nom du groupe est donc composé de l’initiale du prénom de ses six membres fondateurs. On a ainsi «KA» pour Kandioura Coulibaly et Kélétigui Dembélé; «SO» pour Souleymane Goro ; «BA» pour Baba Kéita et Boubacar Doumbia et, enfin, «NE» pour Néné Thiam. Ce groupe a été créé pour mettre fin à notre embrigadement artistique et culturel en redonnant cette liberté créatrice qui, en 45 ans  de combat, a propulsé le bogolan dans presque tout l’univers de la mode au Mali, en Afrique et dans le monde.

En effet, le Mali doit à ce noyau d’amis, formés à l’Institut national des arts (INA) de Bamako, l’essor que connaît le bogolan. En 1978, ils ont créé Kasobané afin de réaliser des œuvres contemporaines mettant en valeur cette technique ancestrale offrant de nombreuses possibilités. Un choix audacieux pour qui sait qu’il s’agit ainsi de remettre au goût de la mode une technique délaissée par complexe ou par ignorance. Dès sa création, Kasobané s’est spécialisé dans la valorisation du patrimoine culturel malien par la promotion des techniques traditionnelles d’expressions d’art du pays afin de les soustraire des influences extérieures. Ces passionnés d’art ont étudié et mis en valeur les symboles et les signes véhiculés sur les pagnes bogolan qui, jadis, étaient des vecteurs de communication et porteurs de messages que seuls les initiés pouvaient percer le mystère. A noter que, grâce au travail du groupe, l’enseignement de la technique du bogolan a été introduit dans le curriculum de l’INA.

C’est par une exposition (6 février au 9 mars 2024), sur le thème «45 ans au service des arts et de la culture au Mali» que le groupe a célébré ses 45 ans d’engagement. Le vernissage a eu lieu le 6 février 2024 au Musée national du Mali en présence du ministre Andogoly Guindo de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme. Aux côtés de Mme Dagnoko Néné Thiam présidente du groupe) et des ses acolytes, on notait aussi la présence de plusieurs personnalités parmi lesquelles des représentants du Bureau de l’Unesco au Mali, de l’ambassadeur de l’Espagne au Mali, du Directeur du Musée national du Mali, des proches et amis des membres du groupe comme Mme Irène Lopez de Castro qui était venue spécialement d’Espagne…

Cette exposition qui visait surtout à contribuer à la sauvegarde et à la promotion de la technique du bogolan ; informer les jeunes sur les valeurs de la créativité et du travail bien fait ; éduquer la jeunesse aux valeurs traditionnelles et sociales véhiculées par le bogolan ; sensibiliser le grand public aux défis de l’écologie des ressources naturelles. «Cette exposition s’adresse au grand public, particulièrement à la jeunesse malienne qui constitue l’avenir de la nation. C’est également un hommage à la Femme à qui nous devons la transmission de la technique du bogolan…», a fait savoir Mme Dagnoko Néné Thiam.

«Il s’agit de témoignages à travers le bogolan, un art authentique qui illustre la richesse de la culture malienne dont les valeurs cardinales prônent une philosophie de la vie fondée sur la connaissance profonde de nos valeurs fondamentales comme le travail, la solidarité, la cohésion sociale, l’estime de soi, le respect de l’autre», a-t-elle indiqué. Le ministre Guindo a profité de l’occasion pour louer «les qualités humaines et professionnelles» de ces pionniers (avec feu le styliste Seydou Doumbia alias Chris Seydou) de la promotion du bogolan. Il a mis l’accent sur leur fabuleuse et inestimable contribution à la protection et à la promotion de la diversité des expressions artistiques et culturelles du Mali. Pour Kasobané, cette expo est une prise de conscience de la nécessité d’encourager et de réitérer sa disponibilité à accompagner les jeunes plasticiens qui ont soif d’en apprendre davantage des vétérans sur l’art plastique et le bogolan.

Le ministre Andogoly Guindo a insisté sur l’importance de cette exposition qui, pour lui, représente «la transmission de notre valeur sociétale». Et de préciser, «il s’agit de favoriser la transmission des valeurs endogènes aux jeunes générations dans le contexte de crise où les ressources culturelles demeurent précieuses pour la recherche de solutions durables». Il a aussi rappelé, «dans sa quête du savoir, Kasobané a étudié les symboles et le langage des signes véhiculés sur les pagnes bogolan, dont les pictogrammes formaient entre eux de véritables messages à thèmes. La signification portée par ces signes était un vecteur de communication avec des messages destinés uniquement à ceux qui savaient les lire».

Parmi les œuvres d’arts exposées, les visiteurs ont pu admirer (entre autres) des toiles illustrées sur la guerre au Mali, la paix et la cohésion sociale. Le groupe y avait aussi exposé quelques images de ses collaborations artistiques avec des acteurs culturels (réalisateurs, metteurs en scène, stylistes…) pour la création de décors et costumes de théâtre, défilés de mode et surtout de cinéma. En effet, leur inspiration a rehaussé la qualité de nombreuses œuvres cinématographiques comme «Guimba, un tyran, une époque» ; «Taafé Fanga» ; «Finyé» et «Yeelen», «Les Rois de Ségou», etc.

A noter que c’est pour récompenser de talentueux créateurs comme les pionniers de Kasobané que le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a instauré les prix «Meilleurs décors» et «Meilleurs costumes» en 1995. Ce symbolique anniversaire a été malheureusement célébré en l’absence de Kandioura Coulibaly et Kélétigui Dembélé arrachés à notre affection ! Mais, des talents engagés comme eux ne meurent jamais car immortalisés à jamais par leurs œuvres.

Sory Diakité et M. Bolly

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