L’entrée en scène du président de la République a permis de reprendre langue avec le front social en ébullition mais n’avait nullement définitivement levé la menace d’un autre débrayage de l’Untm. La série aurait pu se poursuivre si le département de la fonction publique n’avait pas saisi au plus vite l’opportunité en proposant aux travailleurs réouverture des négociations dès la semaine prochaine. Mais en plus de la démarche du chef de l’Etat, un ultimatum de la centrale syndicale était également passé par là.
La retrouvaille de Koulouba aura permis à tout le moins d’assouplir les rapports pollués par un dialogue de sourds avec le Ministre Moussa Bocar Diarra, de rompre également avec la langue de bois, quoique le chef de l’Etat se soit écartée quelque peu de l’objet. Il nous est revenu, en effet, que les invités du président de la République auront d’abord eu droit à une pénible digression sur les sujets secondaires avant d’entrer dans le vif du sujet. Au nombre des sujets évoqués, nous a-ton confié, figurent par exemple les négociations de paix et le dialogue inter-malien ainsi que la récurrente problématique de l’avion qui revient comme une obsession à chaque rencontre avec le président de la République. IBK, nous a-ton rapporté de même source, s’est longuement étendu sur ces deux sujets (sans doute accessoires en la circonstance) avant d’être rappelé à l’essentiel par ses interlocuteurs. L’occasion lui a été ainsi donnée de présenter ses excuses par rapport à ce que les leaders syndicaux avaient longtemps perçu comme un mépris de la part des hautes autorités : les multiples signaux et appels du pied par voie de correspondances adressées aux plus hautes autorités sans suite.
Pour ce qui est de la substance de la rencontre, elle n’aurait peut-être pas nécessité de mobiliser autant d’interlocuteurs sur la colline. Et pour cause, la réponse du locataire de Koulouba sur la question a consisté à instruire le ministre de tutelle de négocier cartes sur table avec les syndicalistes sur tous les points ayant fait l’objet de désaccord lors du premier round des négociations Il faut dire que les orientations présidentielles ne s’écartent pas fondamentalement des suggestions initiales de la centrale, à savoir : le consentement à étendre sur la durée les revendications d’ordre financier.
La nouvelle dynamique ainsi insufflé aux négociations par le premier responsable de l’Etat n’aura pourtant guère consacré l’épilogue des menaces du front social. Celles-ci sont demeurées dans l’air car, de source digne de foi, la centrale syndicale veillait particulièrement au grain depuis sa descente de Koulouba en observant attentivement les intentions de la tutelle – dont la bienveillance, selon toute évidence, ne paraissait guère rassurante au point de ne pas envisager d’autres actions contraignantes. «Depuis que les instructions ont été reçues, voilà déjà toute une semaine, nous n’avons eu aucun signal du côté du ministre», s’est impatienté un haut responsable syndicaliste, état d’esprit si dominant dans les rangs de l’Untm que l’éventualité d’une grève de 72 heures n’a jamais été totalement écartée. Les leaders syndicaux, de sources concordantes, se sont même donné jusqu’à mercredi pour se déterminer au cas où les intentions du gouvernement ne se manifestaient pas positivement, c’est-à-dire dans le sens d’une reprise des négociations.
C’est ce qui explique du reste, à en croire nos sources, le maintien des troupes en position d’intervention rapide, au détour d’une restitution de la première grève de 48 heures. La démarche a consisté à engager les différents syndicats affilés à la centrale dans des concertations tous azimuts avec leurs bases respectives, rencontres devant se conclure, cette semaine, par une convergence de tous les démembrements de l’Untm pour décider de la conduite à tenir. Mais le département de tutelle, qui semble donnait l’air de ne point se hâter pour circonscrire la menace, a finalement prouvé qu’il a pris la pleine mesure de la situation. Une correspondance afférente à la reprise des négociations a été déjà acheminé aux syndicalistes par les services du ministre Moussa Bocar Diarra.
- A T