L’Union National des travailleurs du Mali (UNTM) a animé une conférence de presse hier à la Bourse du Travail. Il s’agissait de faire le point de l’état d’avancement des négociations avec le gouvernement, d’une part. Et de l’autre, faire le point de la tournée de la centrale syndicale dans les régions. Mais aussi et surtout de donner le point de vue de la Centrale à propos de la reforme constitutionnelle initiée par le gouvernement. C’était, sous la houlette de son Secrétaire Général, Chaka Diakité.
Par rapport au premier point, le conférencier déplore la mauvaise foi et le manque de volonté politique du gouvernement pour la mise en œuvre des différents protocoles signés : «le gouvernement et le patronat ont signé depuis 2007, sur une durée de trois ans, un protocole d’accord de 28 points avec un chronogramme de mise en œuvre. Mais l’exécutif n’a respecté aucun point. Et ce délai a expiré depuis 2010 ».
Pour Chaka Diakité, l’UNTM s’est engagé pour le dialogue afin de trouver un consensus en vue de la résolution de ses revendications contenues dans le protocole d’accord signé par le gouvernement. A propos, le conférencier dira: « un syndicat ne cherche que des acquis ».
A en croire l’orateur, la centrale syndicale est arrivée à un seuil de non tolérance par rapport à la non-satisfaction de ses revendications. Et de s’interroger: « comment comprendre aujourd’hui qu’un gouvernement sérieux signe un protocole et qu’un patronat accepte le chronogramme de mise en œuvre sans contrainte et que dans la pratique, aucun d’entre eux n’honore son engagement ? ».
Pourtant, lors de la réunion, il a été convenu entre les trois partis, la révision grille indiciaire par catégorie, coté gouvernement et la révision des différentes conventions collectives coté patronat.
Aux dires du conférencier, c’est le syndicat, quand bien même ceci ne relève pas de ses prérogatives, qui a élabore et préparer et fait la mouture des dossiers. Qu’à cela ne tienne !
« Ils se sont dit que la grille a un coût qui ne pourrait être supporté par le budget » a laissé entendre le conférencier. De ce point de vue, il s’est indigné de l’attitude du gouvernement qui soutient l’argument de ne pouvoir financer la révision de la grille et celle des conventions collectives et en même temps, propose une révision constitutionnelle à hauteur de 9 milliards F CFA.
« Nous avons un régime dont le parti se réclame de la demande sociale alors qu’il y a des omis, des partants volontaires à la retraite, les reliquats des droits des compressés des sociétés privatisés, des entreprises totalement liquidées, les cas Huicoma et l’hôtel Azalai où les millions ont été intégralement payés et où paradoxalement, les travailleurs attentent toujours de rentrer en possession de leurs droits ».
Par rapport à l’Assurance Maladie Obligatoire qui fait couler autant d’encre et de salive, Mr Diakité dira que le gouvernement s’est montré irresponsable dans la gestion de ce dossier et de ce point de vue, il soutient qu’il y a qu’il a une dichotomie entre le législatif et l’exécutif.
« Un pouvoir législatif qui en arrive à changer les lois d’un pouvoir législatif sans en avoir les prérogatives ! Sommes-nous réellement dans un état républicain» s’est interrogé le conférencier.
Saka Diaki a annoncé l’entame dès ce 28 juillet, d’une mission à l’intérieur du pays et qui prendra fin le 11 aout prochain. La mission sillonnera tout le pays à commencer par Sikasso, Mopti, Ségou Gao Kidal Koulikoro Tombouctou et se terminera à Kayes. Il s’agira d’entamer une large concertation à propos de la révision constitutionnelle.
Occasion pour lui d’indiquer qu’«on ne révise pas une constitutionnelle comme cela ! ». Et même de comparer le projet de reforme en question à une tentative de création de d’une nouvelle république (lire l’intégralité du document).
Selon toute évidence, les propos du secrétaire général annoncent une reprise de services de la centrale syndicale; d’abord à propos des revendications catégorielles et de la Réforme constitutionnelles. Deux points essentiels inscrits en lettres d’or dans la lettre de cadrage du président de la République à son premier ministre. Alors finie, la recréation ou mieux, le round d’observation ?
O.T