A la dernière édition du Fespaco en 2023, le Mali a enregistré cinq distinctions, dont quatre prix spéciaux, contre un seul prix spécial au cours des éditions de 2021, 2019 et 2017 réunies. Ce résultat inédit, est certainement le fruit de la dynamique enclenchée depuis septembre 2022 par le Centre national de la Cinématographie du Mali (CNCM), qui a permis de repositionner le cinéma malien sur la scène internationale et de redéfinir les ambitions pour le secteur.
Pour l’édition de 2025, le Mali participe avec onze films en sélection officielle (contre une moyenne de 5 films sur les éditions précédentes). Aussi, le Mali présente des films dans toutes les catégories officielles du Fespaco. « Après six ans d’absence en compétition officielle, le Mali y revient cette année avec deux films », a annoncé le directeur du CNCM, Fousseny Maïga.
« Le cinéma Malien, autrefois locomotive du cinéma panafricain, fait face depuis quelques années à des défis structurels avec la déstructuration de son marché, le sous-financement du secteur, la porosité des ressources humaines et le déclin de la production locale. Malgré des efforts, le secteur reste confronté à des difficultés », a-t-il expliqué.
En juillet 2022, selon monsieur Maïga, une nouvelle dynamique a été enclenchée par le département en charge de la culture avec la mise en place d’une nouvelle équipe de management au CNCM. Une vision nouvelle a été dégagée pour le secteur. Ainsi, en septembre 2022, le CNCM s’est doté d’un plan stratégique qui couvre cinq chantiers : la gouvernance, la professionnalisation, la formation, le marché intérieur et le développement de la production locale.
Après avoir tiré les leçons des différentes participations mitigées du Mali aux Fespaco, la direction générale du CNCM a élaboré en 2023 une stratégie et un plan d’actions pour garantir une meilleure représentativité du pays à l’édition 2025 du Fespaco.
Deux projets ont été développés au cours du deuxième semestre 2023. Prenant en compte les défis contemporains du Mali, les deux projets ont été soumis à plusieurs résidences de création nationale et internationale. Leur mise en route a été autorisée par les administrateurs du Centre, lors de leur 32ème session ordinaire.
Le budget global pour le développement, la production, la post-production et la promotion des deux films était estimé à 350 millions de francs CFA. Une dotation exceptionnelle de 175 millions de francs CFA avait été sollicitée auprès du ministère de l’économie et des finances en vue de leur matérialisation. Malheureusement, aucune ressource n’a été mobilisée sur le budget de l’État, déplore le directeur du CNCM.
Qu’à cela ne tienne, le cinéma malien enregistre sa plus grande performance sur les trente dernières années au Fespaco. Cette performance intervient dans un contexte particulier, à savoir la volonté affichée des plus hautes autorités de faire rayonner le Mali à travers sa culture. Les efforts du CNCM.
Le directeur du CNCM, Fousseny Maïga n’a pas manqué de rappeler et dénoncer que les ressources budgétaires du CNCM, au cours des trois dernières années, ont considérablement baissé en raison de la situation conjoncturelle du pays. Malgré cet état de fait, le secteur du cinéma enregistre des résultats remarquables.
D’après lui, la Direction générale du CNCM entend lancer dans la dynamique de la 29ème édition du FESPACO, une vaste campagne de communication, de plaidoyers et de diffusion de films maliens. Cette campagne sera lancée à Ouagadougou et se poursuivra tout au long de l’année 2025 dans toutes les régions du Mali, avec une programmation mensuelle.
Enfin, Fousseny Maïga assure une participation active de la délégation malienne, qui sera marquée par une série d’activités culturelles, en plus du programme officiel du Fespaco, notamment : une caravane nationale de projections de films maliens et l’organisation de la nuit du Mali à Ouagadougou.
Une commission d’organisation, avec les représentants du CNCM, du FAIC et de la Fenacom, a été mise en place pour préparer la participation de la délégation malienne. Ladite commission a soumis un budget d’exécution à la direction générale du CNCM, fixé les quotas de représentativité et défini un programme d’activités prioritaires en fonction des fonds mobilisés sur le budget de l’État.
Aminata Agaly Yattara
“Le budget global pour le développement, la production, la post-production et la promotion des deux films était estimé à 350 millions de francs CFA. Une dotation exceptionnelle de 175 millions de francs CFA avait été sollicitée auprès du ministère de l’économie et des finances en vue de leur matérialisation. Malheureusement, aucune ressource n’a été mobilisée sur le budget de l’État, déplore le directeur du CNCM.”
Des centaines de millions pour un ou deux films, c’est énorme, surtout si on veut le financer par l’argent public !
Ce type de cinéma à gros budget, c’est l’ancien monde. Un ancien monde dont on n’est pas nostalgique, car ces films étaient mal distribués, voire impossible à trouver dans le commerce pour le Malien lambda.
Je crois qu’il faut au Mali revenir à des productions cinématographiques plus modestes sur le plan matériel, d’autant que le progrès technologique fait qu’avec 2 000 dollars on peut s’acheter une caméra et tourner un film de qualité sur le plan esthétique et artistique qu’il suffit de balancer sur une plateforme en ligne pour le mettre à la disposition de tout le monde.
Je crois que l’Etat du Mali doit plus se focaliser sur la formation et l’équipement des jeunes cinéastes maliens, plutôt que d’engraisser une caste de privilégiés.