Les responsables de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) étaient face à la presse le mercredi 10 janvier dernier à la Bourse du Travail. Objectif: informer les hommes de médias sur la situation des travailleurs compressés de façon générale.
A l’entame de ses propos, le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé a précisé qu’ils ne vont pas dissocier les travailleurs compressés de l’HUICOMA de Koulikoro des autres de Koutiala, de Kita et d’autres structures de l’Etat tels que l’hôtel Azalaï, l’Itema-sa et autres.
Il a rappelé que c’est le 2 novembre 2014 que le dernier préavis de grève a été déposé par rapport à la gestion des préoccupations de ces travailleurs. Et un accord avait été trouvé à la suite et un procès-verbal de conciliation a été signé entre le gouvernement, le patronat et l’UNTM.
Selon lui, cet accord contenait 17 points et le premier point était consacré à l’application d’un ancien protocole que l’UNTM avait signé avec le gouvernement. Mais à la date d’aujourd’hui dit-il, rien n’a été fait et à chaque fois que les commissions se réunissent, le gouvernement affirme toujours chercher les documents qui semblent s’être volatilisés après les évènements de mars 2012.
A en croire Yacouba Katilé, l’UNTM à tout mis en œuvre pour chercher ces documents afin de faire l’état des sociétés et des travailleurs qui étaient concernées. Mais aussi pour faire l’état de payement qu’évoque le gouvernement qui dit qu’il ne doit plus rien aux travailleurs et qu’il n’ y a pas de dette intérieure. Pour Yacouba Katilé, cela n’est pas exact. C’est ainsi que des documents ont été réunis pour les mettre à la disposition du gouvernement afin qu’il puisse les étudier et les appeler sur une table pour échanger sur le sujet. Ce qui n’a pas été fait.
« Le constat qu’on a fait, c’est que dans l’empressement, le gouvernement s’est entretenu avec les compressés de l’Huicoma de Koulikoro sans les responsables de l’UNTM. Un entretien qui s’est soldé par des promesses de versement d’argent non tenues sur les numéros de comptes communiqués par les intéressés à la mission ministérielle. Ce qu’il faut retenir, c’est que Koulikoro n’est pas le seul secteur concerné par la situation, il y a Koutiala et Kita au compte de l’huicoma et sans oublier les compressés de l’Azalaï hôtel, de d’Itema et autres. Il faudra faire une gestion globale », a-t-il souligné. Avant de rappeler que la privatisation est intervenue en 2005 et qu’à l’époque, l’Etat avait déjà pris des lois, l’une en 1988 et l’autre en 1994 dans le cadre du désengagement de l’Etat de ses sociétés au profit des privés.
Selon lui, pour que ces travailleurs puissent bénéficier de leurs droits, il avait été demandé de faire un plan social dans 60 jours, une chose qui n’a pas été faite par les sociétés concernées.
Par ailleurs, M. Katilé a fait savoir que l’Etat n’a pas respecté l’accord qui a été conclu entre les parties en 2010 y compris ses résolutions. Dans cet accord dit-il, il a été dit que « considérant l’impact de l’huicoma dans la vie socio-économique du Mali en particulier dans la ville de Koulikoro, Koutiala et Kita; considérant les problèmes sociaux créés aux travailleurs par l’arrêt consécutif du fonctionnement de l’huicoma-sa et considérant la dégradation du climat social dans l’entreprise, les parties sont conscientes du fait qu’il est nécessaire que chacun fasse des concessions pour résoudre d’urgence les difficultés économiques et financières auxquelles la société est confrontée. ». Pour cela explique-t-il, les parties se sont engagées pour la mise en place d’une direction générale provisoire, à payer les arriérés de salaires.
Pour ce faire, l’Etat s’était engagé à payer les 194 travailleurs de l’Huicoma en sit-in à la Bourse du Travail pour la période allant du 1er janvier au 31 mai 2010 pour le montant des salaires correspondant qui sera prélevé sur la provision de 2 milliards 100 mille FCFA mis à la disposition par le gouvernement.
«Les 2 milliards à l’époque ont été donnés par le président pour aide sociale afin que les travailleurs puissent mettre fin au sit-in. Même si cela a été en déduction du montant à payer, l’Etat doit encore à ces travailleurs. La gestion du protocole qu’on a signé avec le gouvernement ne se limite pas seulement à l’Huicoma mais concerne tous les compressés », a-t-il laissé entendre.
Seydou Diarra, membre de la commission ad-hoc ajoutera que le fait que les documents se soient volatilisés n’a pas empêché le gouvernement de faire ressortir subitement le cas de l’Huicoma pour un traitement spécial. Pour lui, ils ont simplement reçu un rapport fourni par le gouvernement indiquant que l’Etat ne doit que 300 millions aux travailleurs dans le cas spécifique de l’Huicoma. Mais pour Seydou Diarra, la commission ne reconnaît nullement ce rapport et se réfère aux documents produits par l’UNTM qui font ressortir 8.464.505.052 FCFA que l’Etat doit aux travailleurs de l’Huicoma.
Moussa Sékou Diaby