Dans le cadre de la 15e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, l’artiste plasticien malien de renommée internationale, Abdoulaye Konaté, a présenté à OH-Gallery de Dakar, la 4e œuvre de sa série sur “Les chasseurs du Mandé”, qui lui avait valu le Grand prix Léopold Sédar Senghor en 1996.
Les “chasseurs du Mandé” d’Abdoulaye Konaté est composée de trois pièces bien connues ; à savoir : celle accrochée au Musée de Bamako qu’il a présentée en 1996, celle qu’il a agrandie et présentée en 2022 à la Documenta 15, celle accrochée au Musée des civilisations noires à Dakar (MCN), celle rentrée récemment au Moma en 2023, datée de 1996.
Les trois premières visiblement datent de 1996, même si le format a été changé pour certaines au fil des ans.
L’artiste revient 28 ans après, avec les chasseurs du mandé à la Biennale de Dak’Art 2024 avec une 4e œuvre qu’il a commencée en 2013, mise de côté pour finalement l’achever et la présenter à OH-Gallerie, située à Dakar en face de la Cathédrale de Dakar.
6 m 18 sur 2 m 75, conçue spécialement en fonction des dimensions de la salle, l’œuvre intitulée “Hommage aux chasseurs du Mandé” de l’artiste plasticien Abdoulaye Konaté faite à base de tissu comme on lui reconnait d’ailleurs comme matière de prédilection utilisée, marque le parcours évolutif de l’artiste dans l’histoire de l’art contemporain africain.
La particularité de cette toile c’est que contrairement aux trois précédentes, elle contient les vrais gris-gris que portent les chasseurs en plus des autres ornements qui leur sont propres.
Pas anodin
Il s’explique par le contexte social, politique, économique et culturel du Mali. L’artiste a entrepris cette démarche artistique pour exprimer son ressenti sur le retour des “donso”, les chasseurs, sur le nouveau rôle qui leur a été assigné en 201 -2012 avec la crise sécuritaire et socio-politique que le Mali, son pays d’origine, traverse.
Ces chasseurs sont aujourd’hui comme une structure militaire, sociale. Ils occupent une place qui fait qu’ils peuvent être considérés comme des gardiens de la société, les hommes qui occupent les espaces incultes.
Plus que jamais, ils sont aujourd’hui intournables du fait d’avoir repris le flambeau et surtout d’être sortis de leur cadre habituel. Ils sont revenus avec de nouvelles fonctions autres que celles à la base de création de village.
En milieu dogon, il y a des zones ou les militaires ne peuvent se rendre. Les donso ont encore ce don et surtout cette facilité de monter les collines et se cacher là-dedans. Ils sont une force car leur présence et surtout leurs influences demeurent toujours.
Aminata Agaly Yattara
Encadré
Projet phare
La galerie OH a organisé une table ronde qui s’inscrit dans le cadre de la Project Room, un de leur projet phare qui prend place dans les recherches de la galerie sur le contexte historique et artistique des années 1990, avec un intérêt particulier pour le concept de la “Troisième Voix”.
Il a réuni les artistes plasticiens Viyé Diba du Sénégal dont les travaux des années 1990 et notamment la continuité du Grand prix de 1998 ont été présentés en juin dernier à Art Basel à Bâle et Abdoulaye Konaté, du Mali, Grand Prix Léopold Sédar Senghor de 1996 ; modéré par Pr. Malick Ndiaye, conservateur du Musée Théodore Manod (Ifan), le mercredi, 6 novembre en prélude de Dak’Art 2024 dont le ton a été donné le jeudi 7 novembre au Grand théâtre national.
La question fondamentale pendant cette discussion était l’existence de la 3e voix ! Qu’est-ce qui a marqué véritablement les années 1990. C’est donc à la suite de ces échanges que la 4e œuvre sur les chasseurs du Mandé d’Abdoulaye Konaté a été présentée au grand public.
A A. Y.