Les responsables des treize syndicats nationaux et les membres du bureau exécutif de l’UNTM ont battu le pavé aux premières heures de la matinée du jeudi 5 mai en direction du ministère de la Sécurité intérieure et de la protection civile pour dénoncer les atteintes à l’intégrité physique et morale de leurs militants de la part d’un groupe de policiers lors du défilé du 1er mai. Dans sa déclaration dont copie a été remise en main propre au ministre Sadio Gassama, le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, a réclamé que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre des fauteurs de troubles. Le comportement des porteurs d’uniforme, qui pouvait dégénérer en deuil national, aux dires du patron de l’UNTM, ne doit aucunement rester impuni.
A l’invitation de l’UNTM, les 13 syndicats nationaux membres de la centrale ont pris d’assaut la Bourse du travail aux environs de 9 heures. Bien avant le départ du cortège, ce sont les ministres Abdoul Wahab Berthé en charge du travail et de la fonction publique et son homologue de la Sécurité intérieure et de la protection civile, Sadio Gassama, qui ont atterri à la Bourse du travail pour demander aux syndicalistes de surseoir à la marche et qu’eux-mêmes ont jugé nécessaire de venir les rencontrer sur place pour recueillir leurs doléances.
Cette demande sera rejetée par l’UNTM. "Nous avons pris la décision de marcher sur le ministère de la Sécurité intérieure pour remettre en main propre notre déclaration au ministre et c’est ce que nous allons faire…" a martelé un marcheur. Peine perdue, les deux ministres se retirent. Après le retrait des officiels, la longue file de marcheurs encadrée par un déploiement impressionnant de forces mixtes de sécurité s’est ébranlée en direction du département de Sadio Gassama. Elle a pris le départ sur le boulevard de l’Indépendance en passant par la primature avant de s’immobiliser en face du ministère de la Sécurité.
A peine les marcheurs sont-ils arrivés que le général Sadio Gassama, entouré de son staff , est venu à leur rencontre.
Occasion saisie par le Secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, pour assener ses quatre vérités au patron de la sécurité malienne.
Un groupe de policiers, a-t-il fait savoir, déchainés s’est attaqué à notre siège occasionnant des dégâts matériels, battant certains de nos responsables et déshabillant deux jeunes filles qui avaient du mal à cacher leur intimité sous les lambeaux de vêtement qui leur retombaient sous les pieds, en présence de leur mère éplorée.
Après cette forfaiture, poursuit Siaka Diakité, le groupe de policiers s’est glissé dans le défilé pour apostropher les officiels installés à la tribune. Il s’est ensuite jeté sur le défilé déchirant ou cassant les banderoles et pancartes arrachées des mains de ceux et de celles qui les portaient. "L’un de nos collègues qui appelait au calme nos adhérents a été lui-même battu et ses vêtements réduits en chiffons".
Le Secrétaire général de l’UNTM de se demander : comment des policiers qui, au terme de leur formation, ont été conduits devant le drapeau et ont juré de défendre la République et de maintenir l’ordre public en sont devenus ses fossoyeurs?
Comment le service d’ordre requis pour la circonstance s’est fait leur complice ?
Selon Siaka Diakité, "on a frôlé le pire, ce 1er mai pouvait tout simplement dégénérer en holocauste, en deuil national". C’est fort de ce constat et au regard des actes répréhensibles des porteurs d’uniforme que l’UNTM a exigé que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre de ces fonctionnaires de police. Une copie de la déclaration a été remise au ministre de la Sécurité, Sadio Gassama.
L’UNTM a aussi envoyé, le mercredi 4 mai, la même correspondance au chef de l’État, Amadou Toumani Touré, et menace d’aller en grève au cas où elle n’aurait pas satisfaction.
Abdoulaye DIARRA