Absent du débat politico-syndical, voire social depuis belle lurette, le secrétaire général de la plus grande centrale syndicale du Mali va probablement sortir de son silence assourdissant et complice pour jouer le rôle qui est le sien dans la défense des intérêts des travailleurs du Mali. Si la réélection de Katilé à la tête de l’UNTM avait l’allure d’un plébiscite, elle semble être également un message que ses camarades lui ont adressé, celui de la fermeté et de l’engagement pour défendre les intérêts des travailleurs. En effet Face à la détérioration du climat social, au regard de la crise socioéconomique affectant en premier lieu les travailleurs, le secrétaire général de l’UNTM est resté muet comme une carpe. Après sa réélection va-t-il monter sur ses grands chevaux pour rappeler aux autorités leur devoir ? L’UNTM, cette centrale historique, grande actrice dans l’avènement de la démocratie, va-t-elle observer sans broncher la mise entre parenthèse de la démocratie au Mali ?
L’Union Nationale des Travailleurs du Mali, UNTM a tenu, du 26 au 27 avril 2024, son 14ième congrès ordinaire au Centre International des Conférences de Bamako. Pendant deux jours les délégués venus de toutes les régions du Mali ont d’abord procédé à l’évaluation du bilan du mandat écoulé avant de mettre en place un nouveau bureau avec la réélection du secrétaire général sortant Yacouba Katilé à sa tête. Si le 14ième congrès ordinaire de l’UNTM a tenu toutes ses promesses en termes de mobilisation et surtout par la qualité des débats. Tous les regards sont tournés maintenant vers la principale centrale syndicale des travailleurs du Mali et particulièrement vers son secrétaire général Yacouba Katilé. Le silence devenu assourdissant du secrétaire général de l’UNTM a non seulement surpris plus d’un, mais aussi et surtout a donné lieu à beaucoup de supputations et d’interprétations. Si pour certains il préparait sa réélection et par conséquent il devrait observer sans réagir, pour d’autres son silence s’explique par des calculs malicieux, car n’ayant jamais caché ses ambitions ministérielles, il amadoue les autorités afin de bénéficier de leurs faveurs. Sinon comment comprendre que pour moins que cette crise à laquelle les travailleurs sont confrontés, sous les régimes précédents l’UNTM a tiré la sonnette d’alarme et a même menacé d’aller en grève, mais aujourd’hui c’est un silence de carpe qu’elle observe quand les travailleurs broient du noir.
Après sa réélection va-t-il monter sur ses grands chevaux pour rappeler aux autorités leur devoir ?
Héritier de Bakary Karambé, l’un des chantres du mouvement démocratique, Yacouba Katilé n’aura d’autre choix que de défendre cette démocratie chèrement acquise, mais qui est malmenée par les autorités de la transition. Le secrétaire Général de l’UNTM et de surcroit Président du Conseil Economique Social et Culturel, a l’obligation et le devoir de préserver les intérêts des travailleurs. Son mutisme avait surpris plus d’un malien au regard de la crise sociopolitique voire économico-financière qui sévit au Mali et dont les travailleurs sont les premières victimes. Son silence est synonyme de complicité. Maintenant que ses camarades lui ont accordé un nouveau bail il lui revient de monter sur ses grands chevaux pour siffler la fin de la récréation. Après sa réélection et auréolé d’une forte légitimité Yacouba Katilé est attendu sur les chantiers de la démocratie et du développement. Il doit défendre bec et ongle les libertés et se battre pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Tout autre comportement ou discours prêtera à confusion et donnera l’occasion à ses détracteurs de pouvoir le critiquer.
En somme, Le 14ième Congrès ordinaire de l’UNTM qui vient de donner un nouveau bail au secrétaire général donne également mandat à Yacouba Katilé de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs. Les syndiqués ne demandent que la préservation de leurs libertés et l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie.
Youssouf Sissoko