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  1. Monsieur Sékou Tangara, je suis un auditeur assidu d’Africable Télévision et suis avec beaucoup d’intérêt, les émissions « Rites et Traditions » mais surtout « le débat du dimanche ».
    Tout d’abord, j’adresse toutes mes félicitations et mes encouragements au PDG d’Africable, Ismaïla SIDIBE pour son heureuse initiative de monter une chaîne panafricaine. Qu’il sache que les africains lui sont et lui resteront reconnaissants pour avoir rendu cette chaîne accessible au moyen d’une antenne MMDS et un décodeur sans abonnement, d’une part, et d’autre part, pour la diffusion des journaux télévisés des chaînes nationales africaines francophones et des programmes valorisant la culture africaine.
    Ensuite, je voudrai faire quelques commentaires relatifs au débat du dimanche 29 mars 2015. Mes commentaires se rapportent au volet « procès de Karim Wade ».Je suis tout à fait satisfait de votre façon de diriger les débats et je vous encourage vivement. En ce qui concerne vos invités, j’ai bien apprécié les réactions de MM Alexis Kalambry et Adam Thiam. Je comprends aussi la position de Serge Daniel, correspondant de RFI et de l’AFP (je crois), car il ne peut véritablement pas s’écarter de celle de la maison mère. Par contre je ne partage pas les commentaires de Monsieur Chahana Takiou directeur de publication du journal 22 septembre (si mes informations sont exactes). Je crois avoir compris, qu’il disait, à peu près, de manière ramassée, que « le procès de Karim Wade est politique ; Macky Sall a voulu se venger sur le fils d’Abdoulaye Wade ; Karim est innocent et il ajoute de manière péremptoire que la Cour Suprême va casser le verdict et que Karim va se présenter aux prochaines élections présidentielles ». Des sénégalais comme moi sont en droit de lui demander sur quoi il se fonde pour se donner une telle liberté d’opinion sur une question qu’il n’est pas censé maîtriser. Je voudrai lui faire remarquer un certain nombre de choses sur quelques points saillants pour éclairer sa lanterne. Premièrement, je suis d’accord avec lui quand il dit que c’est un procès politique, mais pas pour les mêmes raisons que lui. En effet, Abdoulaye Wade (son père) a obtenu ses pouvoirs par les moyens politiques et en a usés pour nommer son fils à des postes de responsabilités pour lesquels il n’a pas le profil et encore moins la compétence. Karim a eu à cumuler plusieurs départements ministériels importants et stratégiques (un hyper ministère sous forme de fusion) d’ailleurs c’est pour cette raison que la presse sénégalaise l’a ironiquement surnommé le Ministre du ciel et de la terre. Il a obtenu (sans doute avec la complicité de son père) un contrat de location d’un jet privé pour ses déplacements à l’Etranger, et qui a coûté plus de 12 milliards de francs CFA aux contribuables sénégalais, qui, en fait, ne l’ont su qu’après le départ du pouvoir de son père. Deuxièmement, Monsieur Chahana affirme que Karim est innocent, je lui fais remarquer que tous les alliés et souteneurs ou presque, d’Abdoulaye Wade, savent qu’il avait d’énormes difficultés pour financer le 2ème tour de sa campane électorale de 2000. N’eût été son colistier (de fait) Moustapha Niasse, il n’aurait pas pu faire campagne au-delà de la région de Dakar et son élection serait fortement comprise. En considérant cette situation de dèche, on peut penser qu’il est arrivé (avec sa famille) au pouvoir sans le sou. Alors comment expliquer qu’en 10 ans, son fils Karim soit riche comme Crésus. Qu’on ne vienne pas nous demander des preuves sur papier, à l’appui de cette affirmation. Ce constat est visible et ce qu’on a vu peut être perçu comme une preuve. Ce sont les Blancs qui ont le mythe du papier (pour eux, tout doit être justifié par des ‘’papiers’’), nous sénégalais, nous n’avons pas besoin de preuves écrites sur papier pour prouver son enrichissement illicite, elles se manifestent par son train de vie même. Les preuves, en fait, sont rapportées par la Cour de Répression sur l’Enrichissement Illicite (CREI) en comparant ses revenus cumulés de 2000 à 2012, qui font juste un peu plus d’un demi milliard de francs CFA (en supposant même qu’il n’y ait aucune dépense là-dessus), on est bien loin des 69 milliards trouvés à son actif (en numéraire et en biens meubles et immeubles) dont il n’a pu justifier l’origine licite. Troisièmement, Monsieur Chahana annonce avec une certaine assurance que la Cour Suprême va casser la décision de condamnation de Karim et rejugera l’affaire et il se dit persuadé que Karim sera relaxé. Monsieur Chahana, que je sache, n’est pas juriste, il est journaliste, toutefois, le rôle du journaliste est d’aller vérifier à source de l’information qu’il livre à ses lecteurs. Je pense que le Sénégal et le Mali, que tout lie, se sont tous inspirés des mêmes textes pour leurs administrations. Mais pour son information, je signale à Monsieur Chahana, sur la base de l’avis de spécialistes du droit, confirmé par le Ministre de la justice, garde des sceaux, que, la Cour Suprême, ne rejugera pas l’affaire Karim Wade. Il vérifie seulement le respect des règles de procédure et la correcte application du droit par les juges du fond. Si la Cour Suprême relève des décisions non conformes aux dispositions de la loi (bien entendu celle qui a créé la CREI), elle la fera rejuger par la même CREI, mais par d’autres juges de cette même juridiction. J’estime que Monsieur Chahana Takiou est allé trop vite en besogne en affirmant que la Cour Suprême va casser l’arrêt de la CREI. Quatrièmement, à propos de la candidature de Karim Wade aux prochaines élections présidentielles, qu’on arrête de faire croire à des œufs d’éléphant. Tous les sénégalais ou presque, savent que Karim est de nationalité française. Il n’a pris (accessoirement) la nationalité sénégalaise qu’après que son père est devenu Président de la République du Sénégal (donc bien après 2000). Cette double nationalité l’exclut de la course présidentielle en se référent à l’article 28 de la constitution en vigueur, que son propre père soumis en 2001 au référendum du peuple. Cet article dispose, en substance, que seuls les citoyens de nationalité exclusivement sénégalaise peuvent être candidat à la présidence de la République. Pour corser les choses, les dispositions de la loi électorale en vigueur, (ses articles 113 et autres) écartent les condamnés à des peines d’emprisonnement ferme, à la candidature à la présidence de la république. Même s’il venait à bénéficier d’une grâce présidentielle, sans bénéficier d’une loi amnistié votée par l’Assemblée Nationale, il ne pourra pas être éligible.
    Enfin on se fait volontiers l’écho de quelques avocats qui ne se préoccupent que de leurs honoraires et des souteneurs alimentaires professionnels et très peu de cas de l’avis du peuple, qui subit encore les conséquences douloureuses de la mal gouvernance de son père ; on feint d’oublier que le peuple a rejeté plus d’une fois, Karim Wade, lors des élections locales de 2009 et le 23 juin 2011. Karim ne parle pas une seule nationale du Sénégal ; c’est en prison, semble-t-il, qu’il est en train d’apprendre la langue wolof. Donc attendons de voir.

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