Les grands changements enregistrés lors des renouvellements des syndicats nationaux affiliés à l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm) offrent matière à réflexion sur l’ancrage social de la vie syndicale. Les violentes antithèses observées entre la forme initiale et les réalités sur le terrain soulèvent des interrogations majeures. Nous nous sommes intéressés à ce sujet, à travers des investigations au niveau de plusieurs militants à la base et le constat est clair : tous pratiquement optent pour du sang nouveau, c’est-à-dire pour un changement au sein de l’Untm. Car, plusieurs d’entre eux estiment que Siaka Diakité qui à la tête depuis 1997 de cette Centrale, demeure inefficace et du coup, dénoncent son laxisme dans la gestion des dossiers brûlants des masses laborieuses.
«Il a fait son temps et il est grand temps qu’il s’en aille, au risque de sortir par la petite porte», nous a confié un syndicaliste à la retraite de l’Untm. Comme ce dernier, nombreux sont des syndicalistes résolument déterminés à demander de façon officielle et à saisir qui de droit des explications sur la gestion des fonds de leur Centrale dont Siaka Diakité et son trésorier Seydou Diarra en sont les principaux complices. «Aujourd’hui, nous pouvons dire clairement que le mandat des membres du bureau exécutif de l’Untm a pris fin depuis juillet 2011, conformément à ses statuts et règlement intérieur. Siaka Diakité, dans une correspondance, avait demandé à tous les syndicats nationaux de procéder aux renouvellements des instances et avait fixé la date du congrès de l’Untm pour le 15 juin dernier ; et pendant ce temps, il fait du tourisme à l’extérieur du pays, notamment à Genève », a précisé un autre syndicaliste.
Pire, depuis plus de deux ans, certains militants l’accusent d’être inefficace, de pro-gouvernemental et surtout son silence lourd sur la gestion des dossiers brûlants. Nos investigations auprès de plusieurs militants à la base, nous ont révélé que pratiquement la quasi totalité des militants veulent une nouvelle configuration syndicale au niveau de leur Centrale. Certains s’en prennent à Siaka Diakité, Seydou Diarra, Mallé, Mamadou Famagan Coulibaly et Kanouté et Tibou Telly. «Nous voulons un changement et cela, dans l’intérêt de notre Centrale syndicale», lancent-ils.
La gestion obscure du trésorier Seydou Diarra et Siaka Diakité dénoncée
Omniprésent, Seydou Diarra est appelé laconiquement «trésorier à vie», car depuis le congrès de 1997, il occupe la trésorerie de l’Untm. «Personne ne pourra dire comment ce trésorier gère les fonds avec Siaka Diakité», s’indigne un membre d’un syndicat. «Seydou Diarra confectionne les pagnes du 1er Mai chaque année et gère les ristournes avec son Secrétaire général. Les subventions octroyées à l’Untm sont gérées entre lui et son chef. Aucun compte rendu aux militants, encore moins à certains membres du bureau exécutif. Et même la boîte de nuit qui se trouve derrière l’Untm, personne ne connaît sa gestion et pourtant. On sait seulement qu’elle a été donnée en bail à l’Untm», témoigne notre interlocuteur.
En clair, c’est ce qui explique les agitations de Seydou Diarra, parce qu’il sait que son fauteuil est lié à celui de Siaka Diakité. Notre source nous promet d’autres preuves concrètes que sont les subventions allouées à l’Untm. «Nous allons exiger des comptes au trésorier», a martelé un syndicaliste très en colère.
C’est pourquoi de plus en plus, des voix s’élèvent pour réclamer un audit de la gestion de 1997 à nos jours de Siaka Diakité et sa bande.
Un constat demeure : «Lors du renouvellement des bureaux des syndicats nationaux, plusieurs proches du Secrétaire général de l’Untm ont été éjectés, y compris lui-même au sein du Syntade. Ce qui démontre à souhait que les militants de l’Untm sont décidés à avoir du sang nouveau et des leaders intègres qui peuvent défendre valablement le droit de travailleurs.
Les marges de manœuvres réduites pour Siaka Diakité
Depuis qu’il a été débarqué de son syndicat d’origine, il multiplie des rencontres nocturnes pour tenter de nuire au bureau de Katilé qui a été élu haut les mains. Il a récemment rencontré un groupe de syndicalistes de la police pro Tidiane Coulibaly dont il est le cerveau de la division. Mais, peine perdue, car ce temps de division et des coups bas est définitivement révolu. «Un homme, il faut savoir quitter les évènements avant que les évènements ne te quittent », disait un grand philosophe. Il est clair que même ses «Soma» (féticheurs) en qui il a confiance aveugle, ont opté pour le changement.
Alpha Mahamane CISSE