Bataille de Tinzawaten : Les dessous d’une guerre imposée au Mali

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L’armée malienne annonce avoir bombardé 5 cibles “terroristes” à Tinzaouaten, par voie officielle de l’état-major général des armées. Tinzaouaten est une localité située à 233 km au nord-est de Kidal à la frontière algérienne. Au terme de trois jours de combats intenses, indique le communiqué de l’état-major général des armées. «Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2024, les unités Fama en patrouille dans le secteur de Tinzaouaten depuis 3 jours, ont amorcé leur mouvement rétrograde», et que «les violents combats continuent contre la coalition des terroristes».

L’Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité n’a pas idée de son implication dans les opérations de maintien de la paix, mais fait dans la menace de la perte de souveraineté à un pays membre de la même organisation mondiale et qui ne trouve rien à dire à l’Algérie en ayant entendu de tels propos forts désagréables à l’entendement de ceux qui sont audients. Les puissances étrangères chassées du Mali avaient plus de poids que l’Algérie ne s’en accorde pour pouvoir toujours influer dans la balance en faveur de ses protégés. N’est-ce pas une  manière de cautionner les exactions de ces groupes terroristes que de leur trouver des motifs de satisfecit et dénaturer la teneur de la crise sécuritaire dans ce vaste territoire où les conditions de vie sont difficiles et où la violence est banalisée ?

Depuis le 24 juillet 2024, des unités des Fama sont en patrouille au nord du Mali vers la frontière algérienne. Au cours de ce round up sur le terrain, il s’est passé ce qui s’est passé. Des affrontements entre les forces militaires et des groupes armés en nombre impressionnant avoisinant les mille hommes à Tinzaouten. Une vive réaction des forces armées maliennes s’en est suivie précise la même source, ajoutant qu’une lourde perte est déjà enregistrée du côté des groupes terroristes. En outre, l’état-major général des armées indique suivre avec une attention particulière cette situation et donnera plus d’informations et de précision au fur et à mesure de l’évolution.

Une déclaration du ministre des Affaires Étrangères algérien Ahmed Attaf arrive donc au mauvais moment, comme «une tentative de détourner l’attention des véritables enjeux et de perpétuer un accord devenu obsolète». Les Fama sont en avance sur le calendrier de leurs ennemis et ont su anticiper et mobiliser davantage de moyens en équipements nouveaux, car l’heure est grave, pour qu’on découvre ensemble la propension rapide qu’a tendance à prendre la crise sécuritaire en s’internationalisant de facto. Car, au même moment où les territoires sous conflits dans le monde gagnent un cran au-dessus au moyen Orient, dans le Sahara occidental, dans le Grand Sahel et ailleurs comme au Rd Congo, on trouve quand même bizarre qu’Alger rappelle précipitamment son ambassadeur à Paris pour consultation ou par réaction à la nouvelle position française prise sur le Conflit du Sahara occidental. Au cœur de cette nouvelle donne géopolitique, la place de l’AES et de sa souveraineté ne doit être ignorée ni par la Libye, ni par l’Algérie, ni par la Mauritanie ou les autres pays de la Cedeao. Encore moins par ces organisations multilatérales : Otan, Union européenne, Onu, Ua, Uemoa.

Mais ce que le ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, Ahmed Attaf, en dit sur les chaudes batailles de Tinzaouaten, exprime une longue suite dans les idées sur la position ambiguë d’Alger… Mais il a préféré affirmer péremptoirement que le Mali risque de perdre sa souveraineté et l’intégrité de son territoire si le dialogue ne reprenait pas, persistant à dire que le conflit au Mali ne peut être réglé par des moyens militaires, mais uniquement par des solutions politiques.

Heureusement qu’avec des moyens appuyés, selon la Dirpa, 95% du territoire est récupéré et il faut à présent en préserver l’intégrité totale. Face à des bataillons armés, recrutés, entraînés, renseignés, qui, par groupes de milliers d’hommes, ont failli porter un coup sanglant à tous les efforts accomplis et les sacrifices consentis jusque-là par les autorités de la Transition, les Fama et une bonne frange de la population. Comme en 2023, la nouvelle campagne d’attaques terroristes allait débuter (saison 2) en ces mois d’août et septembre. C’est dire que le gouvernement a tôt fait de se débarrasser de ce torchon brûlant qu’était «l’Accord d’Alger de 2015», qui a été continuellement violé par les groupes séparatistes qui l’avaient signé. Selon les officiels maliens, ces groupes, «loin de respecter leurs engagements, ont pris les armes et se sont attaqués au pays, semant la terreur et le chaos».

Dans cette dynamique, les Fama sont sans répit à leurs assaillants dans la localité de Tinzawaten, à la frontière algérienne. Si l’Algérie peut parrainer à la fois le Sahara occidental en conflit avec le Maroc voisin, et en coulisses sous les tunnels du septentrion malien avec les rebelles séparatistes touarègues, comme les médias aiment à les appeler, elle n’est pas autorisée à remettre sur la table des négociations l’Accord d’Alger de 2015, puisque le Dialogue inter-maliens est venu rendre caduc cet accord.

Le diplomate algérien Attaf semble ignorer sinon négliger le contexte actuel sur le terrain des affrontements intenses et le soutien actif de la partie algérienne en assistance logistique et même militaire, aux mercenaires combattants pour le compte de la Cma, avec qui les autorités maliennes ne comptent plus avoir à discuter hors du territoire national. Et ce qui est déplorable dans sa déclaration, ce sont les questions qu’elle soulève par rapport aux intentions réelles des autorités algériennes. Car, comme disait le Professeur Cheikh Anta Diop, «il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain. (…) Froidement écrasée par la roue de l’histoire. (…) On ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient».

En reprenant à son compte cet accord désuet, le ministre Ahmed Attaf «veut faire abstraction des actions destructrices de ces groupes terroristes et de la situation actuelle au Mali». Pure diversion qui ne passe pas quand l’ennemi accuse de lourdes pertes et se trouve radicalement éliminé. Ce qu’Alger n’arrive pas à admettre, aussi bien que l’Ukraine, qui s’est signalé dans ces affrontements.

La présence de soldats ukrainiens lors de la bataille de Tinzawaten, marquée par une nouvelle façon de faire la guerre, est aussi la preuve que, déjà, en 2022, au Sénégal, l’ambassade d’Ukraine à Dakar recrutait des mercenaires sur place avant que les autorités ne s’en mêlent. Puis, en fin juillet 2024, sur sa page Facebook, l’ambassade publie puis l’enlève, un message du porte-parole du renseignement ukrainien se félicitant d’avoir collaboré avec les terroristes pour attaquer les forces armées maliennes au Mali. Le gouvernement sénégalais lui a servi une demande d’explication un peu tiède au goût des autorités maliennes. Ce qui ne les épargne pas de critiques en une volée de bois vert servie de tous les côtés par les panafricanistes au couple Sonko-Diomaye, deux leaders récemment promus qui se disent toujours patriotes africains du Sénégal en pleine guerre de libération confédérale, quand 4000 forces rebelles persistent et insistent, coûte que coûte à en découdre avec les Fama, qui sont plus que déterminées avec les FDS du Niger et du Burkina Faso, la Russie aussi, d’en éradiquer en masse de ces chiens errants. C’est ce qui apparaît aujourd’hui. À la guerre comme à la guerre, dit-on…

Khaly-Moustapha LEYE

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