Djibril Guisse coordinateur festival sur le Niger : « Plus de 900 millions injectés dans l’économie locale »

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Les rideaux sont tombés sur la 20e édition de Ségou Art-Festival sur le Niger qui a débuté le 30 janvier dans la cité des Balanzans, ce 4 février 2024. Une édition placée sous le thème Jeunesse et Tradition. Qu’est-ce qui a marqué cette édition ? Djibril Guissé, coordinateur, revient sur les activités phares. Entretien…

 Mali-Tribune : Que pouvons-nous retenir de cette 20e édition de Ségou Art-Festival sur le Niger ?

D G. : C’est la grande mobilisation, une mobilisation de taille à la dimension des 20 ans. Nous avons reçu plus de 40 000 visiteurs et festivaliers. Ils sont venus de plus d’une trentaine de pays d’Afrique de l’ouest et même au-delà. Pour nous, c’est vraiment une marque de satisfaction. Une autre marque, c’est le nombre de spectacles. Nous sommes allés à plus d’une centaine de spectacles, que ce soit en musique, théâtre, danse ou troupes traditionnelles.

Avec le nombre et la qualité des expositions d’art, nous sommes à plus d’une centaine d’expositions d’art dans le cadre du salon contemporain du Mali.

 Mali-Tribune : Ségou Art-Festival sur le Niger se diversifie avec de nouvelles activités associées, quelle est la touche innovante de cette 20e édition ?

D G. : Évidemment, il y a eu beaucoup d’innovations : la nuit du pagne tissé, le Musée des masques et marionnettes. On a vu vraiment toute la beauté, la magnificence du pagne tissé, made in Mali.

Il y a eu un défilé de mode avec environ sept stylistes qui ont montré les différents modèles et créations à base du pagne tissé. Il y a eu des showrooms d’expression vente du pagne tissé, du bogolan, un mini salon qui a permis de montrer toute la chaine de production du pagne tissé, du coton brut au cardage, filage, tissage.

Ce qu’il faut retenir aussi comme innovation, c’est notre retour sur les berges du fleuve Niger. Sans oublier la caravane culturelle de la paix qui avait mis à l’honneur le Maroc et Mopti comme ville invitée.

 Mali-Tribune : Justement, le retour des activités sur le quai des arts était un défi sécuritaire. Quelles ont été les mesures sécuritaires prises ?

D G. : Nous avons reçu le soutien, l’accompagnement des plus hautes autorités, à commencer par le président de la transition, que nous saluons pour son accompagnement et surtout pour avoir accepté le patronage de l’édition.

Donc, c’était l’une des éditions cadrées en termes de sécurité pour protéger les personnes et les biens. En plus, à l’interne, aussi nous avons pris des mesures drastiques. Il y avait vraiment un dispositif très serré au niveau du quai des arts et puis les militaires étaient même derrière le fleuve. Parce que c’est à cause justement de la sécurité que les activités étaient délocalisées du quai des arts.

Mali-Tribune : Contrairement aux années précédentes, l’accès à la foire artisanale et agricole était payant. Qu’est-ce qui explique cela ?D G. : C’est d’abord une demande qui vient des exposants. Il y avait trop d’enfants. C’est une question de sécurité pour les enfants mais aussi contre les vols. Cette foule empêchait les vrais acheteurs de pouvoir bien discuter, de communiquer pour pouvoir acheter. Aussi, dans toutes les foires du monde actuellement, l’entrée est payante. Mais nous, nous sommes à 200 F CFA comme on est à Ségou, c’est un montant symbolique. Le minimum c’est 1000 F CFA par exemple au Siama qui vient de se tenir à Bamako.

Mali-Tribune : En termes de chiffres d’affaires, quel apport le festival a eu sur l’économie locale ?

D G. : La foire artisanale et agricole a reçu 250 000 visiteurs cette année avec la présence de 30 pays de par le monde. Plus de 400 exposants, ont selon le retour que nous avons eu, injecté plus de 900 millions F CFA dans l’économie locale.

Le festival sur le Niger, c’est quand même en moyenne plus de 3 000 emplois temporaires avec plus de 200 emplois permanents. En fait, tous les secteurs marchent pendant le festival sur le Niger : du vendeur de beignets en passant par le vendeur de café, le transport… ça, c’est un impact. Mais aussi, au niveau des collectivités aussi, ça fait une grande visibilité pour les territoires.

Mali-Tribune : Les festivaliers se plaignent et s’inquiètent de l’implication des politiques dans vos activités qui entrainent des retards dans les programmations. Que répondez-vous ?

D G. : Un festival d’une telle dimension ne saurait se faire sans l’implication des politiques. Le haut patron, qui est le président de la transition, s’est fait représenter par le Premier ministre.

C’est vrai, il y a eu des contraintes de temps, mais il fallait patienter un peu. Je pense que cela n’a pas joué sur la qualité de l’événement encore moins de la cérémonie d’ouverture. Je pense qu’on a fait une très belle cérémonie d’ouverture à travers les masques dogons, qui étaient là, de Bandiagara, de Mopti, qui ont vraiment déambulé avec une chorégraphie vraiment sans pareil. Nous pensons que c’était vraiment un très bon moment de mobilisation, de festivaliers, des africains en général.

Mali-Tribune : Quels sont vos points de satisfaction sur cette 20e édition ?

D G. : La mobilisation, la participation record. On était à plus de 40 000 festivaliers. Ensuite, le défi sécuritaire quand même relevé grâce à l’appui de nos forces de l’ordre et de sécurité que nous saluons, que nous félicitons pour vraiment ce travail remarquable.

Mali-Tribune : Pourquoi toutes les salles d’exposition n’ont pas été occupées cette année et aussi, pourquoi avez-vous changé la salle IN qui est l’exposition internationale ?

D G. : Cette année, en termes de nombre, on a vraiment restreint un peu, parce que là c’est un appel qu’on a lancé. On a décidé d’aller vers les expositions beaucoup plus qualitatives on a sélectionné une douzaine d’artistes plasticiens six du Mali et six qui viennent de l’Afrique. Aussi, il faut noter qu’il y avait une trentaine d’expositions off à travers la ville. On a au total près d’une soixantaine d’expositions qu’on a reçues cette année avec une qualité de niveau très élevée.

En ce qui concerne la disposition, c’est carrément artistique. On peut changer le format, le dispositif ou la configuration selon les années pour que les gens n’aient pas l’impression du déjà vu.

Propos recueillis par

Aminata Agaly Yattara

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