Dans un pays démocratique, tous les citoyens sont en principe traités sur le même pied d’égalité. Mais au Mali, cela ne semble pas être une réalité : il y en a qui semblent avoir plus de devoirs et moins de droits que d’autres : c’est ainsi que les centrales syndicales UNTM et CSTM sont différemment traitées par l’Etat. C’est ainsi que dans le cadre de l’organisation de la fête du travail, l’Etat s’est défait de son masque en levant tout doute qui planait à propos de son affinité avec l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM).
En effet, cette année, l’Etat a octroyé 40 millions de FCFA à l’UNTM, une somme versée au compte N° 36400458 C BIM-SA pour fêter le premier mai, selon la correspondance qu’il a adressé à ce syndicat : Décision N° 0070/ MTFP-SG-DAF signée le 19 avril 2011. Au même moment, pour célébrer la même fête, il n’a octroyé à la CSTM qu’un montant de 5 millions de FCFA versé au compte N° 260-0100 6864-20, selon la correspondance N° 00707/MTFP, du 19 avril 2011.
Cette disproportion dans le partage de l’argent pour que les centrales syndicales puissent bien célébrer la fête du travail, nous a amené à approcher le secrétaire général de la CSTM de Ségou, Dialla Diakité, qui a bien voulu se prononcer sur cette situation incompréhensible. « Il n’y a pas eu d’élection interprofessionnelle pour savoir qui a plus de militants et qui n’en a pas dans le cadre de l’octroi de l’argent. L’Etat a seulement profité de ses rapports privilégiés avec l’UNTM pour ce faire. Il l’a d’ailleurs toujours privilégiée, et cela se comprend aisément. Mais cette fois-ci, nous avons dans nos mains la preuve patente de la somme qu’elle a reçue cette année de sa part. Sinon, auparavant, nous ne savions pas que l’Etat donnait un montant aussi élevé à cette centrale, tout en ne nous donnant que de minimes sommes. Certainement, cela n’est dû à autre chose qu’à notre position de refus par rapport à la prise de certaines décisions par l’Etat et qui ne profitent qu’à lui seul, et à notre récent rejet pur et simple de l’AMO », a fait savoir Dialla Diakité.
Et le SG de la CSTM de Ségou, d’ajouter qu’après avoir accepté leur argent, la fanfare régionale de Ségou leur a finalement retourné l’argent pour insuffisance et décliné leur demande de les accompagner lors de leur défilé. « Par contre, la même fanfare a accepté d’accompagner brillamment l’UNTM sous nos yeux et en grand nombre », a-t-il indiqué avant de préciser : « Même si l’Etat ne nous donne rien, nous défilerons et lutterons toujours pour recouvrer nos droits : c’est cela le syndicalisme. C’est ainsi que nous aussi, nous avons brillamment défilé avec nos maigres moyens ».
Il est donc du devoir de l’Etat de ne pas traiter injustement une centrale syndicale tout simplement parce qu’elle n’accepte pas généralement ses projets de réformes ou ses décisions qu’il veut mettre en place, mais qui n’arrangent pas l’ensemble des travailleurs. L’Etat doit être juste vis-à-vis de toutes les sensibilités du pays : il y va de sa crédibilité. En plus, pour qu’il y ait plus de transparence dans les dépenses financières, L’Etat doit mettre à la portée de toutes centrales concernées les critères qui y prévalent.
Sidi Dembélé, Correspondant à Ségou